Domi Sanji : Chercheur en design
8 août 2021 // Mode & Design // 732 vues // Nc : 139

« Designer transdisciplinaire », Domi Sanji travaille à la revitalisation des patrimoines locaux trop souvent menacés. Son objectif, inscrire la tradition dans la contemporanéité. Cas d’école, l’art Zafimaniry auquel il a consacré sa première collection.

Mettre en projet et faire sens, c’est ce qui définit le travail d’un designer, estime Domi Sanji, de son vrai nom, Dominique Rasanjison. Il est dans ce qu’on appelle en italien la « progettazione », la conception, la mise en projet. Et il est vrai que beaucoup de ses mentors sont Italiens, Allemands, Suisses et Français. « Un designer n’est pas un décorateur. La forme, c’est la dernière étape de notre travail, mais avant il y a beaucoup de recherches, c’est de l’anthropologie appliquée. » En clair, chaque projet commence par une immersion anthropologique incluant d’aller voir sur le terrain. Titulaire d’un Master en design et innovation et d’un Master en droit des affaires, cette double casquette lui permet d’être encore plus pointu dans son approche, le juridique n’étant finalement qu’une extension du culturel.

Domi Sanji veut ainsi utiliser le design comme un moyen de revitaliser le patrimoine culturel. C’est tout le sens de sa première collection Katrakala, qui retranscrit la façon de vivre des Zafimaniry. Cette communauté située dans le sud-est de Madagascar, dans la région d’Ambositra, dont le travail du bois est reconnu par l’UNESCO comme patrimoine de l’humanité. « Les Zafimaniry constituent une part culturelle importante de l’identité malgache mais tout cela risque de tomber dans l’oubli s’il n’y a pas tout un travail de revitalisation autour. Nous avons tendance à réduire l’art Zafimaniry à des motifs géométriques et beaucoup pensent que c’est de la marqueterie. D’où l’importance de bien comprendre le mode de vie Zafimaniry. »

La collection Katrakala (le mot traduit un vœu de prospérité pour toutes les étapes de la vie)s’inspire de la case Zafimaniry sous forme de pièces de bois : Tongalafatra, une étagère inspirée de l’escalier qui se trouve à l’entrée des cases; Mahefa, la réinterprétation de la chaise longue bien connue dans l’art Zafimaniry; Vohibe, une série de boîtes qui peuvent être utilisées comme boîtes de rangement, de tabourets, de tables de chevet… mais aussi des pièces en céramique pour les assiettes et les pots de miel. Domi Sanji veut ainsi inscrire le mode de vie Zafimaniry dans la contemporanéité et redynamiser son identité de façon durable.

Par exemple, cette assiette en céramique déclinée en noir ou blanc. Elle est rehaussée de motifs qui ornent très souvent les fenêtres des cases Zafimaniry et sont comme la formulation d’un vœu. C’est donc en soi une « écriture ». On retrouve ainsi le Tanamasoandro ou soleil qui évoque l’idée d’être « ensemble dans la joie », la solidarité, ou le Papintantely qui symbolise le partage de ce qui est doux comme le miel (tantely). Le choix de la couleur noire fait référence au bois de la case qui est patiné par les fumées du foyer. Ce dernier se trouve toujours au milieu de la pièce avec son pilier appelé Andro mafana. « C’est ce langage symbolique qu’il faut conserver et se réapproprier », fait valoir Domi Sanji qui participera à la France Design Week avec Humanitarian Designers en septembre prochain à Paris.


Aina Zo Raberanto

Laisser un commentaire
no comment
no comment - RANDRIANOTAHIANA Volaharisoa a reçu le prix national du concours international BIC ART MASTER

Lire

6 novembre 2024

RANDRIANOTAHIANA Volaharisoa a reçu le prix national du concours international BIC ART MASTER

La marque BIC© représentée par la SOMADIS son distributeur à Madagascar a organisé à la Cité des Cultures à Antaninarenina, le jeudi 31 octobre, la cé...

Edito
no comment - Le géant de Madagascar

Lire le magazine

Le géant de Madagascar

Il peut mesurer plus de 25 mètres de haut, il est surtout présent sur la côte ouest de l’île, du nord au sud de Diego à Fort-Dauphin, et la revue Nature a publié une récente étude précisant que le baobab – africain et australien - est originaire de Madagascar. L’équipe de scientifiques du Jardin botanique de Wuhan (Chine) et de la Queen Mary University de Londres ont réalisé des analyses des gènes des différentes espèces d’Adansonia. La lignée de ces baobabs est apparue à Madagascar, il y a 41 millions d’années avant de se diversifier 20 millions d’années plus tard. Pour Onja Razanamaro, enseignante chercheuse à l’Université d’Antananarivo et spécialiste des baobabs au Centre de recherche du parc botanique de Tsimbazaza, ces résultats ne sont pas une surprise, mais plutôt une confirmation : parmi les huit espèces de baobabs, six sont endémiques de Madagascar. Par contre, chacun devrait être soucieux de sa protection, car certaines espèces sont vulnérables au changement climatique.

no comment - mag no media 07 - Novembre 2024

Lire le magazine no media

No comment Tv

Making of Shooting mode – Tanossi, Haya Madagascar, Via Milano – Août 2024 – NC 175

Retrouvez le making of shooting mode du no comment® magazine édition Août 2024 – NC 175

Modèles: Mitia, Santien, Mampionona, Hasina, Larsa
Photographe: Parany
Equipe de tournage: Vonjy
Prises de vue : Grand Café de la Gare, Soarano
Réalisation: no comment® studio
Collaborations: Tanossi – Via Milano – Haya Madagascar

Focus

Groupement des Concessionnaires Automobiles de Madagascar

La 14è édition du Salon de l’Auto organisée par Groupement des Concessionnaires Automobiles de Madagascar (GCAM), s’est déroulée au CCI Ivato du 10 au 13 octobre.

no comment - Groupement des Concessionnaires Automobiles de Madagascar

Voir