Revue Tolona : « Il faut du courage pour parler »
13 janvier 2025 // Media & Add-0n // 6977 vues // Nc : 180

« Tolona », lutte, mais à défaut de descendre dans la rue, une poignée de jeunes universitaires se font entendre dans une revue du même nom. Avec un format numérique téléchargeable gratuitement, ils mettent en lumière, revendiquent, dénoncent, créent une littérature. Entretien avec To Ranaivoharijao, cofondateur du mouvement, diplômé en sociopolitique et en droit public, spécialisé en droit administratif.

Quelle est la raison d’être de la revue Tolona ?
Tolona est avant tout un mouvement. En juin 2024, des jeunes académiciens, étudiants issus de diverses universités de Madagascar, ont décidé de se lancer dans l’écriture pour exprimer leur vision et leurs luttes. Nous faisons de la littérature engagée, militante. Le projet est né d’un constat alarmant : dans les universités publiques, malgré plus de 1 000 étudiants en première année, seule une poignée réussissent à aller jusqu’au master. Les obstacles pour achever un cursus universitaire sont nombreux. Tolona est donc né pour raconter ces réalités, les partager avec la jeunesse, et, au-delà, poser une question essentielle : pourquoi ne faisons-nous rien pour changer les choses, alors que nous voulons tous un avenir meilleur ? Nous voulons aussi rehausser la culture, car elle est un élément essentiel pour façonner une génération. À travers Tolona, nous espérons participer à ce changement, en mettant en lumière des sujets variés qui touchent la jeunesse.

Qui sont les contributeurs de Tolona ?
Nous sommes aujourd’hui une vingtaine de contributeurs venant de tout Madagascar, mais également de la diaspora, avec des étudiants au Maroc, en Inde ou encore en France. Cette diversité est une véritable richesse, car chacun partage des expériences uniques. Nos contributeurs viennent de parcours variés : des étudiants en sciences marines à l’Université de Toliara, en histoire ou en gestion de l’eau, mais aussi des entrepreneurs ou fondateurs d’ONG.

Par exemple, dans notre dernier numéro, nous avons présenté un étudiant qui a fondé une startup en lien avec les sciences marines, un projet porteur pour Madagascar. Tolona donne une voix à ces jeunes qui souhaitent partager leurs idées, mais n’ont pas de plateforme pour s’exprimer. Que ce soit pour parler d’entrepreneuriat, d’initiatives culturelles ou de sciences sociales, notre revue devient un espace d’expression et de réflexion.

Qui sont vos lecteurs et comment réagissent-ils à la revue ?
Nos lecteurs sont principalement des jeunes universitaires, et ce sont eux qui nous lisent le plus. Nous avons choisi un format numérique, accessible via smartphone, car il est simple, économique et adapté aux moyens limités dont nous disposons. Leur retour est précieux et nous pousse à continuer. Ils voient Tolona comme une revue qui enrichit leur culture générale et les connecte à ce qui se passe actuellement à Madagascar et ailleurs.

Comment fonctionne l’organisation interne de Tolona ?
Notre fonctionnement repose sur des comités : un comité communication et un comité critique/relecture. La critique est essentielle pour garantir un contenu de qualité et affiner notre ligne éditoriale. Nous n’avons pas encore de journalistes au sein de l’équipe, mais des sympathisants du mouvement, appartenant au comité des critiques, nous aident en corrigeant et en apportant leur vision. Ce cadre permet de structurer les contributions, surtout lorsque les auteurs ont des avis divergents. Cela garantit un équilibre : les idées personnelles des contributeurs sont acceptées, mais elles doivent être bien précisées. Certains jeunes accueillent bien ce processus collaboratif et encadré, d’autres non, mais cela fait partie de l’apprentissage et de la dynamique militante que nous souhaitons instaurer.

Propos recueillis par Mpihary Razafindrabezandrina

Instagram : TOLONA.

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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