Kyàlaa : Reggae hip hop
2 mars 2023 // Musique // 3078 vues // Nc : 158

Si le reggae est fortement représenté par les hommes, des femmes comme Kyàlaa parviennent à s’imposer dans le milieu. Elle veut faire entendre sa voix à travers des textes engagés et un style reggae hip hop fusionné aux rythmes traditionnels malgaches. Un toast assuré !

Le virus du reggae, c’est son père qui l’a transmis. « C’est un très grand fan. Pendant ses congés, on entend les Luke Dube, les UB40 à fond dans la maison toute la journée. En plus du look qu’il a adopté ! » Faire de la musique, ce n’était pas encore dans ses projets. Après les études et après avoir décroché un boulot, elle se laisse d’abord tenter par les dreads et elle est également présente dans tous les concerts reggae. Mais en parallèle, elle commence à écrire. « En fait, c’est la présidente de Vakana Sound Sista qui m’a convaincue de partager ce que je fais, de ne pas me contenter d’écrire mais de vraiment passer à un stade supérieur. » En 2017, elle se lance donc dans la chanson mais juste avec des instrus téléchargés. La véritable rencontre se déroule en 2019 lorsqu’elle croise le chemin d’Eric. « Il m’a dit que sans de vrais musiciens, mes textes n’avaient aucun sens même si les messages sont forts. » C’est à partir de ce jour que le groupe Kyàlaa & sesKôfa est né avec Eric à la basse, Maholy à la guitare, Tahiry à la batterie, Henintsoa aux percussions et bien sûr Kyàala au chant. Ensemble, ils ont créé leur style, du reggae hip hop fusionné avec des rythmes traditionnels malgaches. On peut dire que le rap et le reggae véhiculent le même combat, le côté révolutionnaire et les messages conscients. « Mes musiciens ne viennent pas du tout de l’univers reggae. Ils sont plutôt dans le tropical, le jazz et la musique traditionnelle. C’est pour cette raison que nous avons décidé de mélanger ces deux univers. »

Pour Kyàlaa, avoir de vrais musiciens est un véritable atout. « Il y a beaucoup plus de liberté que de s’enfermer dans des riddims (séquence musicale) de 3 minutes par exemple. Mais il y aussi les partages, les échanges et beaucoup d’expériences. Pour ne citer que notre résidence à l’Alliance Française d’Antsirabe au mois de juillet dernier. Nous avons appris énormément concernant le côté scénique, la structure, la composition… Nous avons clôturé cette résidence par un grand concert que nous avons considéré comme un examen. Et je dirais que nous l’avons réussi mais il faut maintenant appliquer tout ça dans les autres projets. » Leur différence, ils les cultivent sur scène mais aussi dans la vie de tous les jours et dans les textes. « Par exemple, notre soliste est membre d’une chorale, il prie beaucoup. Certains ne sont pas dans cette voie là mais cela ne nous empêche pas de jouer et de travailler ensemble. De trouver une cohésion pour faire marcher le groupe et avoir une vision commune. » Dans ces textes Kyàlaa parlent des faits de société, de la jeunesse, du gouvernement et bien sûr des femmes comme le titre Tsy fanaka malemy. « Comme le titre l’indique, nous ne sommes pas des sexes faibles. Le monde ne fonctionnerait pas sans la femme. Elle est un pilier dans la société. Je vis certaines discriminations et j’en vois beaucoup aussi. De plus, j’élève seule mon fils donc je suis en connaissance de cause. » Pour la jeune femme, le reggae est un véritable moyen pour faire des messages forts. Avec ses musiciens, ils préparent la sortie d’un mini-album prévue pour la fin de l’année.

Propos recueillis par Aina Zo Raberanto

Laisser un commentaire
no comment
no comment - Plongée dans l’univers de Tohy : une exposition entre émotion et réflexion

Lire

4 février 2025

Plongée dans l’univers de Tohy : une exposition entre émotion et réflexion

Du 1er au 28 février, la galerie IKM Antsahavola présente Tohy, la deuxième exposition individuelle de l’artiste Haga Nisainana. Porté par l’univers m...

Edito
no comment - Les Gardiens de la Forêt de Tsitongambarika : un combat pour la préservation

Lire le magazine

Les Gardiens de la Forêt de Tsitongambarika : un combat pour la préservation

Au sud-est de Madagascar, au cœur d’une biodiversité unique et menacée, s’étend la forêt de Tsitongambarika.
Cette forêt tropicale, l'une des dernières de l'île, couvre environ 60 000 hectares et est classée comme Zone Clé pour la Biodiversité (ZCB). Elle abrite une richesse écologique inestimable avec des espèces endémiques que l'on ne trouve nulle part ailleurs : des lémuriens rares, comme le propithèque à front blanc ( Propithecus diadema ), et des oiseaux emblématiques tels que le foudi de Madagascar (Foui madagascariensis). Chaque année, des hectares de forêt disparaissent pour faire place à des cultures de subsistance ou à l'exploitation illégale du bois, en particulier les essences précieuses comme le palissandre et l’ébène. Les feux de brousse utilisés pour l'agriculture sur brûlis aggravent encore la destruction de cet écosystème. Mais ces menaces ne sont pas irréversibles. La préservation de la forêt repose en grande partie sur l’implication des communautés locales qui vivent à proximité. Face à la déforestation, à l’exploitation forestière illégale et à l’extension agricole, une lueur d’espoir émerge grâce à ces "gardiens de la forêt" : des communautés locales mobilisées pour protéger cet écosystème exceptionnel. Leur travail, souvent méconnu mais essentiel, est une preuve vivante que des solutions locales peuvent avoir un impact global. La forêt de Tsitongambarika est un symbole de résilience et de coopération. Un reportage photographique réalisé par Safidy Andrianantenaina dans la rubrique Grand Angle (p.44) du magazine.

no comment - mag no media 09 - Janvier 2025

Lire le magazine no media

No comment Tv

Making of Shooting mode – Tanossi, Haya Madagascar, Via Milano – Août 2024 – NC 175

Retrouvez le making of shooting mode du no comment® magazine édition Août 2024 – NC 175

Modèles: Mitia, Santien, Mampionona, Hasina, Larsa
Photographe: Parany
Equipe de tournage: Vonjy
Prises de vue : Grand Café de la Gare, Soarano
Réalisation: no comment® studio
Collaborations: Tanossi – Via Milano – Haya Madagascar

Focus

Taom-baovao

Taom-baovao, présentation de la programmation culturelle 2025 de l'IFM à Analakely, le samedi 18 janvier.

no comment - Taom-baovao

Voir