Ouverte depuis un an, Pi.lalao qui se trouve à Ivandry est une ludothèque avec plus de 200 jeux de société pour tous les âges. Sariaka Razanamparany, la fondatrice a voulu créer un lieu de rencontres, d’échanges pour pouvoir se nourrir l’esprit.
L’idée de créer Pi.lalao ?
J’étais salariée d’une banque à Toulouse pendant 16 ans. Ensuite, je suis rentrée à Madagascar en 2021. Je me suis posée la question si je voulais travailler dans une banque toute ma vie ! J’ai aimé mon travail mais je souhaitais quelque chose de plus impactant et plus rapidement. Comme j’admire les gens qui vivent de leur passion et que je n’ai aucun vrai talent, je ne cuisine pas assez bien pour ouvrir mon restaurant, ma voix n’est pas assez belle pour en faire une carrière, je ne suis pas une artiste née… Je me suis dit que j’aimais jouer. D’où l’idée de créer Pi.Lalao, un lieu fixe, une ludothèque où on peut venir jouer avec un volet social et solidaire à travers des ateliers, des jeux et du bénévolat régulier dans trois structures notamment dans un orphelinat, une école et une association.
Plus de 200 jeux pour enfants et les adultes ?
Oui, des jeux de société avec des catégories variées entre les jeux de stratégie, de logique, d’ambiance, d’imagination… Le jeu a le pouvoir de réunir les personnes, de stimuler les aptitudes de chacun notamment l’observation, la réactivité, la logique, la négociation… d’encourager l’expression des émotions, du laisser-aller… Le jeu est aussi une expérience positive où l’on apprend à jouer avec les autres, à suivre les règles, à se surpasser, à ne pas tricher…
Les jeux qui marchent le plus ?
Chez les petits, c’est plutôt Croque-Carotte, chez les plus grands, c’est Mytho, King of Tokyo ou The Islands. Chez les adultes, plutôt des jeux qui font rires. Sinon, il y a les jeux traditionnels malgaches comme le Fanorona ou le Katro. Et un jeu que j’aime beaucoup et qui est fabriqué par des malgaches, c’est le Lamako, un jeu de plateau ludique pour découvrir ou redécouvrir la culture malgache. Il y a plusieurs thèmes qui sont abordés sous forme de questions-réponses comme la faune, la gastronomie, la flore, la vie, les traditions… On peut tomber sur des cartes CHANCE comme « la fête nationale » ou la carte moins chanceuse comme le « délestage. »
Des jeux, des soirées et des ateliers également ?
Oui, nous organisons des soirées ados, adultes, en famille… Comme je l’ai précisé plus haut, je vais également dans différentes structures pour faire jouer les enfants. Ils aiment beaucoup Dobble mais aussi les jeux de mime. La dernière fois, j’ai collaboré avec une association qui a emprunté des jeux de Pi.lalao pour faire jouer des enfants dans un EPP à Ambatobe. J’organise également des ateliers, par exemple, avec Cecilia Marchetti sur le Babybrains, un atelier interactif et ludique de neurosciences pour mieux comprendre son enfant. Il y a aussi un atelier de théâtre pour adultes en anglais. Depuis la création du lieu, j’ai de bons retours, des fidèles joueurs qui reviennent et de plus en plus, de nouveaux joueurs qui ont compris que le jeu n’était pas un simple divertissement !
Les projets ?
Il reste encore de nombreuses choses à réaliser ici. C’est un pays d’avenir qui a du potentiel, le marché n’est pas saturé, il reste de nombreux besoins à couvrir… Je dirais qu’il n’y a pas d’obstacles à entreprendre mais plutôt des challenges au quotidien pour dynamiser son activité, être force de propositions, être à l’écoute de son environnement, trouver l’équilibre entre la vie de femme entrepreneur et de maman. Sinon, le vrai challenge ici à Madagascar, c’est de démocratiser le jeu, de faire venir les personnes dans un endroit pour jouer. Les personnes se déplacent facilement pour nourrir leurs corps en allant au restaurant, par exemple, mais sortir pour nourrir son esprit en venant jouer c’est encore une démarche à encourager. Encourager au maximum le jeu est un véritable enjeu. Je le vois dans les yeux des enfants démunis, c’est aussi par le jeu que peut se produire l’éveil de tous ces enfants. De nombreux pays ont déjà compris l’enjeu d’où l’existence de ludothèques financées par les pouvoirs publics. Mes projets, c’est pouvoir être un vrai réseau de ludothèques en ouvrant des Pi.lalao un peu partout à Madagascar.
Propos recueillis par Aina Zo Raberanto