Revue Tolona : « Il faut du courage pour parler »
13 janvier 2025 // Media & Add-0n // 6374 vues // Nc : 180

« Tolona », lutte, mais à défaut de descendre dans la rue, une poignée de jeunes universitaires se font entendre dans une revue du même nom. Avec un format numérique téléchargeable gratuitement, ils mettent en lumière, revendiquent, dénoncent, créent une littérature. Entretien avec To Ranaivoharijao, cofondateur du mouvement, diplômé en sociopolitique et en droit public, spécialisé en droit administratif.

Quelle est la raison d’être de la revue Tolona ?
Tolona est avant tout un mouvement. En juin 2024, des jeunes académiciens, étudiants issus de diverses universités de Madagascar, ont décidé de se lancer dans l’écriture pour exprimer leur vision et leurs luttes. Nous faisons de la littérature engagée, militante. Le projet est né d’un constat alarmant : dans les universités publiques, malgré plus de 1 000 étudiants en première année, seule une poignée réussissent à aller jusqu’au master. Les obstacles pour achever un cursus universitaire sont nombreux. Tolona est donc né pour raconter ces réalités, les partager avec la jeunesse, et, au-delà, poser une question essentielle : pourquoi ne faisons-nous rien pour changer les choses, alors que nous voulons tous un avenir meilleur ? Nous voulons aussi rehausser la culture, car elle est un élément essentiel pour façonner une génération. À travers Tolona, nous espérons participer à ce changement, en mettant en lumière des sujets variés qui touchent la jeunesse.

Qui sont les contributeurs de Tolona ?
Nous sommes aujourd’hui une vingtaine de contributeurs venant de tout Madagascar, mais également de la diaspora, avec des étudiants au Maroc, en Inde ou encore en France. Cette diversité est une véritable richesse, car chacun partage des expériences uniques. Nos contributeurs viennent de parcours variés : des étudiants en sciences marines à l’Université de Toliara, en histoire ou en gestion de l’eau, mais aussi des entrepreneurs ou fondateurs d’ONG.

Par exemple, dans notre dernier numéro, nous avons présenté un étudiant qui a fondé une startup en lien avec les sciences marines, un projet porteur pour Madagascar. Tolona donne une voix à ces jeunes qui souhaitent partager leurs idées, mais n’ont pas de plateforme pour s’exprimer. Que ce soit pour parler d’entrepreneuriat, d’initiatives culturelles ou de sciences sociales, notre revue devient un espace d’expression et de réflexion.

Qui sont vos lecteurs et comment réagissent-ils à la revue ?
Nos lecteurs sont principalement des jeunes universitaires, et ce sont eux qui nous lisent le plus. Nous avons choisi un format numérique, accessible via smartphone, car il est simple, économique et adapté aux moyens limités dont nous disposons. Leur retour est précieux et nous pousse à continuer. Ils voient Tolona comme une revue qui enrichit leur culture générale et les connecte à ce qui se passe actuellement à Madagascar et ailleurs.

Comment fonctionne l’organisation interne de Tolona ?
Notre fonctionnement repose sur des comités : un comité communication et un comité critique/relecture. La critique est essentielle pour garantir un contenu de qualité et affiner notre ligne éditoriale. Nous n’avons pas encore de journalistes au sein de l’équipe, mais des sympathisants du mouvement, appartenant au comité des critiques, nous aident en corrigeant et en apportant leur vision. Ce cadre permet de structurer les contributions, surtout lorsque les auteurs ont des avis divergents. Cela garantit un équilibre : les idées personnelles des contributeurs sont acceptées, mais elles doivent être bien précisées. Certains jeunes accueillent bien ce processus collaboratif et encadré, d’autres non, mais cela fait partie de l’apprentissage et de la dynamique militante que nous souhaitons instaurer.

Propos recueillis par Mpihary Razafindrabezandrina

Instagram : TOLONA.

Laisser un commentaire
no comment
no comment - Exposition : L’économie a bonne mémoire

Lire

10 octobre 2025

Exposition : L’économie a bonne mémoire

De l’époque des royaumes à l’ère républicaine, Madagascar raconte son parcours économique à travers une exposition inédite. Organisée par FTHM Consult...

Edito
no comment - Mada fait son cinéma

Lire le magazine

Mada fait son cinéma

Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

No comment Tv

Interview - Mascha et Vincent Paquot Rasquinet - Octobre 2025 - NC 189

Découvrez 𝐌𝐚𝐬𝐜𝐡𝐚 et 𝐕𝐢𝐧𝐜𝐞𝐧𝐭 𝐏𝐚𝐪𝐮𝐨𝐭 𝐑𝐚𝐬𝐪𝐮𝐢𝐧𝐞𝐭, comédiens, dans le 𝐧𝐨 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞𝐧𝐭® NC 189 - octobre 2025. 
Au mois de septembre, les compagnies belges 𝐓𝐢𝐠𝐮𝐢𝐝𝐚𝐩 et 𝐅𝐓𝐋 𝐉𝐮𝐠𝐠𝐥𝐢𝐧𝐠 étaient de passage à Madagascar. Initialement venus dans la Grande île pour assister au mariage de leurs amis, les deux comédiens ont eu un agenda très chargé. Ils ont présenté – presque chaque jour – la pièce muette « 𝑰𝒅𝒚𝒍𝒍𝒆𝒔 𝒂𝒃𝒓𝒂𝒄𝒂𝒅𝒂𝒃𝒓𝒂𝒏𝒕𝒆𝒔 ».

Focus

Randonnée du CASM

Randonnée du Club des Amateurs de Scooters de Madagascar - CASM - à Behenjy, le 17 octobre.

no comment - Randonnée du CASM

Voir