Koezy « Ce sont surtout les étrangers qui s’intéressent à notre culture »
1 avril 2022 // Musique // 9379 vues // Nc : 146

Après des années de silence, le groupe Koezy a fait son grand retour sur la scène du no comment® bar à Isoraka en mars dernier. Une formation traditionnelle qui veut transmettre les valeurs fondamentales, quitte à moderniser un peu l’approche pour toucher le plus grand nombre.

Alamino (Apaiser), extrait de l’album Ma Liberté (2005), est un des titres qui les a faits connaître et leur a permis de faire une tournée internationale pendant cinq ans en Chine. À leur retour à Madagascar, le groupe a eu quelques coups durs. « Tout a changé ! Nous avons fait des enregistrements et pensions sortir d’autres albums mais le studio Mars a fermé après le décès du propriétaire. De plus, il faut payer les médias pour que nos chansons soient diffusées. Avec internet, l’album physique ne marche plus donc il faut trouver des alternatives », explique Liva, membre fondateur et seul homme du groupe, accompagné de Natacha, Eléonor et Mina (et parfois de Solo à la basse et Alfred à la guitare acoustique). Originaire du nord-ouest de Madagascar, dans la région Boeny, le groupe Koezy puise son inspiration dans les musiques traditionnelles. Les membres remettent au goût du jour les différentes façons de chanter comme l’antsa, sorte de louange entonnée lors des cérémonies, ou encore le jijy, un art oratoire qui est considéré – à Mada du moins - comme l’ancêtre du rap. Mais ils explorent également les autres rythmes, notamment le baoejy, une danse du nord accompagnée par l’accordéon, ou le kabosy et le goma autrement dit, le salegy.

Leur plus grand défi est de parvenir à transmettre ce patrimoine musical à la future génération. « C’est bien dommage de voir que ce sont surtout les étrangers qui reconnaissent la valeur de notre culture.  Nous avons 18 ethnies avec chacune sa richesse culturelle que nous voulons mettre en valeur. Malheureusement, les malgaches eux-mêmes ne se rendent pas comptent de ce trésor. Nous avons donc décidé d’aller un peu vers le tropical mais en gardant notre authenticité, c’est-à-dire les danses, les battements des mains qui donnent le tempo, et surtout les tenues comme le lambahoany et le masojoany (bois de santal). Tout cela constitue notre identité. » Pour apporter plus de « modernité » à sa musique, la bande à Liva a rajouté des instruments comme la guitare et la batterie.

Les textes expriment des revendications sociales, interpellent sur la vie. « Nous faisons passer des messages d’amour, de paix, de réconciliation. Par exemple, dans le titre Sky Part, nous voulons exprimer l’unité. Le ciel est notre toit à tous, il ne devrait pas y avoir de discrimination, nous sommes tous un sur cette terre. » L’une des spécificités de cette formation est aussi de donner la place aux femmes. « Au départ, notre désir, était de créer un groupe 100 % femmes, que ce soit au chant, à la danse mais aussi à la batterie, à l’accordéon ou à la guitare. En fait, toutes les mpiantsa (chanteurs) sont des femmes. » Le groupe porte bien son nom puisque koezy signifie « bénédiction » ou « respect. ». Respect donc.


Aina Zo Raberanto

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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