ARRA : Quand la céramique matérialise des mouvements
29 janvier 2024 // Mode & Design // 2632 vues // Nc : 168

« J’ai mis toute ma vie à savoir dessiner comme un enfant », disait Picasso. Comme quoi il en faut du travail pour garder la spontanéité d’une œuvre après les prouesses techniques nécessaires. C’est aussi le cas pour la céramique : après avoir travaillé pour Hermès et le groupe LVMH Moët Hennessy Louis Vuitton, Ando Ramanantsoa est retournée à Madagascar pour y développer l’artisanat et les savoir-faire. ARRA fait partie de ses projets, un studio qui produit et commercialise des céramiques uniques.

Contrairement à l’artisanat de fonction où tout est standardisé et reproduit, une collection ARRA se distingue par la singularité de chaque pièce. On pourrait méprendre ces irrégularités pour des erreurs, sauf qu’elles sont délibérées. « Toutes nos pièces sont réalisés à la main. Le mouvement est donc au cœur de notre art. Aucune pièce ne se ressemble et c’est notre intention primaire. Chacune est façonnée selon le mouvement que la main veut bien lui donner, il en résulte des pièces uniques et magnifiques. » La matière capture ces mouvements et les fige grâce aux plis sur le bord d’une vase, la courbe au creux d’un récipient, les mini-ondulations à la surface d’une assiette. Pour autant, il n’y a pas de place à l’à peu près. « La modernité réside dans les détails, les finitions et l’histoire de chaque pièce, que ce soit la matière utilisée ou la manière dont elle est appliquée à l’objet. Les pièces en céramique sont façonnées à la main, avec de la terre de Madagascar, à Antananarivo. Nous effectuons un gros travail de recherche en amont pour trouver la meilleure façon de le faire. C’est un long processus qui nécessite de la patience et un certain savoir-faire. Si on brûle les étapes, il faut tout recommencer. »

Ces surfaces incarnent donc des mouvements, la vocation du projet lui-même d’abord. « ARRA est né de la volonté de mettre en lumière un artisanat moderne et malgache qui se nourrit et s’enrichit de ce qui l’entoure, techniquement et esthétiquement. Cela donne naissance à des pièces hybrides à l’esthétique singulière et minimaliste, empreinte de modernité. » Les pièces conservent ce charme fait-maison propre au « vita gasy ». Ensuite, on y retrouve le parcours de la fondatrice elle-même, croisement du cœur malgache avec l’âme suisse. Ando Ramanantsoa est née à Madagascar mais elle a grandi en Suisse. « ARRA est la fusion de ces deux cultures. Pour notre première collection d’art de la table en céramique, cette fusion s’est traduite par les teintes dans les tons gris pastel et les finitions brutes des rochers helvétiques. Le tout façonné avec de la terre de Madagascar, tantôt blanche, tantôt rose brique. » Et bien sûr, les acquéreurs y trouveront aussi leurs penchants personnels. « Nos pièces à l’histoire et à l’esthétique particulières s’adressent à des personnes qui doivent y être sensibles. Acquérir des pièces ARRA, c’est vouloir posséder une partie de cette belle aventure. »

Justement, ARRA entretient une relation privilégiée avec son public, à travers des ateliers d’initiation à la poterie. « Les journées ARRA sont une extension du studio afin de faire découvrir notre univers au public. Ces ateliers sont destinés aux enfants et leurs parents à un prix abordable pour resserrer les liens autour d’une activité ludique. L’idée est de développer et d’éveiller la créativité de chacun. » Actuellement, le projet sort hors de son moule : une collection de céramique avec l’atelier de broderie D’Iles En Iles, un atelier à venir pour les adultes, et d’autres surprises à découvrir sur sa page Instagram.

Propos recueillis par  Mpihary Razafindrabezandrina

Laisser un commentaire
no comment
no comment - Plongée dans l’univers de Tohy : une exposition entre émotion et réflexion

Lire

4 février 2025

Plongée dans l’univers de Tohy : une exposition entre émotion et réflexion

Du 1er au 28 février, la galerie IKM Antsahavola présente Tohy, la deuxième exposition individuelle de l’artiste Haga Nisainana. Porté par l’univers m...

Edito
no comment - Les Gardiens de la Forêt de Tsitongambarika : un combat pour la préservation

Lire le magazine

Les Gardiens de la Forêt de Tsitongambarika : un combat pour la préservation

Au sud-est de Madagascar, au cœur d’une biodiversité unique et menacée, s’étend la forêt de Tsitongambarika.
Cette forêt tropicale, l'une des dernières de l'île, couvre environ 60 000 hectares et est classée comme Zone Clé pour la Biodiversité (ZCB). Elle abrite une richesse écologique inestimable avec des espèces endémiques que l'on ne trouve nulle part ailleurs : des lémuriens rares, comme le propithèque à front blanc ( Propithecus diadema ), et des oiseaux emblématiques tels que le foudi de Madagascar (Foui madagascariensis). Chaque année, des hectares de forêt disparaissent pour faire place à des cultures de subsistance ou à l'exploitation illégale du bois, en particulier les essences précieuses comme le palissandre et l’ébène. Les feux de brousse utilisés pour l'agriculture sur brûlis aggravent encore la destruction de cet écosystème. Mais ces menaces ne sont pas irréversibles. La préservation de la forêt repose en grande partie sur l’implication des communautés locales qui vivent à proximité. Face à la déforestation, à l’exploitation forestière illégale et à l’extension agricole, une lueur d’espoir émerge grâce à ces "gardiens de la forêt" : des communautés locales mobilisées pour protéger cet écosystème exceptionnel. Leur travail, souvent méconnu mais essentiel, est une preuve vivante que des solutions locales peuvent avoir un impact global. La forêt de Tsitongambarika est un symbole de résilience et de coopération. Un reportage photographique réalisé par Safidy Andrianantenaina dans la rubrique Grand Angle (p.44) du magazine.

no comment - mag no media 09 - Janvier 2025

Lire le magazine no media

No comment Tv

Making of Shooting mode – Tanossi, Haya Madagascar, Via Milano – Août 2024 – NC 175

Retrouvez le making of shooting mode du no comment® magazine édition Août 2024 – NC 175

Modèles: Mitia, Santien, Mampionona, Hasina, Larsa
Photographe: Parany
Equipe de tournage: Vonjy
Prises de vue : Grand Café de la Gare, Soarano
Réalisation: no comment® studio
Collaborations: Tanossi – Via Milano – Haya Madagascar

Focus

Taom-baovao

Taom-baovao, présentation de la programmation culturelle 2025 de l'IFM à Analakely, le samedi 18 janvier.

no comment - Taom-baovao

Voir