Ses photos vous emmènent dans son imaginaire : dans la mode comme en art, sa photographie vous détache du quotidien, et parfois, de la réalité. Ce sont les images signées Joela Randrianantoandroson, ou Joela R sur Facebook et Instagram. Né et grandi à Madagascar, le photographe a commencé son travail il y a un an, à New York, avec l’envie et l’idée de partager sa vision du monde.
Des inspirations au-delà de la photographie ?
Mes inspirations ne sont pas très orthodoxes : ils viennent principalement du monde du cinéma tel que Denis Villeneuve du fameux Dune ou Sam Levinson de la série Euphoria, car le but principal de mes photos est de raconter des histoires. Les jeux vidéo, aussi : depuis mon enfance, quand mes parents nous achetaient des CD de jeux vidéo, j’étais souvent fasciné par les différentes approches artistiques sur les images de couverture des jaquettes. Et si je dois vous citer un modèle de photographe que j’admire, je dirais Annie Leibovitz qui a su amener et faire reconnaître sa vision au grand public : son portfolio comprend à la fois des photos en collaboration avec la Saga Star Wars, plusieurs couvertures du fameux Magazine Vogue avec plusieurs célébrités, et des campagnes avec de grandes marques. Mais pour moi, l’imagination a une dimension infinie, et ma démarche photographique aspire à en explorer les multiples facettes.
En jouant avec les perspectives, les lumières, les couleurs et les textures, je cherche à susciter des émotions et des réflexions qui transcendent les limites du monde tangible. Chaque image devient une invitation à explorer des univers parallèles, à se laisser porter par la beauté et le mystère qui se cachent derrière chaque scène.
De l’art à la mode…
J’aime beaucoup ce monde de fiction, mais j’ai l’autre facette de ma photographie que je mets plus en avant dans le domaine professionnel : c’est la mode « Fashion Editorial », inspirée des campagnes de pub des grandes marques comme Zara, Prada, Hermès, Fendi, etc. Le processus de création est très similaire à l’artistique : tout part de l’indispensable Moodboard, donc rechercher sur Internet, ou dans les magazines, des photos qui sont dans le « mood » du projet (couleurs, vêtements, maquillages, mise en scène, accessoires, environnement, etc.) et les compiler. Je suis en collaboration avec une Makeup Artist pour le maquillage et les costumes, puis il y a quelques séances de brainstorming à propos de la mise en scène avant de commencer la séance. Les idées sont toujours là, il y a juste le temps qui manque (rires). Les défis majeurs sont liés à l’aspect financier, c’est essayer de limiter le plus possible le côté budget tout en se surpassant sur l’aspect créatif : améliorer sa technique et ne pas juste faire un copier-coller du moodboard, car les clients vous ont choisi pour votre vision. Dans ce côté professionnel, ce qui m’a marqué, c’est d’avoir eu la chance de photographier ma première Fashion Week à Manhattan, New York en septembre 2023. Le fait que les organisateurs m’ont fait confiance pour être l’un des photographes à couvrir un défilé de 3 jours, avec une vingtaine de Designer, alors que je n’avais que quelques mois d’expériences, a été surréaliste et très instructif.
La photographie, une histoire de famille…
Je suis autodidacte, des heures de tutos sur YouTube, des recherches sur Internet et de la pratique. Mon frère, étant lui-même photographe, a aussi joué sur mon influence : le voir dans ce domaine en étant spectateur de loin était très inspirant. Bien que j’aie voulu tracer ma propre route et apprendre de moi-même, il m’a donné de précieux conseils, à la manière d’un grand frère. C’est grâce à lui que je suis à ce stade. J’ai acheté mon premier appareil photo au mois de mai 2023, du coup, cela fait un an et quelques mois maintenant que je me suis lancé dans cette aventure. J’ai toujours eu cette envie de vouloir raconter des histoires ou transmettre ma vision du monde et la photographie m’est apparu comme une évidence pour véhiculer toutes ces idées.
Aller au-delà de la réalité ?
Dans un monde saturé de réalité et de contraintes quotidiennes, la photographie a le pouvoir de nous transporter au-delà des limites de notre quotidien. En tant que photographe, mon objectif est de capturer et de véhiculer l'idée d'imagination et d'évasion, en offrant à ceux qui regardent mes images un espace pour rêver et explorer de nouveaux horizons. Le monde artistique est en pleine effervescence en ce moment, surtout grâce aux réseaux sociaux qui donnent de nombreuses possibilités. Je vois plein d’artistes Malagasy, dans tous les domaines qui font des choses incroyables en ce moment au niveau local et à l’étranger, qu’il faut se soutenir à fond. Et ceux qui veulent commencer à créer, à qui je dirais : commencez et persévérez, des aventures pleines de bonnes surprises vous attendent.
Des projets ?
Oui, j’ai commencé à apprendre la vidéographie il y a quelques mois maintenant : le concept sera plus centré sur des vidéos incorporant de la VFX, c’est-à-dire des effets spéciaux, qui sont ajoutés en phase de post-production pour le cinéma, et des vidéos de campagne commercial Fashion. Rendez-vous sur les réseaux sociaux où je partage la plupart de mes projets pour ne pas rater le résultat ! En ce moment aussi, des collaborations commerciales pour des marques ici aux USA et quelques films courts dont j’assure la photographie. Sinon le projet à long terme sera une parution dans Vogue Magazine, le temps nous le dira (rires). Dans les projets en cours, il y a le développement de mon entreprise, une boîte de production que j’ai créée ici, aux USA, depuis bientôt un an : Outcast Portal Ltd. L’entreprise sera axée dans la création audiovisuelle, elle n’a pas encore une identité fixe sur le genre de création, mais on travaille sur ça depuis quelque temps.
Propos recueillis par Rova Andriantsileferintsoa
Photos : Joela R.
Facebook : Joela R