Il a parcouru presque toute l’Ile, du Nord au Sud, d’Est en Ouest. Avec Tikih Ranjisoa, Madagascar se dévoile sous un nouvel angle. De la photographie aux réels, ce créateur de contenu passionné fait voyager ses milliers d’abonnés à travers les coins les plus paradisiaques de la Grande Ile, parfois si irréels qu’on se demande s’ils font toujours partie de Madagascar.
Avec plus de 32 000 abonnés sur Facebook, 8 000 sur Instagram et 9 700 sur TikTok, Tikih est devenu en quelques années une référence en matière de découverte touristique à Madagascar. Depuis ses débuts en 2020, il a su conquérir une audience grandissante, avide de paysages époustouflants, de bons plans et d’expériences inoubliables. « J'ai reçu des messages venant de l'extérieur me demandant de montrer de bons plans vacances ou de belles destinations. Les retours ont été incroyables, et c'est là que j'ai décidé de créer plus de contenus pour montrer la beauté de notre Ile », explique-t-il. Mais derrière les paysages de rêve se cachent des défis. Tikih se souvient de ses débuts, où il a dû investir de son propre argent pour réaliser ses vidéos, sans soutien d'agence. « Avec un ami, on avait pour projet de faire le tour de Madagascar et de documenter le voyage » confie-t-il. C’est après cette phase difficile qu’il est parvenu à intégrer une agence de communication et de tourisme, collaborant aujourd'hui avec des tour-opérateurs, et même avec le ministère du Tourisme.
L’une des raisons pour lesquelles Tikih s’implique autant dans la création de contenu est que, selon lui, beaucoup de Malgaches ignorent encore la richesse des destinations du pays. « C’est en partie notre rôle de promouvoir ces lieux ». Son style consiste à mettre en avant des plages paradisiaques, des hôtels de luxe, ou encore des bons plans culinaires pour un public étranger en quête de découvertes.
Pourtant, il souligne que ce travail ne se limite pas aux partenariats ou aux sponsors. Il arrive qu’il produise et partage des vidéos sans soutien financier, par passion pour la beauté de Madagascar. Mais ce qui distingue Tikih des autres créateurs de contenu, c'est son choix de rester derrière la caméra. « Je suis plutôt voix off et j’apparais rarement dans mes vidéos. Mais je travaille là-dessus, car il est important que l’audience puisse voir qui je suis » admet-il.
Licencié en Sciences et Techniques de l’Information et de la Communication (STICOM), Tikih attribue une grande partie de ses compétences à ses études. « Ce que je fais ne s’éloigne pas de ce que j’ai appris à l’université, même si le tourisme et le digital se mêlent désormais à la communication. » Pour lui, la création de reels fait pleinement partie de cet univers de communication. Toutefois, les risques du métier ne sont pas à négliger non plus.
Que ce soit en mer, où il a failli être emporté par les vagues, ou sur terre, en pleine randonnée, lorsqu’il a croisé des dahalo, Tikih a appris à ses dépens, l’importance de respecter les coutumes locales et les "fady" (tabous) propres à chaque région. « Ces expériences m’ont permis d’apprendre différents dialectes et de mieux communiquer avec les habitants ».
Côté collaborations, Tikih ne manque pas d'opportunités. Il a déjà travaillé avec des créateurs de contenu comme Tiary ou Mdg.aesthetics, mais aussi avec des marques locales comme Curly Aho. Partenaire officiel du projet « Loharano en voyage, » il intègre les produits made in Madagascar de la marque dans ses vidéos, emmenant ces articles dans ses explorations.
Toutefois, il déplore le manque de valorisation du travail des créateurs de contenu à Madagascar. «Ailleurs, les offices du tourisme et les ministères soutiennent les créateurs. De plus, la reconnaissance financière et la valeur de notre travail restent des sujets sous-estimés. Peu de gens réalisent les coûts de tournage, de matériel, ou de post-production ». Pourtant, la solidarité entre créateurs de contenu est l'un des aspects positifs de ce métier. «Nous nous soutenons mutuellement, ce qui crée une vraie cohésion. Nous voulons tous la même chose : montrer Madagascar sous son meilleur jour », dit-il avec un sourire.
Au-delà de Madagascar, Tikih rêve de repousser les frontières. Son ambition ? Explorer l’océan Indien, puis l'Afrique, et pourquoi pas, viser un jour l’international. «Je veux aussi explorer les petites îles de Madagascar, comme Nosy Tsarabanjina ou Ankao » , déclare-t-il. Avec un enthousiasme débordant, Tikih Ranjisoa représente une toute nouvelle vague de créateurs malgaches ! Malgré les obstacles, il fait briller Madagascar tant sur le plan local qu'à l'international !
Cédric Ramandiamanana
Photos : Tikih Ranjisoa
Facebook : Tikih Ranjisoa
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