Peppe Voltarelli « Ce côté ironique qui peut paraître borderline »
2 janvier 2020 // Musique // 9754 vues // Nc : 120

En décembre dernier, Peppe Voltarelli, deux fois lauréat du prix Tenco, les Victoires de la musique italienne pour la chanson d’auteur, a investi la scène de l’IFM (Institut français de Madagascar) à Analakely. Il a partagé ses chansons avec deux artistes malgaches, Bolo et Piu Lion.

Madagascar, une terre de rencontres ?
Depuis des années, je partage ma musique italienne à l’étranger notamment en Amérique du nord, en Amérique du sud et en Europe. J’adore voyager pour partager ma musique. J’ai accepté l’invitation du consulat honoraire d’Italie à Madagascar parce que je n’étais jamais venu en Afrique. L’objectif, c’est bien sûr de jouer mais surtout de rencontrer les musiciens malgaches pour échanger des expériences. Sur la scène de l’IFM en décembre dernier, j’étais avec Bolo, un jeune artiste populaire. Nous avons chanté sur une de mes chansons intitulée « Ultima notte a Mala Strana » (Dernière nuit à Mala Strana) qui parle de la ville de Prague, où il est intervenu avec une partie en malgache. Il raconte la nuit à Antananarivo. J’ai également joué avec Piu Lion, un musicien formidable. Il joue du begah, un instrument qui rappelle la mandoline, la harpe et la guitare.

Sinon, à l’Alliance française d’Antsirabe, j’ai fait la rencontre du chansonnier Mamy Basta. Toutes ces collaborations se sont faites spontanément, la complicité s’est installée très vite.

Une musique pour ne pas oublier ses racines ?
Je suis originaire de Calabre et j’ai commencé me produire avec la musique traditionnelle du sud de l’Italie. Mes chansons sont le fruit des recherches sur la langue, plus précisément le dialecte du sud pour montrer qu’il peut encore vivre face à la mondialisation. Le dialecte permet d’avoir un lien avec l’histoire. Je le fais à travers un style à la fois provocateur et ironique. Quelques fois, c’est difficile pour les gens d’accepter ce côté ironique qui peut paraître borderline. En tout cas, l’émotion y gagne car il y a la nostalgie, l’amour de la langue et le rattachement à la terre. Mes chansons sont d’abord destinées à la communauté italienne qui vit à l’étranger.

De fait, vous parlez beaucoup d’immigration…
Je suis un immigré du sud de l’Italie vers le nord, puisqu’actuellement, j’habite à Florence. L’Italie, c’est la porte de l’immigration vers l’Europe de ceux qui viennent d’Afrique et d’Orient. Nous ne sommes pas préparés psychologiquement à accueillir ces réfugiés, pourtant les Italiens sont fondamentalement des peuples d’immigrés. Nous voulons fermer nos portes, alors que nous connaissons l’histoire. En tant qu’artiste, je fais un travail de mémoire. Et je veux démontrer qu’à travers l’art, il est possible de vivre ensemble.

Les projets ?
J’espère inviter des artistes malgaches en Italie. Je prépare un nouvel album qui sera également sous la forme d’un livre et pourquoi pas, faire une collaboration avec des musiciens malgaches ?

Propos recueillis par Aina Zo Raberanto

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Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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