Tsiriniaina Hajatiana Irimboangy « Le lamba, témoin de l’histoire »
12 juillet 2022 // Mode & Design // 1035 vues // Nc : 150

Lauréat de la bourse Yavarousshen, le designeur chercheur et créateur d’images a passé plusieurs mois à Madagascar pour ses recherches sur le lamba « vêtement traditionnel symbolique et vêtement manufacturier industriel ». Thème qui a fait l’objet d’une exposition à la Recyclerie à Paris, en avril dernier.

Comment est né le projet ?
Tout est parti d’un projet que je devais réaliser pour mon diplôme à l’École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers des arts (Ensamaa) de Paris. Au départ, je ne pensais pas faire un projet sur Madagascar. Je voulais travailler sur le geste, ensuite sur le geste artisanal, ce qui m’a amené à l’artisanat malgache. Comme c’était encore trop vaste, j’ai décidé de travailler sur le textile. Je me suis rappelé mes souvenirs d’enfance où je voyais ma grand-mère et son lamba. Je n’aurais jamais pensé que derrière ce tissu que je considérais comme une simple couverture, il y avait des ramifications profondes. C’est un médium intéressant qui permet de parler du patrimoine malgache, et surtout de le préserver et de le transmettre.

Un territoire quasiment vierge…
Même si c’est un projet scolaire, il fallait qu’il ait une application réelle. Je me suis dit que ma cible

pourrait être les jeunes de la diaspora ou les gens sensibles à la culture. Il fallait également trouver un lieu qui pourrait être le commanditaire de ce projet ; j’ai pensé au Quai Branly ou d’autres institutions. Pour les travaux de recherches, j’ai contacté des artistes, des chercheurs, des artisans… Et là, je me suis rendu compte qu’il y avait très peu d’ouvrages sur le textile malgache. J’en ai trouvé deux ou trois écrits par des chercheurs anglophones ou canadiens, mais quasiment rien du côté des chercheurs malgaches.

Mais les recherches ont porté ses fruits ?
Dans un premier temps, j’ai fait un état des lieux du lamba, sur tout ce qu’on en avait dit. Ensuite, pour la partie production, j’ai collaboré avec Chloé Bourhis qui étudie le design de mode et le textile, pour tout ce qui touche à la pratique et à la matérialité. J’ai aussi travaillé sur une partie numérique avec la 3D, la photo et la vidéo. Mon objectif était de comprendre les motifs sur les lamba, par exemple, le lamba ankotifahana du début du XIXème siècle. Au début, je voulais travailler sur les formes, mais mes professeurs m’ont poussé à chercher les significations. J’ai donc commencé un travail d’anthropologue en contactant des artisans. J’ai répertorié des familles de motifs en fonction des formes répétitives comme les ronds ou les triangles. Je les ai redessinés de façon plus complexe, mais ce sont uniquement des interprétations pour pouvoir travailler. Je voudrais collaborer avec des historiens pour connaître la signification des symboles.

Pourquoi cet intérêt particulier pour le « lambahoany » ?
Quand on parle de lamba, les gens ont directement le lambahoany comme référence. Je ne voulais pas travailler dessus, mais je me suis rendu compte que c’est un outil de communication très codé : un support intéressant pour un graphiste ! Je me suis ressaisi du code du lambahoany en reprenant les motifs un peu trop kitsch à mon goût pour les réinterpréter, comme l’image centrale qui est devenue une photo de ma grand-mère !  J’ai également demandé à des gens en France de me prêter leur lamba que j’ai fait porter par des amis. J’ai fait un scan en 3D avec différentes postures pour avoir différents points de vue du lamba. Et en fond audio, les propriétaires racontent une anecdote autour de leur lamba.

Que vous apporte la bourse Yavarhoussen ?
Elle nous permettra de promouvoir l’histoire de l’art malgache. Notre problématique est de savoir comment on passe du vêtement traditionnel au vêtement manufacturé. Pendant notre séjour à Madagascar, nous allons rencontrer des artisans, aller dans les marchés et les friperies pour en savoir plus…


Propos recueillis par Aina Zo Raberanto

Ataovy fitia lamba sy akanjo, sady itafiana no kolokoloina
Lambahoany, 110 cm x 160 cm, Lambahoany, Installation exposition Lamba alohan'ny handehanana, Saint-Ouen, photographie par Sophie Andriamanoro.
Motifs amulettes
Découpe laser sur medium récupéré, Vue de l'exposition de diplôme "Lamba, tissu de reconnexion", ENSAAMA, Paris.
Laisser un commentaire
no comment
no comment - RANDRIANOTAHIANA Volaharisoa a reçu le prix national du concours international BIC ART MASTER

Lire

6 novembre 2024

RANDRIANOTAHIANA Volaharisoa a reçu le prix national du concours international BIC ART MASTER

La marque BIC© représentée par la SOMADIS son distributeur à Madagascar a organisé à la Cité des Cultures à Antaninarenina, le jeudi 31 octobre, la cé...

Edito
no comment - Une société inclusive, une responsabilité collective

Lire le magazine

Une société inclusive, une responsabilité collective

Chaque année, le 3 décembre, la Journée mondiale des personnes handicapées nous invite à une réflexion profonde sur l’inclusion, la dignité et les droits des personnes en situation de handicap. Bien plus qu’une journée de sensibilisation, elle constitue un appel à l’action pour bâtir une société réellement accessible à tous, où chacun peut vivre pleinement ses droits et ses aspirations.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus d’un milliard de personnes dans le monde vivent avec un handicap. Cela représente environ 15 % de la population mondiale. Pourtant, malgré ces chiffres, les obstacles à l’éducation, à l’emploi, à la santé et à la participation sociale demeurent omniprésents. La marginalisation des personnes handicapées n’est pas seulement une question de manque d’infrastructures, mais aussi de mentalités à transformer. « Debout ! », le reportage documentaire de la photographe et réalisatrice Felana Rajaonarivelo publié dans notre rubrique GRAND ANGLE fait partie des initiatives qui incitent à voir au-delà du handicap. Des histoires de femmes inspirantes, pleines de rêves et d’espoir. L’inclusion ne consiste pas uniquement à intégrer des rampes d’accès ou à adapter des outils de communication. C’est une démarche globale qui touche à tous les aspects de la vie : éducation inclusive, emploi équitable, accès à la culture, et reconnaissance pleine des capacités de chacun. Il s’agit de dépasser la charité pour embrasser l’égalité et la justice sociale. En sensibilisant dès le plus jeune âge, on favorise une génération future plus ouverte et respectueuse des différences.

no comment - mag no media 08 - Décembre 2024

Lire le magazine no media

No comment Tv

Making of Shooting mode – Tanossi, Haya Madagascar, Via Milano – Août 2024 – NC 175

Retrouvez le making of shooting mode du no comment® magazine édition Août 2024 – NC 175

Modèles: Mitia, Santien, Mampionona, Hasina, Larsa
Photographe: Parany
Equipe de tournage: Vonjy
Prises de vue : Grand Café de la Gare, Soarano
Réalisation: no comment® studio
Collaborations: Tanossi – Via Milano – Haya Madagascar

Focus

La 1ère édition du MAKUA FESTIVAL MUSIC

La 1ère édition du MAKUA FESTIVAL MUSIC organisée par SHYN et la Commune Urbaine de Toamasina du 31 octobre au 03 novembre

no comment - La 1ère édition du MAKUA FESTIVAL MUSIC

Voir