Vaovy : Beko & Blues
1 janvier 2020 // Musique // 10340 vues // Nc : 120

Après quelques années d’absence, Vaovy revient sur scène avec une nouvelle formation. Desy, un des fils de Jean Gabin Fanovona, fondateur du groupe disparu dix ans plus tôt, en est le leader. Un retour plus traditionnel, plus acoustique, du Beko & Blues.

« Salakao » est l’un des titres les plus connus de la musique a cappella malgache. Repris par le groupe Salala, c’est bien Jean Gabin Fanovona, fondateur du groupe Vaovy, qui en a composé ce titre. Décédé en 2010, ce compositeur hors pair a laissé de nombreuses œuvres encore ignorées du grand public. Sa passion pour la musique, il l’a développée comme membre de différentes chorales, notamment celle d’Ambovombe, sa ville natale du Sud.

Grand défenseur de la musique traditionnelle malgache, il a participé à différents festivals comme le Masa (Marché des arts du spectacle africain) mais a aussi donné des cours en France. C’est en 1974 que Jean Gabin Fanovona créé le groupe Vaovy tiré du nom d’un arbre endémique de Madagascar dont le bois est utilisé pour construire les charrettes à zébu chez les Antandroy. Le groupe se démarque par des harmonies vocales inspirées du beko, un chant traditionnel a cappella du sud souvent comparé au blues ainsi que le drimotse, un son produit par le raclement de la gorge.

Jean Gabin y apporte une touche plus moderne en mélangeant les instruments traditionnels avec des instruments électriques, plus basse et batterie, ce qui lui a permis de produire cinq 45 tours en 1984. Une de ses chansons « Kila raha » sera également repris dans les albums « Ladies of Africa » (2008) et « The World of Indigo. » (1995) À la mort de Jean Gabin, le groupe a préféré s’éloigner de la scène musicale. « Pour nous, c’était une grande période de deuil. Mais aujourd’hui, nous revenons pour rendre hommage au travail de notre père et continuer à valoriser la musique du Sud », explique Desy. Il se concentre ainsi sur le concept du Beko & Blues avec une formule plus acoustique.

On retrouve Damy au lokanga voatavo (violon), Rebara au marovany de 24 cordes (cithare malgache), Mbola à la danse, Say et Sorognaze’e au chant. Les percussions comme le langorona (tambour) rythment parfois les chants et s’ajoute souvent à cela, le tsinjaky, une danse typique du Sud. Mais c’est le son particulier du lokanga qui fait la renommée de Vaovy. Quant aux thèmes, ils restent les mêmes, toujours liés aux problématiques du Sud, notamment, la sécheresse. « Mon père a écrit plusieurs titres comme Omeo rano (Donnez-nous de l’eau) ou Androy tane mileven-drano (Androy la terre où l’eau est enterrée). Malheureusement, ce problème persiste aujourd’hui. D’ailleurs, le vaovy est aussi utilisé dans la fabrication de récipients pour transporter de l’eau. »

De son vivant, Jean Gabin a sorti deux albums « Angira » (1995) et « Vamba » (2001). Pour ce dernier, il a collaboré avec Régis Gizavo à l’accordéon, Ialy Tsilomay au lokanga, Solo Razaf à la guitare et Vincent Bucher à l’harmonica. Cette année, l’actuel groupe compte produire un nouvel opus intitulé « Salama » composé de douze titres. Du pur Beko & Blues !

Propos recueillis par  Aina Zo Raberanto

Laisser un commentaire
no comment
no comment - Exposition : L’économie a bonne mémoire

Lire

10 octobre 2025

Exposition : L’économie a bonne mémoire

De l’époque des royaumes à l’ère républicaine, Madagascar raconte son parcours économique à travers une exposition inédite. Organisée par FTHM Consult...

Edito
no comment - Mada fait son cinéma

Lire le magazine

Mada fait son cinéma

Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

No comment Tv

Interview - Mascha et Vincent Paquot Rasquinet - Octobre 2025 - NC 189

Découvrez 𝐌𝐚𝐬𝐜𝐡𝐚 et 𝐕𝐢𝐧𝐜𝐞𝐧𝐭 𝐏𝐚𝐪𝐮𝐨𝐭 𝐑𝐚𝐬𝐪𝐮𝐢𝐧𝐞𝐭, comédiens, dans le 𝐧𝐨 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞𝐧𝐭® NC 189 - octobre 2025. 
Au mois de septembre, les compagnies belges 𝐓𝐢𝐠𝐮𝐢𝐝𝐚𝐩 et 𝐅𝐓𝐋 𝐉𝐮𝐠𝐠𝐥𝐢𝐧𝐠 étaient de passage à Madagascar. Initialement venus dans la Grande île pour assister au mariage de leurs amis, les deux comédiens ont eu un agenda très chargé. Ils ont présenté – presque chaque jour – la pièce muette « 𝑰𝒅𝒚𝒍𝒍𝒆𝒔 𝒂𝒃𝒓𝒂𝒄𝒂𝒅𝒂𝒃𝒓𝒂𝒏𝒕𝒆𝒔 ».

Focus

Randonnée du CASM

Randonnée du Club des Amateurs de Scooters de Madagascar - CASM - à Behenjy, le 17 octobre.

no comment - Randonnée du CASM

Voir