Doloïer : Voix poétique!
13 août 2024 // Littérature // 5422 vues // Nc : 175

Dox, Rado, … et maintenant Doloïer, qui se distingue par sa rareté. De son vrai nom Bonazafy Olodier, Doloïer est un poète Betsimisaraka passionné, qui apporte un souffle nouveau à la poésie locale. Reconnaissable pour ses poèmes publiés en dialecte Betsimisaraka sur sa page Facebook (Doloïer, poeta Betsimisaraka), il brise les conventions et célèbre la richesse culturelle de sa communauté à travers ses vers vibrants.

Dans sa quête d’identité littéraire, Doloïer a découvert l’importance de développer un style propre à sa communauté. « Longtemps influencés par les styles des hauts plateaux, j’ai réalisé en 2018-2019, lors de rencontres avec des figures comme Momo Jaomanonga et une visite chez Fanony Fulgence, l’importance de valoriser notre propre style poétique Betsimisaraka » explique-t-il. Dès lors, il écrit exclusivement en Betsimisaraka pour les Betsimisaraka. Né à Antalaha, le poète de 32 ans raconte que ses premiers poèmes remontent à 2004, inspirés des œuvres du grand Dox. Sa fascination pour la littérature a débuté dès son enfance passée à dévorer les livres. « J’étais un rat de bibliothèque. J’adorais découvrir ce que les autres écrivaient, et cela m’a conduit naturellement à écrire pour explorer mes propres questions sans réponse, particulièrement pendant mon adolescence ».

Pour Doloïer, l’écriture est devenue une forme de thérapie personnelle avant de se transformer en une mission de transmission culturelle en tant que Zama, un mentor et gardien de la culture Betsimisaraka. « Littéralement, Zama signifie oncle, mais dans le contexte Betsimisaraka, cette appellation signifie encadreur, parrain, car dans certains cas, l’oncle est obligé de chapeauter le rôle de père pour soutenir l’éducation de l’enfant. C’est alors pourquoi j’appelle mes abonnés et lecteurs : Sidivavy (nièces) et Sidilahy (neveux) ». Son rôle de Zama le pousse à éduquer les jeunes, en particulier les jeunes filles, pour les préparer à leur avenir social, conjugal, maternel et professionnel. Plus important encore, il souhaite faire vivre sa langue. « Comme l’a dit Fanony Fulgence lors de ma visite chez lui : c’est à vous maintenant de porter le flambeau ! …et personne d’autre ne le fera à ma place ».

À travers ses poèmes, il cherche à partager un message d’amour inconditionnel sans jugement. Ses inspirations proviennent de son observation quotidienne de la vie et des expériences semblables. « Une jeune femme m’a récemment arrêté dans la rue pour me remercier d’avoir écrit le poème « Ambila ho veloño ». Ce poème, publié il y a cinq ans a été crucial dans sa décision de ne pas avorter malgré un rendez-vous déjà pris avec un médecin ». En dehors de ses poèmes, il a contribué à diverses revues littéraires, comme TSARA SORATRA N°003, mais il a également participé au projet « Ressources éducatives Madagascar ». De plus, Doloïer a représenté le nord-est de Madagascar lors de conférences, récemment lors du « Famaranana ny iray volan’ny teny malagasy » en Belgique.

Engagé non seulement dans la littérature mais aussi dans l’activisme culturel, Doloïer et sa femme ont fondé « Sidivavy Mahery », une plateforme d’empowerment dédiée au soutien des jeunes filles et des mères célibataires de leur communauté. « Nous organisons des conférences, nous offrons des conseils, et accompagnons ces femmes pour les aider à surmonter leurs difficultés quotidiennes, professionnelles et conjugales » déclare-t-il. En plus de ses contributions, il explore d’autres passions telles que l’illustration graphique et la création d’un centre d’animation pour enfants.

Pour finir, Doloïer partage ses plus grands rêves : l’édition de ses deux recueils de poèmes en cours, ainsi que la publication de son conte poétique en langue Betsimisaraka intitulé « IVÖLAMALANDY ». En parallèle, il est enthousiaste à propos d’un projet d’illustration pour le livre « Les Rumeurs de l’Ile Rouge » écrit par René Bernard, un écrivain européen. Ce livre, illustré par lui-même est prévu de sortir cette année.

Cédric Ramandiamanana

Photos : Zawece Titanac
Facebook : Doloïer, poeta Betsimisaraka.


