Minah Bolimakoa : « Le public américain aime ma musique »
1 janvier 2025 // Musique // 9425 vues // Nc : 180

La deuxième place dans la catégorie « World Music » à l’Unsigned Only Competition aux Etats-Unis en septembre 2024, un nouveau clip avec des visuels de dingue qui accumule plus de 4 millions de vue sur sa page Facebook, une rhapsodie d’opéra et d’afrobeat, et même une chèvre comme figurant ! Bref, Minah Bolimakoa ne fait rien comme personne. Depuis ses débuts en 2016 jusqu’à maintenant, elle affine de plus en plus son univers musical et visuel.

Comment s’est déroulée votre participation au concours Unsigned Only Music Competition ?
Je ne lis pas toujours mes messages et mes mails, sauf quand j’ai vraiment du temps. J’ai reçu un message pour ce concours, mais je ne l’ai pas lu pendant trois mois, pensant que c’était un spam. Les organisateurs ont insisté et m’ont écrit plusieurs fois. Quand j’ai finalement pris le temps de lire, j’ai compris que c’était un concours sérieux. J’ai transmis le message à mon manager – qui est aussi mon monsieur – pour entamer les discussions. Ils ont sélectionné ma chanson « Sakinô » directement sur ma chaîne YouTube.

C’était une surprise pour moi, car je ne savais pas que des gens à l’étranger s’intéressaient à ma musique. J’avais déjà reçu des messages suite à ma victoire au prix RFI en 2016 ou à ma participation au Beyond Music aux États-Unis, cofondé par Tina Turner, mais je ne mesurais pas vraiment l’impact.

Parlez-nous de « Sakinô », cette chanson si spéciale…
Cette chanson date de 2022 et porte une blessure profonde. C’est aussi mon single de comeback, car j’ai failli arrêter de chanter avant de la sortir. Les organisateurs du concours ont même pris en charge les frais de participation, ce qui est rare. Sur 5 000 participants, 150 ont été retenus, et j’étais la seule Malgache. J’ai décroché la deuxième place, ce qui est à la fois un honneur et une grande motivation. Cette chanson s’inspire d’une expérience personnelle. Une artiste à qui j’avais demandé des conseils pour un clip a bloqué sa sortie pendant huit mois. Elle éteignait même son téléphone pour éviter mes appels. Son mari voulait que son clip sorte avant le mien. Nous étions toutes les deux enceintes, et j’étais très déçue par ce comportement. D’où le titre, « Sakinô ? », qui signifie : « Comment as-tu osé ? ».

« Mon rêve, c’est de connecter Madagascar au monde entier à travers la musique. »

Et pour le clip de « GOAT », quelle était l’idée derrière la chèvre ?
Tout part de moi. Je crée mes propres looks, je choisis les lieux de tournage et même les détails comme l’apparition de la chèvre. Je voulais une petite chèvre pour faire un clin d’œil au titre GOAT (Greatest Of All Time). Nous avons cherché pendant une semaine, testé trois chèvres avant de trouver la bonne. Le clip est devenu mon préféré depuis mes débuts en 2016.

Vous attachez une grande importance à l’aspect visuel. Pourquoi ?
Parce qu’un artiste doit offrir une expérience complète. Ce n’est pas ton look du quotidien que tu montres à la télé ou sur scène. L’image doit refléter l’art. Avec mon metteur en scène, Tsivatou Garry, on expérimente beaucoup. Par exemple, il a créé un chapeau à partir d’un simple carton percé de trous. J’aime aussi chiner au marché et trouver des vêtements originaux. Mon objectif, c’est de sortir de l’ordinaire, de proposer quelque chose d’unique.

Votre univers musical semble très éclectique. Comment définissez-vous votre style ?
À mes débuts, je faisais surtout de la world music. En 2017, avec Libertalia, j’ai exploré le funk rock. Aujourd’hui, je mêle plusieurs influences : afrobeat, salsa, opéra… Mais ma source reste toujours gasy. Je travaille mes chansons avec des beatmakers en traduisant mes textes au piano, et c’est comme ça que la musique prend vie.

Comment votre musique a-t-elle évolué depuis le prix RFI ?
Ce prix a changé ma façon de travailler. Voir les autres candidats m’a poussé à analyser et à comprendre pourquoi certains remportaient des victoires. Cela a aiguisé ma curiosité et m’a poussée à faire plus de recherches.

Comment le public américain réagit-il à votre musique ?
Ils adorent, et ce qui est génial, c’est qu’ils ne me demandent pas de chanter dans leur langue. Pendant le Beyond Music, j’ai collaboré avec plusieurs musiciens internationaux et certaines chansons ne sont pas encore sorties.

Parlez-nous de « Bolimakoa », un hommage à votre arrière-grand-père ?
Bolimakoa, c’est le nom de mon arrière-grand-père qui a inspiré mon nom de scène. C’était un chanteur incroyable. Mon père m’a emmenée le voir à la campagne près d’Ambilobe au début de ma carrière. Il m’a raconté que Bolimakoa pouvait improviser des chansons pendant des heures, même sur les petits détails comme les ongles ou les cheveux d’une personne. J’aimerais retrouver ses enregistrements vinyles d’époque chez Discomad pour mieux comprendre son héritage musical.

Quels sont vos projets à venir ?
Je devais participer à un festival en Floride en 2024, mais c’est reporté cette année. Sinon, je serai à un festival à La Réunion. Jouer aux États-Unis a toujours été un rêve, et je veux porter ma musique bien au-delà de Madagascar. Un message ? De l’authenticité et une fierté malgache, tout en embrassant la modernité. Mon rêve, c’est de connecter Madagascar au monde entier à travers la musique.

Propos recueillis par Mpihary Razafindrabezandrina

Facebook : Minah Bolimakoa

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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