Mama Rasta : Pas là pour plaire
6 juillet 2025 // Musique // 7511 vues // Nc : 186

Elle s’est fait connaître sur scène en dansant derrière les divas du tropical. Aujourd’hui, c’est seule au micro qu’elle balance ses vérités, les deux pieds dans la musique urbaine malgache. Mama Rasta, franc-parler tranchant et dreadlocks assumés, n’a pas l’intention de faire dans la dentelle.

Le nom a fini par s’imposer dans les playlists comme dans les conversations. Depuis deux ans à peine, Mama Rasta est devenue l’une des figures montantes de la musique urbaine à Madagascar. Elle a quitté l’ombre des projecteurs — celle où elle évoluait en tant que danseuse pour Tence Mena — pour se placer face à la lumière, celle du micro, du studio, et surtout de la parole libérée. « J’ai des choses à dire, et je ne veux plus me taire », lâche-t-elle d’un ton qui ne laisse pas place au doute. Des opinions, des coups de gueule, des constats. Sa musique est à son image. C’est directe, brute et sans détour.

Avant de devenir la Mama Rasta que l’on connaît aujourd’hui, la jeune femme avait déjà multiplié les apparitions. Sur scène, mais aussi à l’écran. Elle a été actrice avant qu’elle ne décide de tracer sa propre route. Son premier titre solo sort fin 2022. Depuis, les morceaux s’enchaînent et se répandent à la vitesse d’un son TikTok bien senti. Vy mamay, Vavanao mankaleo… Des titres en forme de claques, qui circulent aussi vite que les refrains restent en tête.

Elle multiplie les collaborations, notamment avec des grands noms du rap local comme Berrizz’Jah ou Sanih. Son terrain de jeu ? Le trap, le dancehall, l’afro. Mais elle ne s’impose pas de frontières. « Tout dépend des vibes et des featuring », glisse-t-elle. Même le tropical, pourquoi pas. Après tout, elle en vient.

Son nom de scène, elle ne l’a pas vraiment choisi. Mais elle l’a adopté. « Mama, ça veut dire femme ou fille dans mon dialecte. Rasta, c’est juste à cause de mes dreadlocks. Je ne fais pas partie du mouvement rastafari », précise-t-elle d’un ton calme, mais pas désintéressé. Car elle sait que les apparences collent, parfois malgré soi. Et quitte à être identifiée, autant le faire avec panache.

Mama Rasta, c’est aussi une écriture sans filtre. Elle ne mâche pas ses mots, pas plus qu’elle ne cherche à caresser l’auditeur dans le sens du poil. « Le politiquement correct, très peu pour moi. Je dis ce que je pense. Ceux que ça dérange n’ont qu’à passer leur chemin », affirme-t-elle, regard droit. Un ton qui peut déranger dans un pays encore empreint de codes sociaux rigides, notamment pour les femmes. Mais elle ne se planque pas. Et surtout, elle ne s’excuse pas d’exister. Sur un sujet devenu presque cliché dans les lyrics du tropical — celui des « deuxièmes bureaux » (maîtresses) — Mama Rasta tranche net.

« Je ne serai jamais une deuxième bureau. Je suis celle qui tient les rênes », martèle-t-elle. La phrase tombe comme une sentence. Pas de romantisme édulcoré ici, encore moins de soumission masquée sous des refrains accrocheurs.

Chanter, pour elle, c’est avant tout un besoin vital. Une nécessité intérieure. « Je me fais plaisir d’abord. Si moi je ne ressens rien, comment le transmettre aux autres ? » explique-t-elle, avec une logique implacable. Mais une fois ce plaisir comblé, elle tend la main aux autres. À celles et ceux qui reconnaissent, dans ses mots, un bout de leur propre révolte.

Solofo Ranaivo

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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