Seheno sy Rondro, Charline mpanera, Joely Kely, pour ne citer qu’eux, quel facebookeur ne les connaît pas ? Ils plaisent à beaucoup de monde, « na ny mahantra na ny mpanankarena » (les pauvres comme les roches) comme dirait Andrianina Rajoelisoa ou Joely, le comédien derrière ces personnages.
Comment naissent ces personnages ?
Je les crée à partir de mes souvenirs, des personnes rencontrées ou aperçues de près ou de loin dans ma vie. J’ai toujours été très peu bavard mais très bon observateur. J’aime un peu moins écouter aujourd’hui mais quand j’étais petit, j’adorais observer les adultes et les écouter. Ce n’est pas du voyeurisme je vous rassure. Et donc tous les profils sont comme déjà stockés dans mon subconscient, ce qui fait que ça devient assez facile de les reproduire.
Et bien sûr comme pour tout comédien, les accessoires, les maquillages, les filtres aident beaucoup à rentrer dans les personnages. Je suis fasciné par le transformisme dans les films et le monde du spectacle. On peut devenir qui on veut grâce à un tas d’artifices fantastiques. Je trouve ça magique, j’ai beaucoup de mal à jouer mon propre rôle, je préfère toujours jouer quelqu’un d’autre.
Le rire pour faire réflechir ?
Ça va être très prétentieux mais je trouve que mon humour est assez authentique. Il est absurde mais vrai, totalement décalé mais sans fausse note, recherché mais simpliste. Il est parfois cru mais toujours tendre. Et par-dessus tout, il est toujours bienveillant. Bon, il est parfois noir mais toujours bon enfant. Et surtout, il y a de moi dans tous mes personnages. Je pense que mes abonnées le ressentent, ils ressentent ce moi (mes valeurs, mes principes, mes intentions, mes engagements, mes convictions) dans chacun de mes personnages, aussi bien incarné soit-il et aussi décalé soit-il, et ça c’est l’identité. J’essaie de véhiculer le plus de messages positifs. J’introduis toujours subtilement mes valeurs et mes engagements, comme le féminisme par exemple. Au-delà du rire et du divertissement, il faut toujours un message, aussi subtil soit-il.
Ils sont aussi très…Malgaches ?
Je n’ai jamais pu couper le cordon avec la Grande Ile malgré le fait que j’en suis parti. Et vu que pour l’instant mon public est exclusivement malgache, je dois rester à l’affut de la vie des Malgaches, je dois entretenir le lien avec Madagascar. Parfois, j’ai l’impression d’être à Antananarivo, tellement je me sens proche de mes abonnées et de ce qu’ils vivent et ressentent. D’ailleurs, quand j’ai commencé à faire des vidéos en 2020, c’était pour moi une vraie thérapie, pour me reconnecter avec tout ce que j’avais quitté du jour au lendemain. Je suis profondément tananarivien, et malgré tous mes dénis, mon départ a été violent et douloureux. Et les vidéos, le fait de m’être rapprocher des miens a été une véritable chance de me retrouver et de me redécouvrir par la suite.
Les projets sur écran et sur scène ?
Pour la suite, un petit million de followers ça ne me ferait pas chier (rires), et puis j’aimerais aussi conquérir d’autres publics, les Français, les Anglais, et j’ai une grosse très grosse envie de faire du cinéma. Mon deuxième spectacle, ce sera le 4 mai au Théâtre Traversière à Paris. Je l’ai appelé « MBOLA MIJORO » (Encore Debout) en référence au stand up et au fait que je suis encore debout malgré toutes les merdes. Je reviens sur scène après deux ans uniquement derrière les écrans, et je pense que ça va me faire beaucoup de bien, et aussi au public qui y sera. Pour un spectacle à Mada ? Mayyyybee !
Propos recueillis par Mpihary Razafindrabezandrina
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