Na Hassi « J’ai toujours été intriguée par la femme »
4 août 2021 // Littérature // 5684 vues // Nc : 139

Sorti en mai dernier aux éditions RanjaSoa Publishing, « Zana-bolana  Femme lunaire » retrace chaque étape de la vie d’une femme. Avec ses mots, l’écrivaine, poétesse et slameuse brise le silence sur des sujets que la société tente souvent de cacher.

Pourquoi ce titre ?
Zana-bolana et Femme lunaire sont des poèmes que j’ai écrits en mars 2019 et quand j’ai construit l’histoire du recueil en mars 2020, ils m’ont paru évidents pour figurer comme titre et centraliser le message. C’est le cheminement d’une femme, mais sur laquelle se projette l’histoire d’autres femmes. Les poèmes parlent d’existence, de violence, de résilience, d’amour, de soi, d’identité, de rébellion…

Le propos est féministe ?
J’ai toujours été inspirée et intriguée par la femme, ses pouvoirs et ses failles, ses libertés, ses limites. S’il est vrai que le titre insinue ce degré de lecture, les lecteurs sont aussi capables d’aller au-delà. Des lecteurs masculins m’ont fait remarquer que le livre n’est pas réservé aux femmes. C’est simplement un recueil de poèmes adressé à tous, tant que nous nous sentons concernés par la condition humaine et l’urgence de vivre.

Comment est né ce projet ?
C’est mon premier recueil individuel, même si j’ai participé à différents ouvrages collectifs avant. Depuis que j’écris, l’idée de sortir un livre m’a toujours accompagné, mais j’étais consciente du chemin à parcourir. J’ai travaillé sur la première ébauche du projet en fin 2019 et je l’ai ajusté progressivement pour ensuite présenter l’idée à RanjaSoa Publishing en mars 2020. Le projet leur a plu, il n’y avait encore aucun poème, mais juste les approches et les thématiques à aborder. À partir de là, j’ai travaillé sur la construction de l’histoire, la sélection des textes puis l’illustratrice FJR a commencé à lire et relire les textes pour trouver les angles des dessins. Nous avons terminé en mars 2021, et avons fait la sortie officielle fin mai.

Le choix de Serge Henri Rodin pour la préface ?
Ce n’était pas un choix, mais une évidence. J’ai eu la chance d’avoir eu des professeurs qui m’ont encouragée dans l’écriture, notamment Nestor Rabearizafy, Elie Rajaonarison puis Serge Henri Rodin qui m’ont fait découvrir la scène à l’université. Même quand je n’étais plus étudiante, je continuais à écrire et Rodin me convoquait dans ses productions artistiques. Il m’a accompagnée dans mon évolution et certainement il est celui qui a suivi mon travail depuis mes débuts sur scène en 2008.  

La poésie engagée a-t-elle un rôle à jouer dans notre société ?
Toute création est engagement à mon sens et chaque créateur, quelle que soit la discipline, tient un rôle dans la société. En revanche, certains ont tendance à enfermer cet engagement dans une boîte, et à ne le sortir qu’à l’occasion, lors des célébrations en tout genre. Nous sommes également dans une société qui n’est pas encore vraiment consciente des impacts et des influences qu’ont les artistes dans leur milieu. L’expression artistique revêt d’abord un caractère de divertissement-diversion, à un tel point que les « engagés » semblent à part. Pourtant, tout artiste défend une cause ou partage une vision.

Les projets ?
Les projets actuels tournent autour de Zana-bolana Femme lunaire à travers des concerts, des ateliers et des rencontres. Je participe aussi à des événements et des manifestations en parallèle, ou encore à des projets en collaboration avec d’autres artistes comme la photographe Mialy ou la danseuse et chorégraphe Géraldine Leong Sang.


Propos recueillis par Aina Zo Raberanto

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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