L’Union des Photographes Professionnels de Madagascar (UPPM) célèbre ses 10 ans cette année. Métier souvent relégué au second plan dans la société, la photographie est pourtant d’utilité publique. Comme le précise Masy Andriantsoa, son président, il faut valoriser le métier de photographe en mettant en lumière l'importance de notre contribution à la société et en encourageant le respect de notre travail.
Président de l’Union des Photographes Professionnels de Madagascar (UPPM)
L’évolution de la photographie à Madagascar ?
La photographie à Madagascar évolue dans le même sens que dans les autres pays avec la globalisation technologique et la facilité d'accès au matériel. Ce phénomène rend le métier de photographe légèrement plus difficile par rapport à la concurrence, mais il est encore difficile de le remplacer. Au débarquement de l'intelligence artificielle, des doutes sont apparus, mais quelques mois après, on a constaté que le photographe a encore une grande marge de manœuvre devant lui.
Quels sont les rôles et les missions de l’UPPM ?
Nous visons à légitimer le métier de photographe en établissant des normes professionnelles et en favorisant la reconnaissance officielle de la profession. Nous travaillons activement pour promouvoir le métier de photographe en organisant des événements, des expositions et des campagnes de sensibilisation pour mettre en valeur le talent et le travail des photographes locaux.
Nous nous engageons à valoriser le métier de photographe en mettant en lumière l'importance de notre contribution à la société et en encourageant le respect de notre travail et de notre expertise.
Une rétrospective de ces 10 ans ?
Dix ans de combats et de défis, avec un blackout qui a duré près de deux ans pendant la période du Covid et beaucoup de remise en question. Est-ce que ce projet est utile ? Est ce qu'on ne perd pas du temps pour une cause perdue ? Aujourd'hui, on a la réponse. L'association regroupe 30 photographes engagés les uns autant que les autres avec la même mentalité et attitude. De grandes institutions nous font confiance, nous n'avons pas l'intention de les décevoir.
Justement, quels sont les profils des photographes membres de l’UPPM ?
Ils sont très variés. On passe du photographe reporter au photographe de mariage en passant par le photographe de studio et animalier. Il faut savoir qu’un photographe membre de l’UPPM a de nombreux avantages. Par exemple, l’extension du réseau sachant que les photographes membres ont des parcours très hétéroclites, certains viennent du BTP, de l'enseignement ou encore de l’agronomie. Tout le groupe bénéficie de ces compétences et de l'influence qui va avec. Les photographes membres ont également droit à une carte UPPM qui sert de laisser passer à divers événements et la protection des œuvres et de l'entreprise du photographe par le biais d'un cabinet spécialisé dans la propriété intellectuelle et artistique.
Est-ce que le droit d’auteur est respecté à Madagascar ?
Est-ce que il y a des voleurs en Afrique, ou des cambrioleurs en Amérique ? Comme n'importe quel acte de délinquance ce sujet ne concerne pas que Madagascar. Il n'est pas toujours respecté, d'où la mise en place d'un département juridique au niveau de l'UPPM qui gère cette partie en collaboration avec un spécialiste de la propriété intellectuelle et qui intervient directement en cas de problème. Les autres difficultés actuelles sont la crédibilité du photographe et la prise au sérieux de ce métier. Comme il s'agit d'un domaine élevé de la pyramide de Maslow, il est très facile de négliger ce métier à Madagascar. Et pourtant, utilisé à bon escient, ce travail peut déplacer des montagnes.
Et vivre du métier de photographe, c’est possible ?
On peut vivre de n'importe quel métier, Madagascar ne fait pas exception. La différence réside dans l'application du métier proprement dit. Dans ce pays, un homme d'affaires, un comptable ou un spécialiste de la communication peut devenir président. Un photographe peut vivre de ce travail, et l'UPPM existe pour le soutenir. Mais il faudrait aussi un ordre des photographes comme pour les autres métiers. Ceci permettrait de régir pas mal de contraintes dans la promotion de ce travail. Certaines actions sont menées pour atteindre cet objectif.
Comment faire comprendre aux gens qu’une photo se paie ?
Il est possible d'éduquer l'opinion publique. À long terme et avec un effort continu, il y a malgré tout un effet positif. La preuve est qu’aujourd'hui, cette opinion est au courant de cette question de visibilité. Elle n'est pas forcément respectée, mais elle est connue, ce qui n'était pas le cas il y a 10 ans. Il nous appartient maintenant de la faire respecter par toutes les parties prenantes, c'est-à-dire les institutions, le public et les photographes eux-mêmes. Le marché a atteint le niveau le plus élevé de son existence en mars 2020. Et puis il y a eu la pandémie. Cela a remis les compteurs à zéro. Heureusement, la plasticité déjà préétablie et la relance économique a permis de reprendre sa vitesse de croisière. On n'est pas encore au même niveau de performance, mais on s'y rapproche. Historiquement, le barème de prix minimum proposé par l'UPPM n'a pas beaucoup progressé depuis plusieurs années. Ces barèmes sont accessibles sur notre site uppmada.com.
Les événements pour la célébration des 10 ans ?
Il y aura énormément d'activités durant cette année de célébration. Il y aura plusieurs formations entre autres sur la propriété intellectuelle, l'entreprenariat, la formation des formateurs... Plusieurs expositions au programme suite à des concours et des marathons photos organisés à Antananarivo, Antsirabe et à Tamatave. Un grand concours avec les photographes de l'Océan Indien se fera au mois d'août. Ces activités s'étaleront jusqu'au 10 avril 2025 et seront clôturées par une soirée de Gala au Radisson Blu à Ambodivona.
Propos recueillis par Aina Zo Raberanto
FB : UPPM
Contact : uppmada.com