Les Malgaches avaient une profonde croyance en un Dieu unique, le Créateur du monde, des cieux, de la terre, et de tout ce qu'elle renferme. Ce Dieu était vénéré sous le nom d’« ANDRIANANAHARY». Selon leur foi, le lien avec ce Dieu s'établissait à travers des intermédiaires appelés les « ZANAHARY », que l'on peut traduire par les dieux pourvoyeurs.
Ces entités, présentes aussi bien dans le monde physique que dans le monde spirituel, étaient perçues comme détentrices d'une vertu essentielle, communément appelée "Hasina". Cette vertu conférait une force particulière et un pouvoir à ceux qui en étaient pourvus. Ainsi, les Malgaches croyaient que Dieu envoyait ces entités pour répandre le bien et bénir les humains.
Les bénédictions attribuées par ANDRIANANAHARY à ces entités étaient multiples, englobant la santé, la richesse, la vertu, et bien d'autres. Par conséquent, il était habituel de reconnaître, au cours des prières, qu’: … « Ils étaient les facilitateurs de l'exaucement des demandes et des vœux. »
Afin d'éviter de prononcer individuellement le nom de chacune de ces entités, les Malgaches les regroupaient sous le terme d’« IREO IZAY NAHARY », signifiant ceux qui pourvoient, littéralement ceux qui créent. Avec l'évolution de la langue, « IZAY NAHARY » s'est transformé en « ZANAHARY », devenant ainsi le nom de ces bienfaiteurs.
Selon donc la croyance malgache, celui qui assignait des missions à ces ZANAHARY était le Dieu avec un grand "D", partageant une parcelle de son pouvoir avec ces divinités. Il était ainsi considéré comme le grand Roi, le grand « Andriana » des ZANAHARY. Ainsi, le terme « ANDRIANANAHARY » était une fusion des mots « ANDRIANA » (roi) et « ZANAHARY » (les pourvoyeurs), traduit littéralement par les créateurs.
La communauté ancienne malgache, connue sous le nom de Ntaolo, croyait qu'une minorité de personnes appelées les Mpampita (Ceux qui relisent) et les Mpanazary (Ceux qui sanctifient) pouvaient communiquer avec les Zanahary. Ces individus étaient réputés pour leur sagesse et leurs connaissances, ce qui leur conférait cette facilité particulière. Les relieurs et les sanctificateurs servaient d'intermédiaires entre ces entités divines et les humains, étant spécialement formés pour les rituels nécessaires afin d'accéder à ces divinités.
La sagesse spirituelle des Ntaolo malgaches classait les Zanahary en quatre catégories en fonction de leur provenance et de leurs capacités. Tout d'abord, il y avait les ZANAHARY AU SEIN DU CIEL. Ils provenaient des cieux et des corps célestes actuellement répertoriés ou non encore répertoriés. Tout de même, il est important de noter que les termes "Anges", "Archanges" et "Extraterrestres" étaient totalement inconnus du vocabulaire malgache avant l'arrivée de la religion chrétienne apportée par les étrangers. Ainsi, il n'existe aucune trace écrite ni oratoire dans le savoir-faire malgache en termes de spiritualité à ce sujet.
Ensuite, il y avait les ZANAHARY AU SEIN DE LA TERRE. Ces entités étaient présentes sur la terre, ce qui permettait aux mpanazary et aux mpampita de les voir et de les toucher. Ces divinités étaient tangibles, mais les relieurs et les sanctificateurs étaient conscients de leur vertu bien plus élevée que celle du commun des Malgaches. À titre d'exemple, on peut citer le Tsiny (littéralement : blâme), ny Vazimba (ancêtres des Malgaches originels) , Razan'ny Mpanjaka (les ancêtres des rois), etc.…
Ensuite, émergent les ZANAHARY DES EAUX ET DE LA MER. Selon les récits malgaches, ils sont désignés sous le nom de « ZAZAVAVINDRANO », représentant les entités marines telles que les sirènes. Ces êtres possédaient une communauté distincte avec un savoir-faire propre, leur propre royaume, et des ancêtres spécifiques. Leur existence, leur histoire, et leur mode de vie sont transmis de manière orale de génération en génération. Une caractéristique singulière qui les distingue est leur système matriarcal. En effet, les femmes occupent une position dominante, détenant pouvoir et autorité, et dirigent la communauté devant les hommes.
Une autre divinité des eaux est le « DEBADEBA ». Bien qu'il partage de nombreuses similitudes avec les divinités évoquées précédemment, il ne réside pas dans la mer mais plutôt au sein des marécages et des souchets.
Enfin, nous trouvons les ZANAHARY DES FORETS, provenant des forêts denses et des sommets montagneux. Tout comme les autres catégories, ils ont leurs propres règles, communauté, ancêtres, et leur histoire ainsi que leurs caractéristiques qui sont tracées et connues. Parmi eux figurent les KALANORO (pouvant être traduit par : naine fabuleuse) et les KOKOLAMPY (semblables aux gnomes ou lutins).
Ces Zanahary, répartis dans ces quatre catégories, partagent des similitudes dans leurs coutumes. Les Mpanazary occupent une place centrale en orchestrant les rituels spirituels des Ntaolo Malgaches liés à ces entités. Cependant, ces entités peuvent répondre aux demandes et prières de chacun, sans distinction ni condition, en fonction de leur capacité et de leur vertu. Bien que les Mpanazary demeurent des intermédiaires, susceptibles de bloquer ou d'accorder ces bénédictions. Ainsi, ils jouent un rôle crucial dans la transmission entre les êtres humains et les Zanahary.
En conclusion, la bénédiction peut être accessible à tous, car les Zanahary bénissent chaque individu. Toutefois, l'accès à cette bénédiction dépend des compétences du Mpanazary, de sa vertu et de sa sainteté.
Annexe : Voici quelques dictons malgaches qui caractérisent ces Zanahary.
Andriamanitra tsy omen-tsininy, Zanahary tsy omem-pondro, fa ny olombelona no be siasia.
En Dieu il n’y a aucune faute, dans le Créateur il n’y a pas de défaut ; c’est aux hommes qu’appartiennent les fautes et les erreurs.
Be Zanahary
Celui qui est protégé par les amulettes échappe au danger.
E! Andriamanitra nahary tongotra aman-tanana.
Ô Dieu qui nous avez créés, pieds et mains.
Ny iray volavolain-Janahary, ny iray volavolain' olombelona.
Dieu en favorise un, les hommes en favorisent un autre.
Ny tany vadiben-Janahary : mihary ny velona, manotrona ny maty.
La terre est la première épouse de Dieu : elle nourrit les vivants et les morts, elle les serre dans ses bras.
Tarehy ratsy nataon-Janahary, ka tsy vanon-kisaronan-doha.
Si le Créateur vous a fait une vilaine figure, il ne sert à rien de vous couvrir la tête.
Les faits relatés dans les histoires sont réels et ont été vécus par les narrateurs.