Zaho Zay : Docufiction atypique
4 juin 2021 // Cinéma // 474 vues // Nc : 137

Primé aux Festivals de Marseille (FID) et Vienne (Viennale) 2020 et coréalisé par Maéva Ranaïvojaona et Georg Tiller, « Zaho Zay » (1 h 18, 2020) est un docufiction atypique tirant sa force de son habileté à flouter la frontière entre réel et imaginaire.

Le film s’ouvre sur un plan large de la devanture d’une maison. Une femme coiffée d’un chapeau de raphia, les yeux rivés vers l’horizon, semble attendre quelqu’un.
On reconnait la mélodie de Iny hono izy ravorombazaha, une célèbre berceuse malgache. On écoute la voix off censée exprimer la pensée de la jeune femme.
La qualité du texte écrit par l’écrivain malgache Jean Luc Raharimanana est surprenante.
Sa plume est reconnaissable tant le ton de la voix off est poétique et violent.  Raharimanana a fait un clin d’œil littéraire à « Za » (2008), une de ses œuvres antérieures.
Tandis que dans ce roman, il a écrit : « Rien ne pousse ici, homme nu. Ni les espérances ni même le cynisme ou la dérision des pauvres. », pour « Zaho Zay », le texte devient : « Rien ne pousse ici, ni la dérision des pauvres, ni le rire gras du pouvoir. »
Le montage est en parfaite adéquation avec cette voix off omniprésente. Des plans longs, le sens de l’errance et de la contemplation caractérise « Zaho Zay ».

Au fur et à mesure que le film avance, on apprend que la narratrice travaille comme gardienne dans une prison de Fianarantsoa.  Elle convoque le souvenir de son père. « Zaho Zay » se rapproche du court métrage documentaire « L’absence » (8 mn, 2016) de la cinéaste malienne Hawa Aliou N’Diaye  dont le thème tourne également autour de la quête du père. Dans « L’absence », la figure paternelle s’est écartée de la narratrice en passant toute sa retraite dans une mosquée. Une absence qui a perturbé l’enfance de cette dernière et qui la hante à tel point qu’elle voit son père en chaque homme âgé qu’elle croise. La narratrice de « Zaho Zay », elle, a été abandonnée par son père durant son enfance juste après que ce dernier eut commis un fratricide. Elle rêve qu’un jour, son père arriverait dans la prison de Fianarantsoa, et que son nom fasse partie de la liste des détenus qui doivent répondre à la présence de l’agent pénitentiaire. Le titre du film vient d’ailleurs de leur réponse à cet appel : « Zaho Zay » ou « C’est moi ».

Dans son imagination, la narratrice attribue un profil original à son père, celui d’un étrange meurtrier, coiffé d’un chapeau de paille, errant dans les campagnes et décidant du sort de ses victimes en lançant des dés.  Le fait qu’il confie sa décision de tuer sur le compte du hasard le rapproche du personnage d’Anton Chigurh, un tueur à gages psychopathe jouant la vie des gens à pile ou face dans le film « No Country for Old Men » (2007) de Joel et Ethan Coen. Les fantasmes de la narratrice virent au cauchemar à la suite de l’arrivée d’un nouveau détenu qui prétend connaître son père.


Propos recueillis par Aina Randrianatoandro
Association des critiques cinématographiques de Madagascar

Laisser un commentaire
no comment
no comment - RANDRIANOTAHIANA Volaharisoa a reçu le prix national du concours international BIC ART MASTER

Lire

6 novembre 2024

RANDRIANOTAHIANA Volaharisoa a reçu le prix national du concours international BIC ART MASTER

La marque BIC© représentée par la SOMADIS son distributeur à Madagascar a organisé à la Cité des Cultures à Antaninarenina, le jeudi 31 octobre, la cé...

Edito
no comment - Le géant de Madagascar

Lire le magazine

Le géant de Madagascar

Il peut mesurer plus de 25 mètres de haut, il est surtout présent sur la côte ouest de l’île, du nord au sud de Diego à Fort-Dauphin, et la revue Nature a publié une récente étude précisant que le baobab – africain et australien - est originaire de Madagascar. L’équipe de scientifiques du Jardin botanique de Wuhan (Chine) et de la Queen Mary University de Londres ont réalisé des analyses des gènes des différentes espèces d’Adansonia. La lignée de ces baobabs est apparue à Madagascar, il y a 41 millions d’années avant de se diversifier 20 millions d’années plus tard. Pour Onja Razanamaro, enseignante chercheuse à l’Université d’Antananarivo et spécialiste des baobabs au Centre de recherche du parc botanique de Tsimbazaza, ces résultats ne sont pas une surprise, mais plutôt une confirmation : parmi les huit espèces de baobabs, six sont endémiques de Madagascar. Par contre, chacun devrait être soucieux de sa protection, car certaines espèces sont vulnérables au changement climatique.

no comment - mag no media 06 - Octobre 2024

Lire le magazine no media

No comment Tv

Making of Shooting mode – Tanossi, Haya Madagascar, Via Milano – Août 2024 – NC 175

Retrouvez le making of shooting mode du no comment® magazine édition Août 2024 – NC 175

Modèles: Mitia, Santien, Mampionona, Hasina, Larsa
Photographe: Parany
Equipe de tournage: Vonjy
Prises de vue : Grand Café de la Gare, Soarano
Réalisation: no comment® studio
Collaborations: Tanossi – Via Milano – Haya Madagascar

Focus

Groupement des Concessionnaires Automobiles de Madagascar

La 14è édition du Salon de l’Auto organisée par Groupement des Concessionnaires Automobiles de Madagascar (GCAM), s’est déroulée au CCI Ivato du 10 au 13 octobre.

no comment - Groupement des Concessionnaires Automobiles de Madagascar

Voir