Originaire de Majunga, Abtoihihou est un artiste plasticien, spécialisé dans le portrait. Il réalise la couverture du no comment® magazine de ce mois de décembre. Son travail se concentre sur l’être humain, les moments de vie, les joies, les émotions et les épreuves. Il est également un artiste engagé dans des projets communautaires et cherche à enrichir son art tout en contribuant à la société.
Petite explication de la couverture de ce mois ?
C’est une fresque que j’ai réalisée suite à une demande du collectif WEART. Vous pouvez le retrouver sur les murs du 44Bistrot à Tsaralalana. J’ai gardé l’idée d'« Entre soi », un concept que j’ai réalisé pendant ma première exposition personnelle au mois de février. C’est le regroupement des individus pour nous rappeler l’infime moment de notre existence. Ici, on voit des enfants en train de jouer.
Justement, que signifie « Entre soi ? »
Lors de ma première exposition au CRAAM à Ankatso, j’ai choisi « Entre soi » car en tant que portraitiste, mon travail se veut une mémoire vivante. Je me consacre à la représentation de l'être humain, en particulier du visage. Un visage figé dans un instant représente une part de vie gravée sur un support, conservée au fil du temps. Mon objectif est de mettre en valeur ces images en dessinant les différentes facettes et expressions d'une personne, afin de représenter les multiples dimensions de l'identité humaine et d'immortaliser non pas un seul moment, mais plusieurs.
Cette démarche ne s'éloigne pas du travail traditionnel du portraitiste, mais je cherche à graver la vie elle-même, que l'on peut également définir par le mouvement. Les « différences entre soi-même » que j'explore sont une redécouverte personnelle, une introspection qui invite chacun à reconnaître les éléments qui caractérisent sa personnalité. C'est un voyage de recherche de soi qui peut conduire à la rencontre de ses semblables, permettant de considérer autrui comme un reflet de soi.
Des œuvres réalisées à partir de plusieurs techniques ?
J'ai intégré des techniques qui m'éloignent légèrement du réalisme, utilisant des griffonnages et des jets de peinture ou dripping rendu célèbre par Jackson Pollock. Ces approches facilitent la capture du mouvement, un aspect souvent négligé par le regard humain, qui a tendance à ignorer la totalité d'un corps en pleine action. J’illustre cette dynamique dans mes œuvres.
Ami en amant,
toile 80x80cm,
dripping,
février 2024
Idolatried - Veste unique
Abtoihihou x Cla - Antananarivo
au Clastore, 2024
Tes projets ?
Après ma première exposition personnelle en février, je suis retournée à Majunga. J’ai participé à une exposition collective Fest’iray où j’ai proposé une nouvelle collection d’œuvres. Une œuvre a marqué le public, qui s’appelle « Tangolia ». Chez nous, cela marque le fait d’être réveillé après s’être évanoui. Comme une prise de conscience, encore un peu étourdi. On peut également l’interpréter différemment. Sortir du noir pour être dans la lumière après une épreuve difficile. Pour apporter plus de valeur à l’œuvre, je me suis dit que ce serait intéressant de l’utiliser sur un autre support. Et j’ai eu l’idée d’appeler Jo Aina avec sa marque Cla. Nous avons donc sorti une collection « Divers cités » qui évoque les images, les personnages issus de divers horizons, la variété et la diversité. La rencontre de la mode et de la peinture à travers des vestes. Avec la méthode du dripping, je cherche la perfection illusoire, tout en soulignant que c'est dans l'imperfection que réside notre véritable valeur, voire l'essence même de l'humanité.
Propos recueillis par Aina Zo Raberanto
FB : ABTOI HI HOU