Harido Randriamanantsoa « Soixante ans de rock malgache »
3 octobre 2021 // Musique // 1405 vues // Nc : 141

Hébergé par Le Garage Antsahavola, le Mozea’N’Rock Malagasy (Musée du rock malgache) se veut le pendant malgache du Rock and Roll Hall Of Fame ou du concept Hard Rock Café. Pour Dio, l’initiateur du projet, il était temps de donner au rock d’ici un lieu qui lui fût propre.

Comment est né le projet ?
Il a germé vers 2014-2015 quand j’ai vu le Rock and Roll Hall Of Fame and Museum de Cleveland.
Je me suis dit qu’il était possible de créer ici un espace dédié au rock malgache, aux fans et aux groupes. Mais à l’époque je n’avais ni les moyens ni les compétences pour monter une telle structure. J’ai d’abord créé une page Facebook Mozea’N’Rock Malagasy avec des publications d’archives. Mais petit à petit l’envie de creuser et de faire des recherches s’est fait ressentir.

Pourquoi un musée dans un pays qui n’a pas de tradition muséale ?
En 2017 on m’a demandé d’écrire un article sur le rock à Madagascar. J’ai discuté avec des gens très impliqués comme Harry Kotaba et Vahömbey et peu à peu l’idée a germé d’un lieu qui serait dédié au rock. En même temps, j’ai acquis des compétences dans le milieu de l’entrepreneuriat culturel et les échanges avec des directeurs artistiques m’ont beaucoup aidé. Et puis cette année, j’ai longuement discuté avec Hasina, la propriétaire du Garage à Antsahavola. Nous avons la même vision et le même état d’esprit puisqu’elle aussi adore le rock.

Pour commencer, un hommage à Apost ?
Avec Hasina, nous voulions un groupe emblématique et il se trouve que cette année Apost célèbre son 35ème anniversaire. Le groupe a donc fait un « show case » (mini-concert) avec dans l’assistance des formations historiques comme Kazar, Kiaka, Lokomotiva ou Volcano. Le but du Musée est de montrer autre chose que le côté rebelle du rock. Dans cette exposition, on retrouve l’histoire du groupe Apost mais aussi la vie de ses membres en tant que citoyens impliqués.

Un travail de longue haleine…
Toute une équipe a travaillé dessus pendant deux mois. Billy Veridick était en charge de la documentation et des illustrations textuelles, Herizo Rakotovao et moi-même pour la récupération d’archives en collaboration avec le groupe Apost et de Dekapy qui est à l’étranger. Côté installation, Ny Avo, percussionniste du groupe Jonjorombona, a réalisé les grilles pour afficher les photos alors que Damien Ralay du groupe Djanatt s’est chargé de tout ce qui est numérisation et Nicolas Distorsion du traitement des images et du son avec Giant Studio.

Le rock à Madagascar, plus de 60 ans d’histoire ?
Comme partout ailleurs, le rock a débuté ici dans les années 50 avec les disques de Bill Haley et d’Elvis Presley. On trouve les premières chansons à tendance rock avec le titre « Hey Baby » de Joachin Randrianarisoa ou « Bao » de Ny Railovy. Dans les années 1970, les sons ont évolué, plus électriques avec The Pumpkins, The Black Jacks, The Sparkling Rivers… Mais dans un cercle fermé et plutôt destiné à faire danser. Dans les années 1980, avec l’arrivée de nouveaux instruments, le rock est devenu plus lourd avec le groupe Doc Holliday de Toliara, un des pionniers, suivi par Apost, Kiaka ert Tselatra. Les années 1990 marquent l’apparition de courants alternatifs grâce au label Kotaba : le fusion rock, le punk, le métal commencent à s’installer. Il y a un groupe que j’apprécie particulièrement, Menalotsa. Malheureusement, il n’a pas été reconnu et s’est dissout rapidement.

Les années 2000 sont marquées par les nouvelles technologies.
C’est ce que j’appelle la génération « androïde » avec l’arrivée de Trinity, du core avec Outline et du pop-rock avec Ambondrona. En 2010, il y a aussi une ouverture sur l’international grâce à Harry Kotaba et son groupe UXT qui ont exporté leur rock underground à La Réunion. Il est également le premier à avoir importé un groupe de métal à Madagascar, Watcha. Cette visibilité internationale se poursuit aujourd’hui avec No Mady et Loharano.

Le rock, une musique en perpétuelle évolution ?
Le groupe qui a véritablement imposé les bases et l’identité malgache dans le rock, c’est Doc Holliday en apportant les sonorités du Sud. Mais les jeunes générations se rendent compte aussi qu’il faut être plus professionnel, il ne suffit pas de savoir jouer de la guitare. Le foyer du rock  reste Tana, mais avec des extensions à Antsirabe avec Dimyz ou Mortuary, à Toamasina avec Behind The Mask et à Fianarantsoa.

Le programme en ce qui concerne le musée ?
Nous allons maintenir le rythme d’une exposition tous les deux mois, en raison du temps de préparation. Entretemps, il y aura des petits concerts. L’exposition temporaire se fera dans la petite salle et la permanente dans la grande salle. Elles seront affichées sur les murs pour donner ce côté Hall of Fame au lieu. Quant aux thèmes, nous sommes ouverts à toute proposition à condition que le groupe ait un certain parcours et une quantité d’archives. Pas moins de cinq ans d’existence.


Propos recueillis par Aina Zo Raberanto

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