Kezia Jonah « L’État ne nous aide pas »
4 janvier 2022 // Arts de la scène // 5394 vues // Nc : 144

À 20 ans, la danseuse et chorégraphe Kezia Jonah représente souvent Madagascar dans les concours internationaux. Elle aspire à devenir une vraie pro et bataille dur pour réaliser son rêve.

Elle est la seule danseuse malgache à suivre des études en danse traditionnelle et contemporaine à l’École des Sables, au Sénégal. Cette école créée par Germaine Acogny il y a 20 ans est un des lieux les plus réputés pour apprendre la danse contemporaine africaine ; elle initie les artistes aux différents styles de danses africaines et les aide surtout à trouver leur identité. Kezia Jonah a décroché son diplôme d’études internationales après trois ans riches en expériences et en rencontres, ce qui lui a permis d’évoluer et surtout de vivre de sa passion.

« J’avais des professeurs comme Julie Dossavi, Karyn Vyncke, Allesandra Seutin ou Jonathan Burrows. Il y a également les échanges avec les danseurs qui aspiraient à devenir professionnels comme moi. » Mais pour y arriver, elle a dû braver des obstacles, notamment financiers.  « L’État ne nous aide pas. J’ai dû me débrouiller en faisant des levées de fonds, vendre des sandwichs pour pouvoir acheter mon billet d’avion et mes droits d’inscription. Mais à force de détermination, j’y suis arrivée et je suis fière de mon parcours. »

Originaire de Toamasina, Kezia Jonah est une danseuse née. Elle pratique le hip hop depuis l’âge de 12 ans et remporte le prix Expérimental durant le festival de danse urbaine Ambony Ambany en 2020, en affrontant 14 danseurs pendant 10 minutes non-stop. La même année, elle devait participer à un projet sur « l’engagement féminin » à Ouagadoudou, mais faute de financement et à cause de la fermeture des frontières, elle n’a pas pu y assister. Cela ne l’a pas empêchée de travailler sur sa première pièce chorégraphique intitulée Ampela (Femme) en s’inspirant d’histoires réelles de femmes. « Je commence d’abord par beaucoup de recherches et de discussions avant de créer des mouvements de base. Ensuite, je dessine les histoires à travers des images et des espaces remplis d’ombre en mouvement. L’usage des pas et des gestes traditionnels représentent l’identité de chaque individu. »

 « La danse est un langage. Comme tous les artistes, les danseurs doivent soulever des problématiques ou des situations qui dérangent », estime-t-elle. En décembre dernier, elle a été finaliste de la 4ème édition du concours Africa Simply The Best à Bobo-Diaoulasso au Burkina Faso, récompensant les trois meilleurs solos de danse contemporaine. Ce concours est une initiative du chorégraphe Serge Aime Coulibaly, directeur artistique et fondateur de Ankata, un laboratoire international de recherche, de création et de production des arts de la scène. Kezia a ainsi représenté Madagascar à travers sa pièce chorégraphique Beloved mettant toujours en avant la femme. Elle prévoit une tournée de ces pièces.


Aina Zo Raberanto

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Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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