C'est un poème qui s'adresse aux SIDIVAVY pour la sensibilisation contre l'avortement.

AMBILA HO VELOÑO
(Aza mangala zaza sidivavy, fö, koa mbö nalaña anao tsy teraka..)
Atahörako sidivavy è..
Atahörako tsy haniry eky ny fontsy
Fôtony : efa firy nimbotaña,.. 'lay nalanao efa fôntry …"
Firifiry viavy mañiry zaza fö , tsy mety nahazo
Mañano tsikafara, namehy kisaly kakazo
Mavo lohalitry, mangataka amin'ny masiny Maria
Nandeha nañotro, nitsara lio..
Mañiry nin'ôlo, Kara tsy viavy..
Nefa anao sidivavy
Tsy nangataka fö namiaña..
Nataon-jañahary tiaña..!!

Kay : " AMBILA HO VELOÑO..
Mahita azy, mipotsiaka avy akö..
Na tany niboany tataka, tsy reñinao
Mikiririaka aby ny aiñy
Mampinono azy miföha mandraiñy..
Mahareñy azy mañantso anao " Ma-Ma"
I Babany " Pa-pa.. "…
Kay : " AMBILA HO VELOÑO..
koa tsy veloñonao …vilomin-Jañahary.. "
Tiako anao sidivavy ho Tonga saiñy,tsö haneñiny avy hafara
Tso anao namiaña boriny iñy, andeha hañano Tsikafara..!!!!
Kay : " AMBILA HO VELOÑO..
koa tsy veloñonao …vilomin-Jañahary.. "


Doloïer 10/09/2018

Laisser un commentaire
no comment
no comment - Paskero sort "C'est la bella vita"

Lire

7 septembre 2025

Paskero sort "C'est la bella vita"

Le chanteur français Paskero a annoncé ce 5 septembre la sortie de son clip « C'est la Bella Vita » chantant son amour pour Madagascar, qu'il interprè...

Edito
no comment - A moitié... mais plein

Lire le magazine

A moitié... mais plein

Madagascar, éreintée par les mauvaises nouvelles ? Eh bien, rien n’arrête désormais notre île-horizon. À force de scruter le verre à moitié vide, on a fini par rater le somptueux punch qui le remplit. Pourtant, il déborde joyeusement.Prenez la culture ! KVNTO, un chanteur de Toamasina rejoint l’album d’un monde qui parle plus de 200 langues (réellement ! pas juste un tour de Babel gadget). Mika Kely brille aux États-Unis, Betia en Europe, tandis que nos stylistes, écrivains et chefs VIP raflent des prix sur les cinq continents. Peut-être que Jaojoby, roi du salegy, ou le groupe Tarika, adulé jusqu’à Time « 10 best bands on planet Earth » nous avaient déjà avertis qu’on pouvait sortir la tête (et les talons).Côté technologies et sport, nos talents raflent médailles et trophées. Jiu-jitsu, pétanque jusqu’au championnat en robotique… nos compatriotes font parler – en bien – de la Grande-île. Pour ce qui est des relations internationales – surtout en matière de développement économique - Madagascar a accueilli au mois d’août le 45ᵉ sommet de la SADC et s’est également positionné comme partenaire-clé au TICAD19 Japon, avec création d’une Chambre de commerce nippo-malgache. Voilà ce qu’on appelle être tellement en lumière qu’on brûle un peu nos lunettes pessimistes.Oui, les problèmes persistent. Mais à NoComment, on choisit de braquer le projecteur sur ce qui marche. Pour cueillir ces pépites, il faut parfois arrêter d’écouter les mauvaises ondes. Alors oui, le pays est à moitié... plein. Et on va continuer à le dire, haut et clair.

No comment Tv

Making of shooting mode – AOÛT 2025 – NC 187

Retrouvez le making of shooting mode du 𝗻𝗼 𝗰𝗼𝗺𝗺𝗲𝗻𝘁® magazine, édition août 2025 - NC 187.Prise de vue : Ankaditany Ampitatafika 
Collaborations : Tanossi  – Via Milano mg  – HAYA Madagascar  - Akomba Garment MG - Carambole 
Make up : Réalisé par Samchia 
Modèles : Fitahiana, Mitia, Nolan, Ulrich, Mendrika, Odyah, Johanne, Stevie, Santien, Mampionona 
Photos : Andriamparany Ranaivozanany 

Focus

MOOR1NG

MOOR1NG au Palais des Sports Mahamasina

no comment - MOOR1NG

Voir