Des nombreux projets de fabrication de matériaux sur le fameux tapia d’Itasy, un arbre endémique de Madagascar connu sous le nom scientifique de Uapaca bojeri, Famenonirina Tojofanambinantsoa est le premier à en avoir créé du vin. Le jeune entrepreneur a décidé, depuis trois ans, d’utiliser le fruit pour en tirer un apéritif. La douceur du vin blanc, combinée à une petite marque à l’odeur, rend le breuvage agréable en bouche, bien plus facile à avaler.
Du vin… de tapia ?
C’est une histoire qui a commencé à l’enfance. Etant fils de paysans d’Itasy, je me suis souvent demandé à quoi serviraient les tapia. En grandissant, j’ai choisi d’étudier l’agro-alimentaire à l’Université d’Itasy, et comme il fallait, en troisième année, trouver un thème auquel personne n’a jamais pensé, j’ai commencé à faire des recherches. J’ai compris que la région d’Itasy était reconnue pour les tapia, et que la plante était devenue emblématique. En 2018, j’ai essayé de faire du vin, puis plus tard, j’ai fait un stage à Fianarantsoa, qui est reconnu pour la fabrication de la boisson. Un peu plus tard, la région d’Itasy a lancé un concours de projet : nous étions une cinquantaine à y participer, et mon projet de vin de tapia a remporté le prix du plus innovant. Mérite qui m’a permis de recevoir une somme de 1 500 Euros pour acheter les machines et les matières premières.
Le projet est encore en cours de développement, c’est-à-dire qu’il s’agit, aujourd’hui encore, d’une startup. « Tapia d’Itasy » est la marque que j’ai essayé de produire pour protéger l’idée, mais aussi pour que tout le monde se souvienne que c’est la même marque qui produit les vins de tapia, bien que nous nous élargissions vers d’autres produits sur d’autres fruits. Le nom marque aussi la provenance, c’est-à-dire la région d’Itasy.
Quelles sont les particularités du vin de tapia ?
Il faut savoir que le tapia n’a pas de propriétaire : c’est une forêt sauvage. Je travaille avec des locaux qui m’aident à les récolter, et donc, à les ramasser, car on ne peut pas les cueillir directement sur l’arbre. Nous utilisons environ 10 à 15 kilos de tapia pour produire une bouteille. La saison dure deux mois, d’octobre à novembre, et parfois un peu moins, en fonction du temps. La transformation se passe durant ce moment-là, puis le traitement se déroule sur, en moyenne, six à sept mois. Avec mon équipe, nous en produisons le maximum parce que nous ne travaillons pas encore sur ce qui est conservation. Après le traitement, nous continuons avec l’analyse, puis la mise en bouteille, toujours en collaboration avec les artisans locaux, pour la corde comme pour l’infographie. Les bouteilles sont tout aussi respectueux de l’environnement, car nous les collectionnons, tout en nous assurons de bien les traiter et nettoyer.
Un vin apéritif par excellence ?
Le goût ne se différencie pas tant du vin blanc des vignes, mais sa grande différence est à l’odeur qui est un peu plus prononcée. Le traitement demande beaucoup de patience : le goût n’est pas le même qu’à nos débuts, car récemment, nous avons pris le temps, voir quelques années pour traiter, d’où son goût un peu sucré, mais assez fort. Bien que les Malgaches ne soient pas encore habitués à cela, j’essaye d’introduire peu à peu ce côté apéritif sur la table de chacun. Le nombre d’intéressés a augmenté, et notre production par conséquent. Comme il s’agit d’un apéritif, il aide à la digestion. En général, le tapia est utilisé comme un remède aux maux d’estomac, et la plante, pour favoriser la cicatrisation.
Mais il ouvre aussi l’appétit, et 15 minutes après un verre, on commence déjà à avoir faim. J’ai également reçu certains témoignages selon lesquels il aiderait à stabiliser la tension artérielle.
D’autres projets sur le tapia ?
Notre équipe prévoit de produire du vinaigre de tapia. Nous sommes dans la phase d’analyse, d’autant que nous avons commencé à travailler dessus il y a trois ans. C’est un produit fait à partir du vin de tapia, dans un même style que le vinaigre de cidre. Sinon, nous travaillons sur des produits de concentré de fruits de tapia, mais aussi de jus concentré, en essayant de travailler sur d’autres fruits. La marque reste celle du « Tapia d’Itasy », toujours pour lancer la région et mettre en valeur tous les produits locaux. Nous avons plusieurs points de vente : à O Lakoozi Ampefy, à Analavory, un à Arivonimamo et trois à Miarinarivo. Notre principal point de vente se trouve à Itasy, mais il y en a également dans la capitale, au Point Nelly Ambatobe, et au Shell Mandrimena. Dans l’optique de travailler avec les locaux, nous faisons également de la personnalisation : notre plus grosse commande, dans ce sens, a été une livraison de 150 bouteilles de vin de tapia pour un mariage. Nous avons un espace de stockage dédié à cela. Et c’est cela que je cherche à mettre en valeur en ce moment : il est important de soutenir nos locaux, nos petits entrepreneurs, et que nous, entre Malgaches, nous nous lançons ensemble !
Propos recueillis par Rova Andriantsileferintsoa
Facebook : Fameno Ti Ten - Tapia d’Itasy
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