Tahina Carine : La nouvelle voix du Sud
1 juillet 2022 // Musique // 1333 vues // Nc : 150

Si elle a choisi de chanter le « talango », un style traditionnel du Sud, accompagnée de son « kabôsy » rustique, c’est qu’elle se sent profondément de ce monde-là. Elle veut être le porte-parole des gardiens de zébus et des ruraux de cette région du sud-ouest où elle a grandi.

Dans sa famille, la musique est une passion. Son père joue de la guitare, sa mère est chanteuse. Son premier public, ce sont les zébus dans les prairies de son village d’Ankilimida, dans la région du Menabe. Bien qu’elle soit née à Ambohimandroso, Tahina Carine a passé toute son enfance dans les campagnes du Menabe. « J’étais fascinée par ces gens qui venaient de la forêt pour venir chanter en plein milieu des marchés. J’étais tellement hypnotisée par leurs voix que j’en oubliais parfois d’aller à l’école ! » Elle est autant bercée par ces chants du Sud que par le folk malgache des années 1970 que ses parents écoutent en boucle. Plus tard, elle n’aura aucune difficulté à reprendre les chansons de Levelo, Lolo sy ny Tariny et Tselonina.

Mais finalement, c’est le répertoire traditionnel du Sud qui a sa préférence, notamment le talango qui signifie « voix mélodieuse » en antandroy. Elle excelle tout autant dans la guitare et le kabôsy, cette petite guitare rustique à quatre cordes qu’elle découvre en fréquentant les jeunes de son village. Son amour pour cet instrument grandit au point que son cousin lui en ramène un de Tana. Il lui apprend quelques bases et la jeune fille tombe sous le charme. « J’ai plus d’affinité avec le kabôsy qu’avec la guitare. Même si c’est assez difficile côté rythmique, il est plus facile quand on cherche des mélodies. » 

Se retrouvant au lycée à Tana, elle y découvre un autre univers et d’autres sons : les klaxons, les sirènes, les marchands ambulants, tous ces les bruits de la ville qui vont l’aider à se construire musicalement. C’est d’ailleurs grâce à l’autoradio du taxi-be qui l’emmène chaque jour au lycée qu’elle étoffe sa culture musicale. « Je découvrais de nouvelles chansons tous les jours et j’essayais de les reprendre à la maison. » Quelques années plus tard, elle monte sur scène pour la toute première fois avec Lolo sy ny Tariny, au Piment Café à Behoririka. Petit à petit, elle noue des relations avec de nombreux artistes. Mais à l’époque, se lancer dans une carrière professionnelle ne fait pas encore partie de ses projets.

Fin 2020, elle fait plusieurs rencontres qui vont changer la donne. D’abord avec le valihiste Rajery qui lui demande de participer au Caravane Rajery 2021 à Toliara. C’est à ce moment-là qu’elle découvre les musiciens qui l’accompagnent jusqu’à maintenant. « En fait, ce sont les musiciens de Rajery. Jerry, à la guitare, Lepa à la basse et Ratax à la batterie. Entre nous, le feeling s’est créé spontanément ! » Et comme le hasard fait bien les choses, elle croise également le guitariste Teta ainsi que la chanteuse Talike Gellé. « Je suis complètement fan de Talike, jamais je n’aurais pensé la croiser un jour ni même partager la scène avec elle… j’en ai pleuré. Elle représente vraiment le talango, cette voix mélodieuse du Sud (talango signifie « voix mélodieuse » en antandroy, NDLR) » La dernière rencontre déterminante sera celle de son manager, Anatole Ramaroson, président de l’association Vaovy, ancien journaliste reporter d’images et fondateur de Aye Aye Studio. « J’ai découvert Tahina Carine à travers une vidéo sur les réseaux sociaux avec une reprise de Lolo sy ny Tariny. Sa voix m’a séduite. Je lui ai proposé de trouver sa propre identité et de composer », explique Anatole Ramaroson. Depuis un an, ils préparent ensemble son premier album déjà baptisé Menabe, en hommage à cette région qui l’a vu grandir. Une dizaine de titres produits par Aye Aye Studio pour le label Talango Madagascar, dont le mixage se fait à Genève (Suisse). « Mon but est aussi de toucher l’international. Donc, il faut être capable de proposer un produit techniquement irréprochable, à la pointe du progrès.  Cela va dans le sens de ce que je fais, de la world music, un mélange de traditionnel et de très moderne. »


Aina Zo Raberanto

Laisser un commentaire
no comment
no comment - RANDRIANOTAHIANA Volaharisoa a reçu le prix national du concours international BIC ART MASTER

Lire

6 novembre 2024

RANDRIANOTAHIANA Volaharisoa a reçu le prix national du concours international BIC ART MASTER

La marque BIC© représentée par la SOMADIS son distributeur à Madagascar a organisé à la Cité des Cultures à Antaninarenina, le jeudi 31 octobre, la cé...

Edito
no comment - Une société inclusive, une responsabilité collective

Lire le magazine

Une société inclusive, une responsabilité collective

Chaque année, le 3 décembre, la Journée mondiale des personnes handicapées nous invite à une réflexion profonde sur l’inclusion, la dignité et les droits des personnes en situation de handicap. Bien plus qu’une journée de sensibilisation, elle constitue un appel à l’action pour bâtir une société réellement accessible à tous, où chacun peut vivre pleinement ses droits et ses aspirations.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus d’un milliard de personnes dans le monde vivent avec un handicap. Cela représente environ 15 % de la population mondiale. Pourtant, malgré ces chiffres, les obstacles à l’éducation, à l’emploi, à la santé et à la participation sociale demeurent omniprésents. La marginalisation des personnes handicapées n’est pas seulement une question de manque d’infrastructures, mais aussi de mentalités à transformer. « Debout ! », le reportage documentaire de la photographe et réalisatrice Felana Rajaonarivelo publié dans notre rubrique GRAND ANGLE fait partie des initiatives qui incitent à voir au-delà du handicap. Des histoires de femmes inspirantes, pleines de rêves et d’espoir. L’inclusion ne consiste pas uniquement à intégrer des rampes d’accès ou à adapter des outils de communication. C’est une démarche globale qui touche à tous les aspects de la vie : éducation inclusive, emploi équitable, accès à la culture, et reconnaissance pleine des capacités de chacun. Il s’agit de dépasser la charité pour embrasser l’égalité et la justice sociale. En sensibilisant dès le plus jeune âge, on favorise une génération future plus ouverte et respectueuse des différences.

no comment - mag no media 07 - Novembre 2024

Lire le magazine no media

No comment Tv

Making of Shooting mode – Tanossi, Haya Madagascar, Via Milano – Août 2024 – NC 175

Retrouvez le making of shooting mode du no comment® magazine édition Août 2024 – NC 175

Modèles: Mitia, Santien, Mampionona, Hasina, Larsa
Photographe: Parany
Equipe de tournage: Vonjy
Prises de vue : Grand Café de la Gare, Soarano
Réalisation: no comment® studio
Collaborations: Tanossi – Via Milano – Haya Madagascar

Focus

La 1ère édition du MAKUA FESTIVAL MUSIC

La 1ère édition du MAKUA FESTIVAL MUSIC organisée par SHYN et la Commune Urbaine de Toamasina du 31 octobre au 03 novembre

no comment - La 1ère édition du MAKUA FESTIVAL MUSIC

Voir