Opération Bokiko : Ressusciter le livre
11 septembre 2023 // Assos // 1239 vues // Nc : 164

Rabearivelo, Raharimanana, ou encore Ravaloson, les noms qui viennent immédiatement en tête quand on parle de littérature malgache dans les salons internationaux. Pourtant, les nouvelles plumes ne manquent pas. L’association Opération Bokiko s’est donné comme mission de dénicher et d’accompagner ces jeunes talents. Elle ne se limite pas à appuyer les auteurs dans la création, c’est toute la chaîne du livre malgache qu’elle veut ranimer. Des ateliers d’écriture aux festivals internationaux, en passant par les coulisses de l’édition locale, Opération Bokiko pave le chemin vers une industrie du livre digne de ce nom.

Opération Bokiko est le fruit d’une révélation. Après un concours littéraire organisé dans le cadre du sommet de la francophonie en 2017, les organisateurs ont découvert des pépites, dont Mampianina Randria qui est aujourd’hui une auteure publiée. C’est pour les lancer dans l’écriture que l’éditeur Manantsoa Raparison et l’écrivaine Michèle Rakotoson ont fondé Opération Bokiko. « Il y avait cette idée de soutenir les lauréats, de les coacher et de les former, pour qu’ils soient vraiment des écrivains. », raconte la présidente de l’association, Holy Danielle Rabehaja. Depuis, l’association multiplie les initiatives pour les auteurs en herbe. « Nous organisons des ateliers à chaque deuxième samedi du mois à l’Ivon-toeran’ny Kolontsaina Malagasy (Centre Culturel Malgache). Là, nous faisons appel à des écrivains ‘professionnels’, c’est-à-dire ceux qui ont déjà sorti leurs livres. Nous dirigeons ceux qui ont des projets littéraires, malgachophones ou francophones. Face à l’angoisse de la page blanche qui peut durer des mois, nous nous soutenons entre nous. »  

Hors des murs, les membres parcourent la Grande Ile à la chasse aux talents, comme le rapporte Holy Danielle. « Lors d’un atelier d’écriture que j’ai animé au sein d’un CEG dans la campagne d’Ambositra, une fille était en larmes. En fait, elle ne se doutait pas que l’écriture pouvait être autre chose qu’un travail sérieux, de la même façon que l’école est sérieuse. Elle a découvert qu’elle pouvait exprimer ses émotions de cette façon, et jusqu’à maintenant, elle continue à m’envoyer ses textes.»

Côté édition, Opération Bokiko joue la carte de l’édition solidaire, c’est-à-dire une collaboration avec différents acteurs du livre, pour alléger les coûts tout en respectant les normes de l’édition. Une décision que la présidente justifie par le contexte à Madagascar. « Au début, nous avons édité les œuvres des membres ; mais nous ne pouvons pas continuer à cause de notre statut d’association. Alors, nous collaborons avec diverses maisons d’édition. De cette façon, les livres auront un ISBN (International Standard Book Number) ».

Mais qu’est-ce qu’une œuvre d’art sans son public ? Opération Bokiko, c’est aussi une initiative pour démocratiser l’amour de la littérature au reste de la société, le maillon qui boucle la chaîne du livre, hors des milieux littéraires traditionnels. Pour cela, la présidente supervise des caravanes de livres. « L’idée c’est d’aller dans des endroits enclavés de Madagascar. Dans les petites villes, la place publique est très animée le jour du marché, nous y allons pour vendre des livres, pour apprendre aux localités à les aimer. Nous voulons découvrir quels livres intéressent les paysans. » Une approche décentralisée qui commence tout juste. « Nous organisons un salon du livre et de la culture à Mahajanga. Depuis l’année dernière, il y en a aussi pour les paysans à Andriampamaky, actuellement nous travaillons sur un projet pilote là-bas. » A l’international, l’association envoie des membres au festival du premier roman à Laval (France). Avec ses projets de grande envergure, Opération Bokiko écrit les prochaines pages de l’histoire de la littérature malgache.

Propos recueillis par  Mpihary Razafindrabezandrina
Contact : +261 34 144 20 44

Laisser un commentaire
no comment
no comment - RANDRIANOTAHIANA Volaharisoa a reçu le prix national du concours international BIC ART MASTER

Lire

6 novembre 2024

RANDRIANOTAHIANA Volaharisoa a reçu le prix national du concours international BIC ART MASTER

La marque BIC© représentée par la SOMADIS son distributeur à Madagascar a organisé à la Cité des Cultures à Antaninarenina, le jeudi 31 octobre, la cé...

Edito
no comment - Une société inclusive, une responsabilité collective

Lire le magazine

Une société inclusive, une responsabilité collective

Chaque année, le 3 décembre, la Journée mondiale des personnes handicapées nous invite à une réflexion profonde sur l’inclusion, la dignité et les droits des personnes en situation de handicap. Bien plus qu’une journée de sensibilisation, elle constitue un appel à l’action pour bâtir une société réellement accessible à tous, où chacun peut vivre pleinement ses droits et ses aspirations.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus d’un milliard de personnes dans le monde vivent avec un handicap. Cela représente environ 15 % de la population mondiale. Pourtant, malgré ces chiffres, les obstacles à l’éducation, à l’emploi, à la santé et à la participation sociale demeurent omniprésents. La marginalisation des personnes handicapées n’est pas seulement une question de manque d’infrastructures, mais aussi de mentalités à transformer. « Debout ! », le reportage documentaire de la photographe et réalisatrice Felana Rajaonarivelo publié dans notre rubrique GRAND ANGLE fait partie des initiatives qui incitent à voir au-delà du handicap. Des histoires de femmes inspirantes, pleines de rêves et d’espoir. L’inclusion ne consiste pas uniquement à intégrer des rampes d’accès ou à adapter des outils de communication. C’est une démarche globale qui touche à tous les aspects de la vie : éducation inclusive, emploi équitable, accès à la culture, et reconnaissance pleine des capacités de chacun. Il s’agit de dépasser la charité pour embrasser l’égalité et la justice sociale. En sensibilisant dès le plus jeune âge, on favorise une génération future plus ouverte et respectueuse des différences.

no comment - mag no media 08 - Décembre 2024

Lire le magazine no media

No comment Tv

Making of Shooting mode – Tanossi, Haya Madagascar, Via Milano – Août 2024 – NC 175

Retrouvez le making of shooting mode du no comment® magazine édition Août 2024 – NC 175

Modèles: Mitia, Santien, Mampionona, Hasina, Larsa
Photographe: Parany
Equipe de tournage: Vonjy
Prises de vue : Grand Café de la Gare, Soarano
Réalisation: no comment® studio
Collaborations: Tanossi – Via Milano – Haya Madagascar

Focus

La 1ère édition du MAKUA FESTIVAL MUSIC

La 1ère édition du MAKUA FESTIVAL MUSIC organisée par SHYN et la Commune Urbaine de Toamasina du 31 octobre au 03 novembre

no comment - La 1ère édition du MAKUA FESTIVAL MUSIC

Voir