Tavela : Victoire par KO
4 juillet 2020 // Cinéma // 3582 vues // Nc : 126

Le cinéaste franco-malgache-indien Geoffrey Gaspard a fait du morengy le sujet de son premier long métrage documentaire intitulé « Tavela »[1] (1 h 06, 2018). En plus de nous faire découvrir ce sport de combat traditionnel, le film nous invite à réfléchir sur notre identité culturelle.

Tavela (K.-O.) s’ouvre sur la voix d’une hôtesse de l’air qui indique aux passagers que l’avion est arrivé à l’aéroport d’Antsiranana. Tout au long de son documentaire, Geoffrey Gaspard use des plans fixes pour nous montrer des images liées à sa ville natale : les rues, la baie, Nosy Lonjo. Ce mode de narration contemplatif distille une atmosphère pleine de nostalgie. Cependant, il ne s’agit pas de donner une vision édulcorée de Diego-Suarez. Les problèmes qui affectent cette ville sont également abordés. Ainsi de la dépendance au khat, une drogue très prisée par les jeunes de Diego : consommation qui n’est pas sans danger sur la santé de cette population qu’un intervenant dans le film qualifie de « sans repères » en raison de la mondialisation.

Le cinéaste analyse avec lucidité l’impact de la globalisation sur le morengy, pour le meilleur et pour le pire. Des intervenants, anciens pratiquants, déplorent notamment que cette tradition ancestrale perde de son authenticité ; tout n’est plus que business et sa technique même est dénaturée par l’intrusion d’arts martiaux étrangers. Thierry Saidani, l’entraîneur de Gilo, ne voit pas quant à lui d’inconvénients à ce métissage. Il a envoyé son poulain en Thaïlande pour apprendre la boxe thaïet ce qui en résulte s’avère très efficace. Grâce à cet acquis, Gilo est devenu Fagnorolahy, un champion de morengy, une véritable star régionale.

[1] Sélectionné dans des festivals de cinéma en Inde, en Grande-Bretagne, en France, au Kenya, au Brésil, à Madagascar. Mention spéciale du jury au Festival Africlap à Toulouse en 2019.

À travers ces deux positions contradictoires, le documentaire nous invite à nous interroger sur la manière dont nous devons gérer notre identité culturelle : opter pour la conservation stricte des traditions ou choisir la voie du métissage culturel, avec tous les risques de dénaturation que cela engage. Voulant assurer une large diffusion à son film, Geoffrey Gaspard l’a rendu public sur une plate-forme. Depuis mars, Tavela est en effet en libre accès sur YouTube (https://youtu.be/t4gyK6i_doo).

Propos recueillis par Aina Randrianatoandro
ACCM (Association des critiques de cinéma de Madagascar)

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Chaque mois de juillet, un phénomène saisonnier bien malgache s’observe : la migration estivale des familles tananariviennes vers leurs villages d’origine. Loin du bitume, des bouchons et de la Jirama capricieuse, c’est le grand plongeon anthropologique. À l’arrivée, les enfants ouvrent des yeux ronds : « Quoi, on peut faire bouillir de l’eau sans micro-ondes ? » Feu de bois, bassine en plastique et douche à ciel ouvert deviennent soudain les nouvelles technologies de pointe. On redécouvre que l’on peut cuisiner sans vitro-céramique, que les zébus ont toujours la priorité, et que l’eau du puits, ça muscle les bras et l’esprit. Quant au réseau mobile, il s’obtient en grimpant dans le manguier le plus proche. Mais attention, pas question de se moquer. Ce retour aux sources est aussi retour à l’essentiel : repas partagés, récits de grand-mère, jeux sans écran. Et en bonus, un stage intensif en autonomie énergétique, bien utile pour affronter les coupures à Tana. Finalement, c’est peut-être le village qui est le plus en avance. Bonnes vacances… et bon bain (à la bassine) !

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