Adrien Rakotozafy : Debout la danse !
3 avril 2021 // Arts de la scène // 5168 vues // Nc : 135

Fondateur de la plateforme « Madagascar Danse Debout » qui a connu sa quatrième édition en mars dernier, Adrien Rakotozafy veut promouvoir la danse auprès des jeunes et prouver qu’il est possible d’en vivre. Tout est question de transmission et d’éducation.  

Ses mouvements bizarres et désarticulés étonnent toujours le public que ce soit en pleine rue ou sur scène. Chorégraphe et danseur depuis une vingtaine d’années, Adrien Rakotozafy a commencé comme tous les jeunes de son époque, en imitant Mickaël Jackson ou Usher. Le talent aidant, il fait vite appel à des professionnels pour apprendre les différentes techniques. « J’avais pas mal d’amis qui côtoyaient la Compagnie Up The Rap et qui m’ont présenté à un des membres. Et c’est là que tout a commencé. » Adrien se spécialise dans la danse hip-hop et plus précisément la « danse debout » avec des mouvements robotiques, le fameux moonwalk et le smurf tout en ondulations. « Mon approche chorégraphique se base sur les sensations, les ressentis. Mais ça dépend aussi de ce qui se passe à l’instant T, ce qui me pousse à poser des questionnements. »

Parti en France pour poursuivre ses études en marketing stratégique et management d’entreprise, sa passion pour la danse l’anime toujours. Il participe à différentes soirées ou festivals hip-hop et multiplie les échanges avec les jeunes, surtout du côté de la Villette ou du Châtelet. De retour au pays, il crée en 2014 la plateforme « Madagascar Danse Debout » pour promouvoir les talents et la créativité chez les jeunes. « Nous avons organisé la quatrième édition en réunissant tous les vainqueurs des éditions précédentes. À travers cette plateforme, nous voulons donner plus de visibilité aux danseurs qui pratiquent cette discipline qui se meurt petit à petit. Il faut plus d’ouverture, de rencontres pour montrer leur talent. » La plateforme réunit près de 300 personnes à chaque édition. Comme le corps est l’instrument principal des danseurs, il est important d’en prendre soin. Raison pour laquelle, Adrien partage ses expériences en sophrologie. « Il ne suffit pas tout simplement de danser, c’est un peu l’inconvénient des jeunes d’aujourd’hui de négliger tout ce qui est préparation, écoute du corps et maîtrise de l’espace. »

La sophrologie est précisément un accompagnement mental et physique qui se base sur la relaxation, le bien-être, la pensée positive et le mieux-être. Adrien propose des programmes individuels et en groupe, notamment aux enfants qui préparent des examens, qui ont des difficultés mentales, des problèmes de mémoire, aux personnes qui manquent d’estime de soi ou ont des problèmes de sommeil. « Je fais de la respiration, de la relaxation mais tout dépend des besoins des gens. Cela aide à la concentration, à la créativité et à diffuser des énergies positives. Comme c’est une pratique peu connue à Madagascar, je démystifie cette discipline en expliquant que cela n’a rien à voir avec la religion ou l’ésotérisme. » Pour Adrien, la danse est une transmission, une éducation. Il compte étendre sa plateforme au niveau national en organisant des « battles » dans les provinces. « Si on peut faire une action sociale à Madagascar, qui est un pays à bâtir, je me dis que la danse est un facteur de développement pour la jeunesse. Les jeunes qui n’ont pas la chance d’aller à l’école peuvent s’éduquer à la danse, s’affirmer et acquérir un savoir-vivre et un savoir-être. »


Propos recueillis par Aina Zo Raberanto

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Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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