Notre vieille chatte est morte ce matin. On l’a retrouvée dans les escaliers, dans le coin où elle avait pris l’habitude de s’endormir tous les soirs.
On pouvait voir que la vie l’avait finalement quittée alors qu’elle essayait de se mettre en boule. Nous ne savions pas trop comment faire après ça. Selon la croyance, il est interdit d’enterrer des animaux dans la cour où des vivants demeurent. Mais nous n’étions pas tranquilles à l’idée de nous débarrasser d’un être qui avait partagé quatorze ans de notre vie commune.
J’ai donc creusé un trou avec le vieux couteau à couper du petit bois pour le feu. C’était vers dix-huit heures derrière la maison. J’avais mal au poignet à force et les doigts engourdis. Ensuite on l’a mise là, avec des débris de charbon pour ne pas attirer les charognards. Une grosse pierre a finalement été placée sur la petite tombe et c’est comme ça qu’on reconnaît l’endroit précis de son dernier repos.
Je peux dire que ça a été la chose la plus marquante de ma journée. Je n’oublierai pas l’indépendance avec laquelle elle a mené sa vie. Ses portées successives, avec toujours quelques chatons à la personnalité surprenante ; et la violence de ses amants.
Elle n’a jamais laissé la peur l’empêcher de vivre. Moi, au contraire, je m’oublie. Plus les jours passent et plus l’étau se resserre. Aujourd’hui, franchir le pas de la porte relève de la gageure.
Izika