« Ilay voa » Prenons-en de la graine
3 décembre 2020 // Cinéma // 4483 vues // Nc : 131

Le court-métrage « Ilay voa » (La Graine) a été réalisé dans le cadre du programme d’Aide à la création d’art numérique de l’association La Teinturerie, financé par African Culture Fund (ACF). Un film de sensibilisation à la protection de l’environnement sur le mode fantastique.

L’environnement, une cause que le cinéaste Rado Andriamanisa a déjà cherché à défendre avec « Reboisons notre avenir » (2019), en collaboration avec l’ONG Graine de vie. « Ilay voa » (10 mn, 2020) raconte l’histoire d’une graine de plante endémique malgache qui confère des pouvoirs particuliers.  « On dit que lorsqu’une personne consomme cette graine, son âme peut être transportée vers un autre corps », explique le réalisateur. La graine permet également de régner sur la nature. Elle est détenue par des hommes sages qui vivent en parfaite harmonie avec l’environnement et qui l’utilisent lors des rituels de demande de bénédiction aux Vazimba (les premiers habitants de l’île) et aux Ancêtres.

Un soir, cependant, ils sont attaqués en plein rituel par un groupe de « dahalo » (bandits de grand chemin), déterminé à s’emparer de la graine. La scène de l’attaque bénéficie d’une réalisation magistrale digne des scénographies brookiennes dans lesquelles rien n’est laissé au hasard sur « l’espace vide ». Elle résulte de la collaboration harmonieuse entre le cinéaste et les membres de l’équipe technique du film qui ont apporté leur contribution respective.

Les acteurs jouent de manière convaincante en  montrant la violence et le désordre induits par la situation. Razafiarivony Andriatianarivelo a conçu des costumes qui reconstituent très bien l’époque de l’histoire , le XIXème siècle. Taka, Hery Zo, Éric et Jedidia ont eux également contribué à la reconstitution historique au niveau du décor et des accessoires. Steevie « Artfeed » Rasoanaivo et Weedy Masindraoka ont quant à eux conçu des effets spéciaux et des images de synthèse de toute beauté : des coulées de sang, des tombées de foudre, un symbole ésotérique en forme de spirale ainsi que le vol d’un papillon endémique. La musique tribale mêlant percussions et battements de cœur renforce l’atmosphère menaçante de la scène. 

Le film éveille notre conscience écologique à partir du moment où la graine finit par tomber entre les mains d’un « dahalo » nommé Rabefantsy. Que peut-on attendre d’un brigand régnant sur la nature ? Rabefantsy nous renvoie à notre propre image d’homme surexploitant et saccageant l’environnement. Et c’est là que la seconde signification du titre du film intervient car « Ilay voa », littéralement « La graine », peut également se traduire par « La victime ». L’homme finira lui-même par être victime des destructions qu’il inflige à la nature dont il est tributaire.  

« Ilay voa » a fait l’objet d’une restitution qui s’est tenue le 16 octobre 2020 à la Teinturerie Ampasanimalo. D’après Rado Andriamanisa, le film n’est que l’aperçu d’un projet de long métrage nécessitant une aide à la production. Une cagnotte pour une opération de crowdfunding (financement participatif) sera à ouverte pour ce « work in progress » qui mérite amplement d’être soutenu.

Propos recueillis par Aina Randrianatoandro
Association des critiques cinématographiques de Madagascar (ACCM)

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Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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