Larissa Rajaonarivelo : Une vraie toquée !
7 juillet 2022 // Diaspora // 2142 vues // Nc : 150

Elle a travaillé auprès des grands chefs français dans les plus grands établissements étoilés. Membre de l’International-Club Les Toques Blanches section Réunion et Disciple d’Escoffier Océan Indien, elle en a fait du chemin, mais aujourdhui, c’est elle la cheffe !

Pour Larissa Rajaonarivelo, la cuisine est d’abord une passion héritée de son père, elle ne pouvait donc qu’en faire son métier. « Je viens d’une famille qui adore manger et quand le mal du pays se faisait ressentir, tous les moyens étaient bons pour faire du ravitoto sy henakisoa (viande de porc et feuilles de manioc pillées) ou du romazava. C’était la seule manière pour nous, en tant qu’expatriés, de nous rappeler le pays. » De son père, elle acquiert une certaine facilité à reproduire les goûts et les saveurs. Consciente que le métier de cuisinier exige beaucoup de sacrifices, qu’il est assez machiste avec des horaires de travail pas faciles, cela ne l’a pas empêché de suivre une formation bac technologique hôtellerie et restauration puis un brevet technique à La Réunion, avant de s’envoler pour la France. « Après avoir fait un stage chez un chef français étoilé, j’ai compris la difficulté du métier. Je me suis remise en question, mais j’ai décidé de continuer. Je suis donc aller à Avignon, dans le sud de la France, pour obtenir ma licence pro métiers des arts culinaires et des arts de la table en Méditerranée. C’était la seule ville, à l’époque, qui offrait ce diplôme. »

La jeune femme apprend l’histoire de la cuisine car il ne suffit pas simplement de créer des formes et des goûts. Elle comprend également que ce métier peut être une opportunité de voyager. Elle s’envole pour le Vietnam et suit un stage de quatre mois auprès du chef breton Didier Corlou, propriétaire de trois restaurants dont La Verticale et Madame Hien à Hanoï. De retour en France, elle va côtoyer pendant cinq ans les plus grands établissements étoilés. Elle est souvent la seule femme de la brigade, mais cela ne l’empêche pas de persévérer, d’apprendre la rigueur, la discipline, la rapidité et la technique. « J’ai vite compris que ces expériences-là, personne ne pourra me les voler. » Pendant près d’un an, elle va travailler auprès de grosses familles françaises, puis devenir chef privé pour un chalet dépendant du palace Les Airelles à Courchevel. « J’ai essayé de comprendre leur manière de vivre et surtout d’apprendre la restauration et l’hôtellerie haut de gamme. » Entre chaque contrat, Larissa en profite pour voyager notamment aux États-Unis et dans les pays asiatiques qu’elle apprécie particulièrement, comme le Japon ou la Thaïlande.

« Ces voyages m’ont permis de me cultiver gustativement, sans oublier ma culture à la fois malgache et réunionnaise. Alors je me suis sentie prête pour rentrer à La Réunion. » Revenue en 2019, elle choisit de travailler à son compte en tant que chef à domicile, mais faire appel à des chefs pour cuisiner chez soi n’est pas encore dans les habitudes, là-bas. Il faut d’abord se faire connaître. Elle participe donc à des concours comme Tous en cuisine, la version réunionnaise de Top chef, où elle sort finaliste. « Cela m’a aidé à élargir mon réseau. Savoir cuisiner est une chose, savoir se vendre en est une autre. Cette émission m’a permis de rencontrer des gens du milieu de l’alimentation, des agriculteurs, des éleveurs, des cavistes... » Devenue maman, il y a un an et demi, elle se rend compte que travailler comme chef à domicile est prenant et fatiguant. Elle se tourne donc vers le consulting en tant que cheffe consultante et cheffe formatrice pour un centre de formation spécialisée dans la restauration.

« Je suis un peu comme Philippe Etchebest dans Cauchemar en cuisine, mais à ma façon. Je viens auprès des professionnels, des traiteurs, des restaurateurs, je diagnostique leurs problèmes et je mets en place une nouvelle méthode de travail, une nouvelle carte, je forme le personnel de cuisine. » Elle propose également des ateliers culinaires pour mettre en avant les produits des marques et travaille avec une boîte de production pour des vidéos. Active, ambitieuse et persévérante, Larissa Rajaonarivelo n’hésite pas à saisir toutes les possibilités qui s’ouvrent à elle. Entre l’ouverture d’une épicerie et l’écriture d’un livre, elle a des idées pleins la tête. Et pourquoi pas, un jour, revenir au pays où tout a commencé ?


Aina Zo Raberanto

Laisser un commentaire
no comment
no comment - Cosmétique : MartiDerm débarque à Madagascar

Lire

8 décembre 2025

Cosmétique : MartiDerm débarque à Madagascar

La marque espagnole MartiDerm débarque officiellement à Madagascar ce samedi 6 décembre, avec un lancement organisé au Novotel Alarobia par son distri...

Edito
no comment - Shows devant !

Lire le magazine

Shows devant !

Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

No comment Tv

Making of shooting mode – Novembre 2025 – NC 190

Retrouvez le making of shooting mode du 𝗻𝗼 𝗰𝗼𝗺𝗺𝗲𝗻𝘁® magazine, édition novembre 2025 - NC 190
Prise de vue : no comment® studio 
Collaborations : Tanossi – Via Milano mg – HAYA Madagascar - Akomba Garment MG 
Make up : Réalisé par Samchia 
Modèles : Lana, Judicaël, Catuchia, Faravavy, Tojo, Mitia, Santien, Mampionona 
Photos : Andriamparany Ranaivozanany

Focus

November Numérique

November Numérique à l'IFM

no comment - November Numérique

Voir