Tsingory : 40 ans à écrire avec le corps
3 juin 2025 // Arts de la scène // 7703 vues // Nc : 185

Une danse, des générations. Créée en 1985, Tsingory s’avère être l’une des plus anciennes compagnies malgaches de danse toujours en activité. Avec son style de danse qu’elle dénomme « vako-jazz », la troupe a su traverser les décennies et célèbre cette année ses 40 ans de trajectoire chorégraphique bien malgache. Préparant le concert qui marquera cet anniversaire, entre deux pièces, Théo Ranjivason – chorégraphe – répond aux questions de NoComment.

©photo : compagnie Tsingory

Tsingory a 40 ans…
Quarante ans, avec un départ assez difficile. Mihera Damasy, Faly Zo Nantenaina Andrianjatovo, Annick Randimbison, Lala, Hanta Maholy Randrianaivo et moi-même nous sommes rencontrés en cours de modern jazz à l’école de danse de Voahangy Rasoanaivo. Nous avons cofondé la compagnie avec un nom inspiré d’un conte malgache : Tsingory, le danseur qui a échappé à la peine de mort grâce à son talent. Il n’y avait pas beaucoup d’écoles à l’époque, ni d’infrastructures adaptées. Nous dansions dans les salles de classe, dans la cour des écoles primaires publiques ou tout simplement là où c’était possible. Nous faisions des stages ici et là, sans rien maîtriser en particulier. Les commentaires démotivants de nos proches — comme quoi la danse ne pouvait constituer un vrai métier — ne nous aidaient guère. Mais nous avons persévéré, cherché à produire quelque chose de marquant, pour prouver le contraire. La danse n’est pas qu’une suite de mouvements, mais un art à part entière, porteur de messages, d’émotions, et même de revendications. C’est ainsi qu’est née la compagnie Tsingory.

Et avec elle le vako-jazz…
Créer une signature bien à nous — bien malgache — était notre idée. Le vakodrazana, danse folklorique, existait déjà depuis toujours. Nous avions deux options : l’améliorer en la restructurant, ou bien nous en inspirer tout en la fusionnant avec des pas de danse étrangers, comme le modern jazz, par exemple. Nous avons choisi la seconde option, d’où le nom vako-jazz, teinté de jeu de mots. Vako pour vakodrazana, et jazz pour modern jazz. Le mélange de cette âme malgache à notre parcours plus moderne a donné naissance à un style quelque peu contemporain, que le public a bien accueilli à l’époque. Il nous a même permis de décrocher le deuxième prix aux Rencontres Chorégraphiques Interafricaines de Luanda, en Angola, en 1995.

Bien accueillis par le public ?
Nous avons fait salle comble pour la première fois en 1995. Il ne s’agissait pas d’un spectacle de fin d’année dans une école, mais d’un vrai concert — grand public — au CCESCA. Et à deux reprises, s’il vous plaît ! (rire) Des collaborations avec de grosses pointures du showbiz malgache ont suivi ces guichets fermés : Poopy, Rossy, Bodo, Henri Ratsimbazafy, Mily Clément et bien d’autres. Nous avons aussi travaillé avec des stars mondiales comme Boney M, Whigfield…

Nous avons beaucoup voyagé grâce à la danse, en Afrique, en Europe, en Amérique du Sud et dans tout l’océan Indien. De grandes figures de la danse contemporaine malgache, comme Ariry Andriamoratsiresy ou Saroy Rakotosolofo, sont aussi passées par la compagnie.

Comment se porte la danse, aujourd’hui ?
Le 31 mai, durant notre concert pour souffler nos 40 bougies, nous avons raconté notre parcours et profité du moment pour faire un clin d’œil aux danseurs d’aujourd’hui. La vulgarisation de cet art — pour lequel nous nous étions battus à l’époque — est aujourd’hui atteinte. Malencontreusement, la danse a tellement évolué chez nous que sa vraie valeur commence à devenir floue. Les chorégraphes s’inspirent un peu trop des cultures occidentales, ou encore de l’afro, au point de perdre leur signature malgache et le sens même de leurs œuvres.

Propos recueillis par Rova Andriantsileferintsoa

Facebook : Tsingory
Contact : +261 34 05 522 05 (Tiana, Manager)

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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