Onja Razanamaro : « Madagascar est la terre d’origine des baobabs »
2 novembre 2024 // Nature // 2877 vues // Nc : 178

Une étude publiée cette année dans la revue Nature avance que l’ancêtre commun des baobabs serait apparu à Madagascar, et non en Afrique, comme admis précédemment par les scientifiques. Pour Onja Razanamaro, enseignante chercheuse à l’Université d’Antananarivo et spécialiste des baobabs au Centre de recherche du parc botanique de Tsimbazaza, cette découverte doit renforcer davantage la protection des baobabs.

Parlez-nous de la découverte ?
Avant, on a pensé que l’espèce Adansonia digitata était déjà présente sur le supercontinent Gondwana, et qu’ensuite Madagascar s’est détaché du Gondwana avec elle. Avec le microclimat de Madagascar et de sa localité, d’autres espèces se sont formées suite à l’adaptation de l’Adansonia digitata, d’où les six espèces de baobab qu’on trouve naturellement ici.

Adansonia grandidieri à Andranopasy dans la région Menabe

Mais suite à cette coopération entre le Jardin Botanique de Wuhan (Chine) et l’Université d’Antananarivo, on s’est rendu compte que toutes les espèces qu’on trouve à Madagascar sont apparues après que l’île se soit détachée du Gondwana. Même l’espèce Adansonia digitata est apparue après la dislocation du Gondwana, donc elle ne vient pas de l’Afrique. Ce qui veut dire que toutes les espèces de baobab en Afrique et en Australie viennent de Madagascar. C’est sûrement par la dispersion de graines qui a permis à l’Adansonia digitata d’arriver en Afrique par la suite.

Qu’est-ce qui a conduit à cette recherche ?
Les recherches scientifiques démarrent toujours à partir d’une hypothèse. Ce qui a conduit à cette recherche, c’est la curiosité des scientifiques en voyant qu’il y a beaucoup de baobabs à Madagascar. Alors ils se sont interrogés comment se fait-il qu’il y ait beaucoup d’espèces ici s’ils viennent réellement de l’Afrique ? D’où ces recherches. C’était une collaboration entre le Californian Academy of Sciences et le Wuhan Botanical Garden, avec des chercheurs Malgaches. Leur expédition a duré un an l’année dernière, c’était rapide.

Dès qu’ils trouvaient un échantillon, c’était facile pour eux de faire des simulations et des datations, ils utilisent des technologies de pointe. Quand il y a des collaborations avec des chercheurs étrangers, les travaux se font souvent en paire. Les chercheurs Malgaches ont facilité les recherches à Madagascar, nous connaissons bien les baobabs, nous savons où se trouvent les baobabs. Ils ont aussi participé à l’écriture de l’article sur cette découverte.

Quelle est l’importance de cette découverte pour l’environnement ?
Depuis toujours, on se sert du baobab comme un emblème de Madagascar, que ce soit en tourisme et dans les publicités. On doit être soucieux de préserver les baobabs, tout comme la Chine pour ses pandas. En termes de conservation, cette découverte est importante pour la communauté scientifique malgache et les Malgaches, car à part les orchidées, le baobab est une plante admirée à l’international.

Le baobab est encore peu étudié malgré les efforts en termes d’études sur la pollinisation, la dispersion, les valeurs socio-économiques et la génétique. Les scientifiques ont tendance à dire que les baobabs sont des archives environnementales, la présence d’un baobab prouve qu’il y a eu une forêt à côté, tout un écosystème qui a vécu avec cet arbre. Cette découverte renforce notre identité, c’est pour cette raison que la conservation doit être aussi importante, la protection des sites où il y a des baobabs.

Propos recueillis par Mpihary Razafindrabezandrina
Photo : Onja Razanamaro

onja.razanamaro@gmail.com

Laisser un commentaire
no comment
no comment - FIM 2025 : États généraux de l'économie malgache

Lire

26 mai 2025

FIM 2025 : États généraux de l'économie malgache

« Une 19ᵉ édition satisfaisante », s'exultent les organisateurs de la Foire Internationale de Madagascar, alors que le rideau tombe sur cette édition,...

Edito
no comment - Le bio, une ambition malgache

Lire le magazine

Le bio, une ambition malgache

À Madagascar, l’agriculture biologique s’impose progressivement comme un levier de développement durable. Portée par une demande internationale croissante et un marché local en pleine structuration, elle touche aujourd’hui près de 200 000 producteurs sur tout le territoire. Vanille, épices, cacao, huiles essentielles… les produits bio malgaches séduisent à l’export et gagnent aussi du terrain dans les habitudes de consommation locale. Mais cette dynamique prometteuse s’accompagne de nombreux défis. Complexification des normes internationales, hausse des coûts de certification, organisation collective encore fragile, ou encore effets du changement climatique : les obstacles sont bien réels. Face à cela, des initiatives concrètes émergent, de la formation à l’agroécologie jusqu’aux nouveaux pôles de production bio organisés en « territoires à vocation ».
Dans notre rubrique ÉCO, Heriniaina Ramboatiana, président du SYMABIO, dresse un état des lieux lucide de cette filière en pleine mutation et partage les pistes pour en faire un véritable pilier du développement malgache.

No comment Tv

Interview – Rakotondrahaja Harilala Elia Tolojanahary - MAI 2025 - NC 184

Découvrez Rakotondrahaja Harilala Elia Tolojanahary , photographe spécialisé dans le nu artistique, dans la rubrique LOISIR du 𝐧𝐨 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞𝐧𝐭® Magazine, numéro de mai 2025 - NC 184. Photographe spécialisé dans le nu artistique, Rakotondrahaja Harilala Elia Tolojanahary est un passionné qui raconte des histoires à travers chaque cliché. Son objectif : casser les clichés sur ce genre qu’il qualifie de « liberté », encore trop mal perçu à Madagascar. 

Focus

Association Mamelomaso - Alahamadibe

L’Association Mamelomaso a célébré, du samedi 29 mars au lundi 31 mars dernier, l'Alahamadibe, le Nouvel An des Malagasy, à Ankazomalaza - Ambohimanga Rova

no comment - Association Mamelomaso - Alahamadibe

Voir