The Dizzy Brains : Un quatrième album sans filtre
6 juillet 2024 // Que sont-ils devenus ? // 4853 vues // Nc : 174

C’était en juillet 2013, no comment® magazine présentait le groupe de garage rock The Dizzy Brains. Après 11 ans, des tournées mondiales, une convocation à la présidence suite à leur passage à l’émission du Petit Journal en 2016, et trois albums, ils reviennent avec « Maso Mahita » (Les yeux qui voient). Plus engagé que jamais, Eddy Andrianarisoa, le chanteur du groupe et lyriciste pour ce quatrième opus, est loin d’avoir rangé sa langue dans sa poche.

« ‘Maso Mahita’, c’est une gifle ». Une gifle pour les oreilles d’abord. Eddy Andrianarisoa décrit l’album comme plus rock, plus brut, plus en colère que son prédécesseur « Dahalo » (2021). Une musique qui porte des paroles également plus directes. « J’ai écrit le texte à 100%, les autres membres du groupe sont plus sarcastiques et ironiques, alors que moi j’écris du tac au tac. » Et pour cause, le groupe a produit l’entièreté de « Maso Mahita » à Madagascar, la musique témoigne de cette immersion directe, dans le bus, la vie quotidienne, et même au cœur des émeutes avant les dernières élections présidentielles. « Ce sont des faits que nous voyons, vivons, des faits qui ne sont pas nécessairement filtrés par le cerveau. »

Il en résulte des titres qui giflent les yeux pour se tourner vers ce qui se passe réellement. « On fait tout pour qu’on se désintéresse de l’avenir sociopolitique du pays, il y a des distractions qui rendent le peuple abrutis ». Tourisme sexuel, censure, autoritarisme, mentalités, autant de thèmes observés tout au long de la création de l’album, de leur résidence à Nosy Be jusqu’à la capitale. « Le thème principal c’est l’abrutissement du peuple. Il y a beaucoup de choses dont on ne parle pas ici. A Nosy Be, on voit des gamines de 15 ans avec un vazaha de 60 ans. A Tana, lors d’une interview du président, tous les militaires applaudissent alors qu’il n’y a rien de concret dans son discours. » Un titre en particulier fait état de la mentalité de certains Malgaches qui abandonnent leurs idéaux contre de l’argent, « Tsy Manetsa », un terme soutenu pour désigner la prostitution.

Pour Eddy Andrianarisoa, son parcours personnel explique pourquoi il avance en tant qu’artiste engagé. « Il y a cinq ans, j’étais juste un gars qui s’amusait beaucoup et qui sortait la nuit. Maintenant je suis marié, j’ai un enfant, ce qui fait que je m’intéresse plus à l’information, je me fais un avis, j’essaie de rendre mes idées justifiables, par rapport à ce qui se passe. » Même prise de conscience pour le groupe, en enchaînant les concerts à l’étranger pendant cette décennie de carrière, ils ont remarqué que les Malgaches sont plus sensibles si on dénonce ce qu’il y a à Madagascar depuis l’étranger. Cette fois, c’est un album produit au pays et pour le pays, là où Eddy Andrianarisoa voit aussi le reflet de l’abrutissement dans la culture. « On chante en malgache et non plus en anglais comme avant. Les Malgaches n’aiment pas qu’on raconte la merde dans laquelle ils vivent, ce sont toujours les belles plages, le tourisme, tout ça. Quel est le pourcentage des œuvres revendicatives parmi celles qu’on diffuse à la radio et à la télé ? Je ne fais pas de la musique pour plaire, ni pour de l’argent, mais pour dénoncer ce que mes yeux voient. »

Propos recueillis par Mpihary Razafindrabezandrina
Site web: https://thedizzybrains.bandcamp.com
Spotify: The Dizzy Brains

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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Prise de vue : no comment® studio 
Collaborations : Tanossi – Via Milano mg – HAYA Madagascar - Akomba Garment MG 
Make up : Réalisé par Samchia 
Modèles : Lana, Judicaël, Catuchia, Faravavy, Tojo, Mitia, Santien, Mampionona 
Photos : Andriamparany Ranaivozanany

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