Christian Andriambelo : Du lifting pour œuvres d’art
6 novembre 2024 // Arts Plastiques // 1326 vues // Nc : 178

Christian Randriambelo parle de « tableaux marary » (tableaux malades) pour désigner ceux qu’il restaure. Aussi délicat qu’une chirurgie cardiaque, son métier bat au rythme de la précision scientifique et l’amour de l’art.

De quoi peut souffrir un tableau ?
Déjà, la poussière peut l’assombrir. Les couleurs peuvent aussi changer, par exemple, le peintre a peint un ciel bleu ; ensuite, il l’a verni, mais le vernis jaunit en vieillissant, se superposant avec le bleu de ce ciel, le jaune donne du vert, ce qui fait qu’on a un ciel vert après trois siècles (rires). Dans ce cas, il faut enlever le vernis. Le climat tropical est aussi très nocif : au printemps, le tableau crame carrément et se gonfle, en hiver, il gèle et se raidit, d’ailleurs le vernis est là pour atténuer ces grands écarts thermiques. Les tableaux peuvent aussi se déchirer.

La restauration, toute une science ?
Dès ma première année d’études, on a abordé la physique-chimie et l’histoire de l’art. Puis on étudie la connaissance des matériaux et leurs différentes réactivités. Je dois bien comprendre quelles matières sont utilisées, bien étudier la réactivité de chacune d’elles : deux matières peuvent réagir très différemment avec l’eau par exemple. Il faut faire très attention pour ne pas se trouver avec de la peinture qui gonfle. Il faut considérer les produits chimiques, la souplesse, la réversibilité au cas où on fait une erreur. On ne rénove pas, on ne renouvelle rien : on conserve l’aspect originel du tableau, avec toutes les matières qui s’y trouvent.

Vos patients favoris ?
Certains sont accrochés au Rova, le Palais de la Reine. Ils datent du temps de la royauté, soit au XIXème siècle. D’autres, plus récents, sont du XXème siècle et, même des années 2000. Pour les tableaux plus récents, les couleurs sont déjà préfabriquées, c’est-à-dire que le peintre a juste acheté des tubes de couleur. Ce n’est pas le cas pour les plus vieux : pour obtenir une couleur, ils ont cherché des matières, les ont broyées comme de la farine, puis les ont mélangées avec de l’huile de lin.

Les opérations les plus critiques ?
Je pense que j’ai restauré cinq tableaux de grande valeur, vous savez le genre de tableaux qui font trembler les mains ! On n’ose pas les toucher tout de suite. C’étaient des tableaux des disciples de grands maîtres. Après toute la partie réflexion, je me lance enfin, et je suis satisfait du résultat après avoir eu la peur de ma vie, mais quelque part, c’est ce que j’aime dans ce travail (rires). Il faut savoir qu’une restauration peut durer de quelques jours à plusieurs années selon l’ampleur du dégât. A Madagascar, les descendants des anciens nobles ont aussi des tableaux coûteux.

Qui sont vos clients ?
Il y a des commandes institutionnelles, comme le travail qu’on faisait avec le ministère de la Culture et des restaurateurs étrangers, travail qui ne se fait plus du fait du changement de leurs priorités peut-être. Pour les particuliers, il y a ceux qui partent à l’étranger et font le tour des marchés aux puces, ou les antiquités, il peut y avoir des tableaux qui remontent au XVIIème siècle, mais seuls les connaisseurs prennent compte de leur valeur. On peut les acheter à bas prix, mais la valeur augmente après la restauration.

Propos recueillis par Mpihary Razafindrabezandrina

Téléphone : 0344852764

Laisser un commentaire
no comment
no comment - Tropic’Awards : Une première édition sous le signe du succès

Lire

3 mars 2025

Tropic’Awards : Une première édition sous le signe du succès

La première édition des Tropic’Awards, organisée par Tropi’Com, s’est tenue avec succès ce samedi 1er mars 2025 au Canal Olympia Iarivo. Cet événement...

Edito
no comment - Earth Hour pour la Planète

Lire le magazine

Earth Hour pour la Planète

Beaucoup plus discrète que l’iconique Journée du 8 mars sans pour autant être un combat moins pertinent, le 22 mars reste une journée ou plutôt une soirée à noter dans son agenda. En effet, de 20h30 à 21h30 cette soirée-là marquera une célébration des plus simples, mais des plus symboliques. Durant une heure, tout le monde sera invité à éteindre la lumière et couper les appareils électroniques non essentiels, en réponse à deux doubles urgences : celle du changement climatique et celle de la perte de biodiversité.
Madagascar est doublement impacté, dans la mesure où nous sommes un écosystème à part entière et l’un des premiers pays où l’on voit la conséquence du changement climatique. Au-delà de cette célébration pour le moins assez particulière je vous l’accorde, c’est tout un combat qui doit être réalisé par tout un chacun afin de réaliser un véritable changement.
Limiter sa consommation de charbon de bois, ne pas jeter ses détritus n’importe où ou encore privilégier le recyclage, voilà des petits gestes qui valent beaucoup. Chers lecteurs, soyons le changement que nous voulons voir !

no comment - mag no media 10 - Février 2025

Lire le magazine no media

No comment Tv

Making of Shooting mode – Tanossi, Haya Madagascar, Via Milano – Août 2024 – NC 175

Retrouvez le making of shooting mode du no comment® magazine édition Août 2024 – NC 175

Modèles: Mitia, Santien, Mampionona, Hasina, Larsa
Photographe: Parany
Equipe de tournage: Vonjy
Prises de vue : Grand Café de la Gare, Soarano
Réalisation: no comment® studio
Collaborations: Tanossi – Via Milano – Haya Madagascar

Focus

Lancement de la saison culturelle de l’Alliance Française d’Antananarivo

Journée portes ouvertes et lancement de la saison culturelle de l’Alliance Française d’Antananarivo à Andavamamba, le 08 Février.

no comment - Lancement de la saison culturelle de l’Alliance Française d’Antananarivo

Voir