Ny Ainga « Notre musique se veut proche de la population »
13 octobre 2023 // Musique // 10256 vues // Nc : 165

Bientôt 30 ans de scène. Ny Ainga est le reflet indémodable de la musique country à Madagascar. À plus de 400 titres et une douzaine d'albums, le groupe se démarque par sa durabilité. Les chanteurs de « Dadazily » ont survécu aux années, aux égarements, et même, à la tragédie. Le temps n'a pas effacé l'optimisme du chef de groupe, Jean-Marie Rabesaiky. Après tout, les défis sont faits pour nous rendre fières.

Introduire la musique country à Madagascar, un sacré défi ?
La musique country est inspirée de la mélodie des vieux fermiers américains. À Madagascar, son introduction a été assez mitigée. A nos débuts en 1994, nous diffusions quatre chansons sur l'antenne de la radio nationale, et d'après les retours, le public semblait aimer. De cette manière, une contribution nous est parvenue pour faire des concerts dans l'Ile, en commençant à Morondava, loin de la capitale. Le leader de l'époque, Om-Guy en riait, car nous avons été assistés par les plantes. Après ce concert en plein air, nous sommes allés à Betafo pour un concert en salle, et heureusement, il y a eu un public. En fait, introduire ce genre de musique à Madagascar a pris du temps. Aujourd’hui, le public est plus ouvert, d'autant plus que nous avons choisi de créer une musique plus proche de la population.

Cette musique a connu sa pérennité par son rythme envoûtant aux paroles signifiantes : c'est un genre qui touche facilement le cœur des Malgaches.

Justement, 30 ans de scène. Quels sont les secrets ?
Des défis personnels et professionnels, il y en a beaucoup. Implanter un genre musical en province reste un défi, mais parler à un large public l'est tout autant. Il faut trouver le rythme et les paroles qui touchent tout le monde : on peut se décider à parler à un public plus jeune, et trouver cet aspect attirant, mais ce sera différent de la musique évangélique ; chaque chanson est un défi. En plus, le principal objectif du groupe est que chaque Malgache a sa part de show « Revy manja, vazo milay ». Dans tout cela, notre fonctionnement reste le même. Les organisateurs font appel à nous pour animer et faire des concerts. Sur quatre shows programmés, aucune de nos chansons ne se répète. Grâce à tout cela, nous avons réussi à faire cinq fois le tour de Madagascar.

Le décès brutal d’Om-Guy, un sacré bouleversement ?
En 2015, nous avons dû faire face à la perte de notre leader, Om-Guy. Garder les fans a été un grand défi. 75 % de nos chansons sont de lui, et quand il a eu cet accident, le public en a été choqué : il était l'image du groupe Ny Ainga. Après son décès, nous avons organisé quelques concerts dont notre 25ème anniversaire, que nous avons aussi appelé son « cinquième anniversaire dans les cieux ». Ce rapport, nous le gardons, et le renforçons malgré tout : une fois, nous avons demandé au public de fermer les yeux, imaginer Om-Guy, l'absence ne s'est pas ressentie. Après ce moment, deux albums sont sortis. Le défi a été de se relever après : nous avons décidé de former l'équipe. Avec de vrais professionnels, les danseurs et les musiciens ont décidé d'apporter un plus aux spectacles pour le public. Notre vision reste la même : nous ne cherchons pas à être connus, mais être appréciés par le public.

Comment s’est passée la relève après son décès ?
Fonder le groupe a été une idée de famille, en 1994, et c'est toujours en famille que nous décidons du leader. J'ai donc été désigné pour mener l'équipe, après le décès d’Om-Guy. Malheureusement, récemment, un proche, une personne de confiance, a tenté de créer un autre groupe « Ny Ainga Prime », en utilisant nos chansons. Nous sommes allés déclarer nos chansons, et le nom de Ny Ainga, le groupe créé par Om-Guy, en a été préservé. Les trahisons arrivent, mais il faut montrer une certaine cohésion entre les membres du groupe, et surtout avec le public.

Votre avis sur la musique d'aujourd'hui ?
Le contexte musical a évolué depuis nos débuts. Les jeunes maîtrisent mieux la musique et la culture étrangère. C'est indéniable, les jeunes artistes ont un grand avenir devant eux. Mais il serait d'autant plus remarquable si l'on pouvait puiser de l'inspiration de la culture malgache. Il faudrait un retour aux sources, pour y puiser les paroles qui touchent, et que l'écriture ne finisse pas par des mots sans grand sens. Il ne faut pas oublier que la musique aussi est utilisée à des fins d'éducation : un détail qu'il faut garder en tête, et rallier avec les compétences incroyables de la nouvelle génération. Il n'y a pas à en douter, la musique à Madagascar a un bel avenir. Et si d'autres talents souhaitent se lancer, il faut juste savoir que, même les groupes qui ont duré assez longtemps, sont passés par des défis. Il y a bien des moments difficiles, mais la satisfaction est des plus grandes quand on arrive à les surmonter.

Propos recueillis par Rova Andriantsileferintsoa

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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