Kim Jah « Je fais du rap, mais avec une touche de mélodie »
14 octobre 2023 // Musique // 3522 vues // Nc : 165

C’est l’histoire d’un rappeur qui, à ses 18 ans, est parti d’Antsirabe pour lancer sa carrière. Fetramandimbisoa Mamy Fitiavana, connu sous le nom de Kim Jah, marque le monde de la musique par sa jeunesse. Encore étudiant en cinquième année à l'Institut Supérieur d'Antananarivo, l’artiste de 24 ans, tient un style peu exploré du rap. Au grand espoir de redorer la musique des jeunes à Madagascar, Kim Jah prévoit, dans l’année à venir, de rafraîchir son style en lui offrant un petit plus acoustique.

Des débuts timides sur scène ?
En 2015, j’ai participé à un concours de punchline avec le studio Gasy Ploit à Antsirabe.
C’est là que mon nom de scène est né, alors que je me lançais à la recherche d’une appellation facile à dire et pratique à l’écoute.
Après le baccalauréat, en 2016, j'ai décidé de partir d’Antsirabe pour venir dans la capitale et trouver une maison de production.
À ce moment, tout est allé vite : ma collaboration avec Gasy Ploit, mon duo avec Jyuni sur le morceau Dila qui a rapidement séduit le grand public.
En un court instant, je suis arrivé sur la scène d'Antsahamanitra.

Cette expérience a généré énormément de doutes pour une personne timide comme moi.
Une fois sur scène, j'ai réalisé que beaucoup de personnes connaissaient la chanson, et qu'arriver à mon couplet, je n'étais plus seul : il y avait un public. D'autant plus marquant, qu’après ce fameux concert, Don Smokilla lui-même m'a conseillé de continuer, voyant l'engouement et l'attente globale pour d'autres tubes. Aujourd'hui, je m'habitue mieux à la scène, et aux cris du public ; j'ai appris à les vivre. Dans d'autres aspects de ma vie, comme durant les exposés ou les présentations à l'université, je reste le même grand timide.

Le rap chanté, ta signature ?
Je fais du rap, mais avec une touche de mélodie. C'est ce qui, depuis 2016, me caractérise, même si je me suis essayé à la forme conventionnelle avant cela. Quand j'ai intégré Gasy Ploit, je me suis retrouvé au milieu d'autres rappeurs, tous aussi remarquables. Il me fallait trouver une signature d’où le « rap chanté ». Malheureusement, ce nom a fait polémique, car on disait que cela n'existait pas : j'ai décidé de dire que c'était, tout simplement, ma musique. Si cette expression a créé des controverses, j'ai réussi à tracer mon nom dans le domaine. Jusqu'à maintenant, mes textes sont du rap auquel sont ajoutées des notes de musique. Il n'y a pas à s'en étonner si certaines parties sont plus longues que d'autres : ce sont des lyrics qu'un chanteur ne saurait pas reproduire par manque de souffle, et qu'un rappeur ne saurait maîtriser par les notes.

Un style peu connu à Madagascar ?
Oui, c’est vrai, mais aux États-Unis, par exemple, certains rappeurs l'utilisent par exemple Drake, Lil Wayne, ou Post Malone. En avançant, c'est devenu mon style : je peux très bien partir de l'Afrobeat ou d'un autre genre, mais toujours rester dans le même format. Cette année, j'essaye d'innover en n’utilisant  que de la musique acoustique dans mes morceaux, chose qui est beaucoup substituée à celle de DJs. J'aimerais redonner sa valeur à l'acoustique, en le croisant avec les textes, dans un album qui sortira l'année prochaine.

Quelles sont vos aspirations pour le métier ?
Personnellement, j'aimerais devenir comme Samoëla. Son premier album est sorti en 1997, mais les paroles ont bravé des générations. J'aimerais atteindre ce niveau, et rester dans la mémoire : que chacun se souvienne de mon style, et que je sois le premier à être cité dès qu'on en parle. Mon bonheur sera déjà à son plein quand ma musique aura fait le tour de Madagascar, et peut-être, du monde. Récemment, la musique des jeunes a une mauvaise réputation, et j'aimerais prouver que toute cette rumeur est infondée : il y a encore de la bonne musique, de bons artistes, mais encore peu connus. Pour l'instant, je m'accorde une petite pause dans la musique, pour finir mes études. Mais j'espère bientôt revenir avec des morceaux autoproduits, et publiés pour le plaisir. C'est le genre de délire dans lequel nous nous sommes lancés, avec mon épouse, sur le nom « Rafohy sy Rangita ». Je tiens le même concept en solo. Mais pour l'instant, la production avance sur une note détente.

Propos recueillis par Rova Andriantsileferintsoa
Kim Jah : +261 34 25 681 60

Laisser un commentaire
no comment
no comment - Plongée dans l’univers de Tohy : une exposition entre émotion et réflexion

Lire

4 février 2025

Plongée dans l’univers de Tohy : une exposition entre émotion et réflexion

Du 1er au 28 février, la galerie IKM Antsahavola présente Tohy, la deuxième exposition individuelle de l’artiste Haga Nisainana. Porté par l’univers m...

Edito
no comment - Les Gardiens de la Forêt de Tsitongambarika : un combat pour la préservation

Lire le magazine

Les Gardiens de la Forêt de Tsitongambarika : un combat pour la préservation

Au sud-est de Madagascar, au cœur d’une biodiversité unique et menacée, s’étend la forêt de Tsitongambarika.
Cette forêt tropicale, l'une des dernières de l'île, couvre environ 60 000 hectares et est classée comme Zone Clé pour la Biodiversité (ZCB). Elle abrite une richesse écologique inestimable avec des espèces endémiques que l'on ne trouve nulle part ailleurs : des lémuriens rares, comme le propithèque à front blanc ( Propithecus diadema ), et des oiseaux emblématiques tels que le foudi de Madagascar (Foui madagascariensis). Chaque année, des hectares de forêt disparaissent pour faire place à des cultures de subsistance ou à l'exploitation illégale du bois, en particulier les essences précieuses comme le palissandre et l’ébène. Les feux de brousse utilisés pour l'agriculture sur brûlis aggravent encore la destruction de cet écosystème. Mais ces menaces ne sont pas irréversibles. La préservation de la forêt repose en grande partie sur l’implication des communautés locales qui vivent à proximité. Face à la déforestation, à l’exploitation forestière illégale et à l’extension agricole, une lueur d’espoir émerge grâce à ces "gardiens de la forêt" : des communautés locales mobilisées pour protéger cet écosystème exceptionnel. Leur travail, souvent méconnu mais essentiel, est une preuve vivante que des solutions locales peuvent avoir un impact global. La forêt de Tsitongambarika est un symbole de résilience et de coopération. Un reportage photographique réalisé par Safidy Andrianantenaina dans la rubrique Grand Angle (p.44) du magazine.

no comment - mag no media 09 - Janvier 2025

Lire le magazine no media

No comment Tv

Making of Shooting mode – Tanossi, Haya Madagascar, Via Milano – Août 2024 – NC 175

Retrouvez le making of shooting mode du no comment® magazine édition Août 2024 – NC 175

Modèles: Mitia, Santien, Mampionona, Hasina, Larsa
Photographe: Parany
Equipe de tournage: Vonjy
Prises de vue : Grand Café de la Gare, Soarano
Réalisation: no comment® studio
Collaborations: Tanossi – Via Milano – Haya Madagascar

Focus

Taom-baovao

Taom-baovao, présentation de la programmation culturelle 2025 de l'IFM à Analakely, le samedi 18 janvier.

no comment - Taom-baovao

Voir