Miangaly Elia : Petits univers, grandes idées
12 février 2024 // Arts Plastiques // 4687 vues // Nc : 169

Qui peut trouver de la beauté dans un bidonville ? À priori, personne. Pourtant, avec sa représentation en miniature d’un abri de fortune, Miangaly Elia a charmé plus d’un sur sa page Facebook en décembre dernier. Pourquoi ? Elle se l’explique par son esthétique nouvelle et inhabituelle.

Ces détails minuscules nous absorbent facilement : la rugosité des planches sur le toit, la fine corde à linge, les touffes d’herbe ça et là. Un observateur attentif sentirait presque le vent qui agite ces vêtements en train de sécher. Et tout ça tient dans une seule main. L’artiste a acquis cette attention au détail à l’IST Ampasampito (Institut Supérieur de Technologie). « Quand on étudie l’architecture, on fait des maquettes, c’est la repré- sentation des volumes qui me plaisait le plus. Le prof mesure et si ça dépasse d’un millimètre, il jette. » Mais comme elle a toujours navigué entre plusieurs médiums (dessin, sketch, peinture), cette rigueur dans l’architecture ne lui offrait plus assez de liberté. Elle a choisi le diorama pour concilier ces disciplines. « Avec une maquette, on représente des dimensions. Pour le diorama, c’est plutôt de l’art. C’est toute une scène, c’est comme prendre une photo qu’on peut toucher en trois dimensions. On a recours à destechniques différentes : peinture, couture, découpage, pliage. »

Dès lors, Miangaly Elia se lance dans ce qu’elle appelle sa « folie artistique ». Parmi les symptômes : la récupération. Les murs sont bâtis avec du carton, les vitres en rhodoïd, le gazon est en fait de la sciure de bois récupérée dans la menuiserie du coin, le socle est fait de carton et d’éponge rembourrée de polystyrène. Pour les matériaux plus insolites, elle récupère les bâtonnets d’esquimaux et les tiges de brochettes. La récupération est même devenue une source d’inspiration. « Quand je suis à court d’idée, il suffit que je tombe sur un objet et je me dis que je peux le transformer. Par exemple, si je vois un objet bien rond, je pense qu’il peut devenir une belle tour. » Une fois travaillées, ces matières n’ont plus rien à voir avec ce qu’elles étaient. « Avec de la pratique, même si on m’a conseillé certaines matières, je sais qu’elles ne me conviennent pas. On peut aller plusloin dans les idées, mais après je travaille les détails. » Dans cette deuxième vie, les objets ne se contentent passeulement d’être fidèles à la réalité, et c’est là l’identité deMiangaly Elia. « La plupart des artistes de diorama sont très futuristes, très science-fiction. Moi, je vis plutôt dans les rêves, les choses un peu abîmées où on trouve de la beauté car elles vivent dans le temps, l’imagination et la magie, l’esthétique traditionnelle malgache. » Témoin de cette signature, elle a reproduit le portail d’un vieux domaine abandonné dans la campagne d’Ambatofotsy, un endroit où sa famille passe tous les 1er novembre, avec une végétation pigmentée autrement que dans la réalité. S’inclinant toujours dans l’imaginaire, on peut aussi mentionner ce lit au milieu de verdures et de fleurs. Pour l’instant, elle veut en apprendre plus pour affirmer son identité d’artiste, et maîtriser d’autres techniques. D’ailleurs, elle organise un atelier hebdomadaire de diorama avec une poignée d’artistes, l’occasion d’échanger des savoir-faire, et des petits univers.

Propos recueillis par  Mpihary Razafindrabezandrina

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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