Hasina Rabenantoandro : « Les fruits séchés comme alternative au gaspillage »
6 août 2022 // Entreprendre // 4672 vues // Nc : 151

Lauréate de l’édition 2022 du « Prix de l'entrepreneuriat agricole », elle a vu ses efforts récompensés dans le domaine du séchage des fruits et légumes, à travers son entreprise Lycheeland Madagascar. Si la consommation de fruits séchés n’entre pas encore dans les habitudes locales, ce peut être un vrai pilier de développement de l’économie locale.

Pourquoi les fruits et légumes séchés et en poudre ?
C’est un secteur en plein essor car les gens se rendent compte qu’il est préférable de consommer sain, non transformé et surtout certifié biologique, comme nos produits. Je n’ai pas de formation en agroalimentaire, j’ai fait des études en management avec 15 ans d’expériences dans le textile. En créant Lycheeland Madagascar, je me suis donné comme mission de valoriser nos produits. Des fruits, nous en avons en quantités considérables, exceptionnels en qualité comme en diversité. Malheureusement, le pays en produit plus qu’il n’en consomme, d’où l’idée, à travers cette activité, de lutter contre le gaspillage alimentaire.

La technique du séchage apparaît simple de prime abord ?
C’est la circulation d’air chaud qui favorise l’évaporation de l’eau. Pour y arriver, cela demande

de solides notions sur la teneur en eau, son pH (acidité) et son degré d’activité… Ce n’est pas de la cuisson, c’est un séchage à basse température qui permet au fruit de garder tous ses nutriments et vitamines pendant deux ans. Quand il n’y a plus d’humidité, les petites bêtes ou les moisissures ne se développent pas. Au lieu d’avoir un ananas frais qui va pourrir au bout d’une semaine, il est donc possible et avantageux de le faire sécher ou de le réduire en poudre de fruits.

Quelles sont les variétés de fruit utilisées ?
Tous les fruits qui poussent à Madagascar. Par rapport aux autres pays d’Afrique, notre force sur le marché international est notre variété. Par exemple, au Burkina Faso, au Bénin et au Ghana, trois pays qui excellent dans le séchage de fruits, seuls sont utilisés la mangue, l’ananas et la banane. Nous, nous avons la possibilité d’offrir un large choix : litchi, pok pok, jacquier, ramboutan, etc. En une année, nous produisons près de 30 tonnes de fruits séchés avec une moyenne de 8 à 10 % de rendement. Cela équivaut à 300 tonnes de fruits frais traités qui, pour 90 %, vont à l’exportation : 65 % vers le Japon et le reste vers l’Union européenne, la Suisse et le Canada. Comme déjà précisé, nos produits sont certifiés biologiques puisque sans aucun conservateur.

« Il faut savoir que les résidus de pesticides annulent les bienfaits des fruits »

La certification bio permet d’accéder à un marché plus grand…
À l’international, 80 % de la demande se focalise vers le bio, c’est pour cela que j’ai choisi cette filière. Il faut être certifié par un organisme tiers, compétent et reconnu, qui va vérifier tout le processus de la récolte au transport en passant par la transformation, jusqu’au consommateur. Cet organisme vérifie et garantit que dans toutes ces étapes aucun constituant chimique n’intervient. Il faut savoir que les résidus de pesticides annulent les bienfaits des fruits. Avoir la certification requiert de professionnaliser tous les acteurs impliqués dans le processus, que ce soit les producteurs, les transporteurs et les transformateurs. Ainsi, on établit des contrats de partenariat avec des paysans aux quatre coins de Madagascar et on les forme aux bonnes pratiques d’hygiène et à l’agriculture biologique.

En tant que lauréate de l’édition 2022 du « Prix de l'entrepreneuriat agricole », financé par le Fonds Pierre Castel, vous avez de bonnes raisons de vous réjouir…
En 2019, j’avais déjà participé au Salon international de l’alimentation (Sial) à Toronto, au Canada. J’ai pu voir qu’il y a une vraie demande pour nos produits. Malheureusement, on parle toujours de Madagascar comme d’un « pays d’échantillon » car quand il faut produire de grandes quantités, on n’arrive pas à suivre. Grâce à ce prix Pierre Castel, doté de 10 000 euros et d'un programme de coaching personnalisé, je vais pouvoir mettre en place la création d’un laboratoire en Recherche & Développement pour garantir la qualité et la sécurité des produits, et accéder ainsi un peu plus aux marchés national et international. Nous avons également fait un rebranding de nos packagings, plus classe et épuré et qui répond plus à mon positionnement aujourd’hui.


Propos recueillis par Aina Zo Raberanto

Laisser un commentaire
no comment
no comment - Exposition : L’économie a bonne mémoire

Lire

10 octobre 2025

Exposition : L’économie a bonne mémoire

De l’époque des royaumes à l’ère républicaine, Madagascar raconte son parcours économique à travers une exposition inédite. Organisée par FTHM Consult...

Edito
no comment - Mada fait son cinéma

Lire le magazine

Mada fait son cinéma

Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

No comment Tv

Interview - Mascha et Vincent Paquot Rasquinet - Octobre 2025 - NC 189

Découvrez 𝐌𝐚𝐬𝐜𝐡𝐚 et 𝐕𝐢𝐧𝐜𝐞𝐧𝐭 𝐏𝐚𝐪𝐮𝐨𝐭 𝐑𝐚𝐬𝐪𝐮𝐢𝐧𝐞𝐭, comédiens, dans le 𝐧𝐨 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞𝐧𝐭® NC 189 - octobre 2025. 
Au mois de septembre, les compagnies belges 𝐓𝐢𝐠𝐮𝐢𝐝𝐚𝐩 et 𝐅𝐓𝐋 𝐉𝐮𝐠𝐠𝐥𝐢𝐧𝐠 étaient de passage à Madagascar. Initialement venus dans la Grande île pour assister au mariage de leurs amis, les deux comédiens ont eu un agenda très chargé. Ils ont présenté – presque chaque jour – la pièce muette « 𝑰𝒅𝒚𝒍𝒍𝒆𝒔 𝒂𝒃𝒓𝒂𝒄𝒂𝒅𝒂𝒃𝒓𝒂𝒏𝒕𝒆𝒔 ».

Focus

Randonnée du CASM

Randonnée du Club des Amateurs de Scooters de Madagascar - CASM - à Behenjy, le 17 octobre.

no comment - Randonnée du CASM

Voir