Mad’Anim « Créer une communauté autour du funk style »
12 juin 2024 // Arts de la scène // 5943 vues // Nc : 173

En novembre 2023, Lovaniavo et Marin ont fondé Mad’Anim, une structure artistique axée sur les animations culturelles, avec un accent particulier sur la danse. Marin, est spécialisé en locking et en hip-hop, et Lovaniavo, est experte en waacking. Originaires de France, ils ont décidé de s'installer à Madagascar pour donner vie à leur vision. Nous les avons rencontrés dans leur studio à Ambohipo...

Le waacking, c’est quoi ?
Lovaniavo : C’est une danse née dans les années 70 à Los Angeles, aux Etats-Unis, au sein de la communauté LGBTQ+ afro-latino-américaine. Elle a émergé dans les clubs, où cette communauté oppressée se sentait en sécurité pour s’exprimer. Le waacking se caractérise par des mouvements fluides des bras et des mains, souvent synchronisés avec la musique disco funk. Cela perdure jusqu’à nos jours, ce qui explique l’attachement à son histoire et à son essence, en tant que moyen de défendre notre identité. Formée en France pour devenir porte-parole ici à Madagascar, je trouve important que les danseurs et danseuses malgaches connaissent cette discipline. Au-delà de son aspect visuel, le waacking est porteur d’une histoire profonde, c’est pourquoi je m’engage à la transmettre de manière authentique. C’est également la raison pour laquelle je m’adresse aux personnes queer à Madagascar. Avec Mad’Anim, nous avons organisé l’événement « Zah' Vavy Mpandihy » au cours duquel nous avons même collaboré avec une amie queer. En résumé, le waacking dépasse le simple cadre de la danse. Il incarne un engagement profond et véhicule un sens puissant.

Et le locking ?
Marin : C’est un style de danse funk qui trouve ses origines dans les années 60 et 70, aux Etats-Unis, marquées par une explosion créative au sein de la culture afro-américaine. Il se caractérise par des mouvements de bras distinctifs, des pauses soudaines. Bien que ce ne soit pas la même communauté que celle du waacking, ces deux styles de danse sont étroitement liés par la musique disco funk et par les revendications de représentation culturelle des minorités de cette époque. Le locking est un style de danse funk qui trouve sa place à Madagascar, avec quelques danseurs qui représentent bien le style dans les battles, ce qui est très agréable à voir. Notre objectif est alors de créer une communauté autour de la culture funk, et d’organiser des événements mettant en avant le funk avec les styles locking, popping et waacking. Ces trois disciplines constituent ce que l’on appelle le Funk Style.

Quelles sont vos activités ?
Nous enseignons la danse, en particulier dans un groupe scolaire exclusif, la Pépinière 1. Actuellement, c’est notre unique partenariat. D’abord, notre objectif est de transmettre la danse aux enfants pour favoriser leur bien-être et leur émancipation. Parallèlement, nous organisons des événements culturels. Nous intervenons également dans le cadre de projets, comme récemment dans le projet Dihy, où nous avons dispensé des cours de waacking et de hip-hop. Ensuite, nous avons participé à la semaine de la danse organisée par l’Alliance Française de Mahajanga. En dehors de cela, nous collaborons avec des entreprises en proposant des animations et en accompagnant des artistes.  Nous sommes aussi impliqués dans la création de spectacles, cherchant à les présenter au maximum ici à Madagascar. Le spectacle «Fruits des bois» est en constante évolution, et nous avons l’intention de le développer davantage en impliquant d’autres danseurs dans cette création.

Vos projets ?
Dans un futur proche, nous prévoyons d’ouvrir des cours réguliers dans notre salle, dès la rentrée. L’objectif de Mad’Anim est de fournir un espace aux artistes pour collaborer avec d’autres, avec lesquels nous avons une connexion. Nous avons déjà travaillé avec des DJ, des photographes, des artistes peintres et bien d’autres encore. Notre rêve est d’avoir un espace encore plus grand que celui que nous avons actuellement, où tous les artistes pourront venir s’entraîner, échanger, créer et collaborer. Nous ressentons un manque dans ce domaine ici, et nous sommes déterminés à y remédier. Tout cela est essentiel pour faire évoluer la danse. De plus, nous souhaitons démontrer que la danse n’est pas simplement un loisir, mais bien un métier à part entière. Ainsi, la valorisation de cet art est primordiale à nos yeux et c’est pourquoi nous nous engageons à le défendre et à le professionnaliser. Dans cette optique, nous offrons un accompagnement ou un coaching aux danseurs souhaitant aller loin dans leur pratique.

Propos recueillis par Cédric Ramandiamanana
Facebook : Mad’Anim
Contact : +261 38 35 025 73

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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Photos : Andriamparany Ranaivozanany

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