Isaac Azaly « Dans la déconstruction et le désordre, j’ai découvert une certaine liberté »
14 mars 2024 // Arts Plastiques // 5229 vues // Nc : 170

Originaire de Mahajanga, Isaac Azaly est un artiste peintre qui imprègne son identité et son langage artistique dans chaque œuvre. C’est cet artiste autodidacte qui signe la couverture du no comment® magazine de ce mois-ci, laissant son empreinte indélébile aussi bien dans le numérique que dans le monde physique de l’art.

Que représente l’œuvre sur la couverture du magazine ?
Cette œuvre numérique fait partie d’une nouvelle série, succédant à l’exposition « Isegno » (Y penser) en variante régionale Betsimisaraka, que j’ai présenté à la galerie Mozaïk, Antsahabe en décembre 2023.  Bien que l’œuvre n’ait pas encore de nom défini, elle est en constante évolution. L’exposition explore la réflexion autour de l’impact des réseaux et des profils numériques. Pendant environ un an et demi, j’ai examiné comment les profils numériques peuvent conduire à des interactions parfois violentes ou faciliter le partage d’idées sur la société. Durant le confinement, l’utilisation des réseaux m’a permis de suivre l’évolution de mon travail, mais j’ai également constaté une forme de violence inhérente à ces plateformes. Cette observation a été le point de départ de mon travail : comprendre le langage actuel entre différentes générations, profils et débats sur les réseaux.

En tant qu’artiste, je me suis interrogé sur la démarche que je pouvais proposer. C’est ainsi que l’idée de l’exposition a émergé, explorant le problème de langage contemporain à travers le collage et la pixellisation du corps, qui symbolise la juxtaposition d’images correspondant parfois à la réalité, parfois déconnectées de celle-ci.

Vos débuts artistiques ?
Je suis un artiste visuel malgache. En 2010, ma transition vers une vie consacrée à la peinture a débuté. Adolescent, ma passion pour le dessin et les couleurs a été influencée par des mangas tels que « Akira » et « DBZ », ainsi que par les jeux vidéo, le cinéma, et les bandes dessinées accessibles à l’époque à Madagascar. Contraint de quitter le pays en 2002 en raison de la crise politique, j’ai eu la chance de poursuivre mes études à Lyon, forgeant ma conscience face à la double culture. Les couleurs, la musique, les textes de rap, et l’apprentissage de la vie ont été des éléments clés de mon expérience. Le retour en 2007 a marqué mon engagement dans la créativité sous toutes ses formes, perçue comme une voie prometteuse pour la génération « oubliée ».

Œuvre Numérique Ni Par Ciel Sec 2021
Engalia
Acrylique sur toile
140x140cm
Année 2017
Œuvre Numérique Etats Second
2022
Awanay 66x44cm Digital Art
Année 2018

Pouvez-vous nous expliquer votre démarche artistique ?
Après l’exposition « Isegno », j’ai introduit des volumes dans mes œuvres pour justifier la difformité. Dans mes explorations de déconstruction et de désordre, j’ai découvert une certaine liberté. La quête de singularité et de paix m’a conduit à combiner ces éléments à travers mes créations. En tant qu’artiste polymorphe, j’apprécie diverses techniques et suis constamment en quête de nouvelles expériences. En ce moment, je m’engage dans des œuvres qui se dégradent en utilisant différentes perles de manière délibérée. Cela symbolise le langage primaire de l’homme avec l’accès à la technologie, remontant au morse et aux premiers échanges humains. Puis, j’utilise également des détritus, non pas par écologie, mais pour symboliser le verbiage parfois considéré comme des déchets.

Qu’en est-il de l’œuvre numérique ?
Lorsque je travaille sur des œuvres numériques, la rapidité d’exécution offre une infinité d’idées à explorer. Je n’utilise jamais la couleur verte dans ma démarche artistique. Pour moi, cette couleur est prétentieuse, porteuse de pression et agressive. Bref, ces idées ont émergé depuis 2009 dans un carnet, évoluant des collages manuels à des retranscriptions sur Photoshop. En effet, l’idée du numérique a pris forme pendant le confinement, mais certaines œuvres numériques restent privées. En parallèle, je crée également des vidéos artistiques. Actuellement, je n’ai pas de projets en cours. Cependant, en avril, j’ai des projets futurs en préparation, qu’ils soient numériques ou sur toile. Les détails restent confidentiels pour le moment.

Propos recueillis par Cedric Ramandiamanana
Contact Isaac Azaly : +261 32 89 125 00
Facebook : Isaac Azaly

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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Modèles : Lana, Judicaël, Catuchia, Faravavy, Tojo, Mitia, Santien, Mampionona 
Photos : Andriamparany Ranaivozanany

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