Vakamiarina : La perle de Madagascar
3 mars 2023 // Musique // 8550 vues // Nc : 158

En février dernier, Vakamiarina, traduit littéralement pas la Perle qui relève, s’est hissé à la 4ème place du World Music Trophy à Las Vegas sur 25 autres artistes issus de différents pays comme la France, le Mexique, la Colombie ou encore le Sénégal. Une autre victoire qui s’ajoute à son palmarès.

C’est sur une chanson intitulée Betsimiteny que Vakamiarina a défendu sa place. Un titre inscrit dans son album éponyme sorti en 2020. « Betsimiteny fait référence à notre terre. Une image de la terre qui se plaint à cause de la bêtise humaine. Et finalement, elle prend sa revanche avec les maladies, la famine… Pour ce concours, j’ai préparé trois chansons mais je pense que Betsimiteny me parle beaucoup plus. » Le World Music Trophy est un concours international de musique créé pour rassembler les talents de différentes cultures afin de célébrer la diversité. Les candidats étaient jugés sur différents critères notamment celui de savoir jouer en live, à jouer d’un instrument, l’originalité, le message… « Il devait se dérouler en 2020 mais à cause du Covid, tout était annulé. » Mais Madagascar a également été représenté par le groupe Takasy Hasy arrivé à la 3ème place. « C’est vraiment une fierté pour moi d’avoir représenté le pays. C’est une visibilité pour nous qui sommes des artistes un peu marginalisés ici à Mada. »

Et pourtant Vakamiarina est un artiste qui est sollicité surtout au niveau international. 2022 a été pour lui l’année des collaborations mais sous son vrai nom cette fois-ci, Andriamarosata Nantenaina. « Je porte mon nom sur la scène internationale en tant que compositeur et lorsque je travaille avec des artistes internationaux. Parce qu’avec Vakamiarina, il m’arrive parfois d’être en groupe » précise-t-il. Il a donc été qualifié et sélectionné pour être parmi les compositeurs de la musicienne et flûtiste américaine Beth Ratay sur la chanson Somewhere. « Je pense que je suis le seul artiste africain à participer à cet appel » note-t-il. En novembre de la même année, il figure parmi les compositeurs qualifiés au Taishogoto Workshop avec le musicien américain David Bohn. Le Taishogoto est un instrument de musique à cordes japonais ressemblant à une machine à écrire et qui possède des sonorités similaires à la valiha. « Cette création musicale devrait être enregistrée cette année ! Mais en 2021, j’ai également représenté Madagascar et gagné le 2ème prix au concours international de composition Merck Foundation More Than a Mother Song Awards. Toutes ces expériences me motivent pour approfondir mes recherches musicales. » Sur la scène locale, on le connaît pour son style teinté de folk et de rythmes locales. Il compte à son actif, quatre albums dont l’EP Mifoahaza (Réveillez-vous) en 2018, Misy Afo Iny (Il y a le feu) en 2019, Betsimiteny (Peu bavard) en 2020 et Hafahafa Be (Trop Bizarre) en 2022 tous disponibles sur les plateformes digitales. « Mes albums sont le fruit de mes différentes recherches à une période donnée. Par exemple, pour Misy Afo iny, je me suis basé sur l’orchestration mais selon ma vision.

Sur Betsimiteny, je reviens sur la guitare folk et acoustique tandis que pour Hafahafa be, ce sera plutôt des sonorités pop. » Vakamiarina, a toujours été bercé par la musique surtout la musique folk. C’est depuis son adolescence qu’il gratte la guitare sur les « tamboho » (les murs en terre) en interprétant les chansons folk malgaches des années 70 et 80. Il apprend à l’oreille et en autodidacte mais n’hésite pas à approfondir ses connaissances dans le domaine musical. L’idée de composer et d’écrire à germer dans sa tête au moment des manifestations politiques de 2009. « J’aime le folk parce que c’est une musique proche du peuple et qui parle des faits de société. » Ces derniers temps, ses compositions sont plutôt tournées vers l’instrumental qui lui permet de ressentir les vibrations des instruments, les notes, l’harmonie… « Cela ne m’empêche pas du tout de mettre des paroles. Je trouve que nous, les Malgaches, nous sommes plus sensibles aux textes. » Cette année sera encore plus fructueuse puisqu’il travaille sur plusieurs projets entre Mada, l’Afrique et ailleurs.

Propos recueillis par Aina Zo Raberanto

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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Prise de vue : no comment® studio 
Collaborations : Tanossi – Via Milano mg – HAYA Madagascar - Akomba Garment MG 
Make up : Réalisé par Samchia 
Modèles : Lana, Judicaël, Catuchia, Faravavy, Tojo, Mitia, Santien, Mampionona 
Photos : Andriamparany Ranaivozanany

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