K-Meuf : Des cocktails au toaka gasy !
8 décembre 2022 // Gastronomie // 2063 vues // Nc : 155

Miangaly Ariela dite K-Meuf a remporté la « Cocktail Competition » qui s’est déroulée en octobre dernier. Son « Koba Libre » et son « Ny aty aminay » à base de « toaka gasy » (gnôle rustique) ont réussi à fait tourner les têtes vers eux. Ou faire tourner tout court !

Si le cocktail est un art et pour ainsi dire une science exacte celui ou celle qui s’y adonne est un(e) mixologue, CQFD. C’est le cas de K-Meuf qui aime sublimer les produits locaux dans ses créations, en jouant aussi bien sur les saveurs, les goûts que le visuel. Et c’est ce qu’elle a fait en se préparant plusieurs semaines à l’avance à la phase éliminatoire de la Cocktail Competition en utilisant le koba, ce « pain de sucre » traditionnel des hauts plateaux à base de cacahuètes moulues, de cassonade et de farine de riz.

 « Je voulais d’abord faire un sirop mais je n’étais pas convaincue. Finalement, j’ai décidé de prendre le koba, de rajouter du citron et du sirop de canne, le tout broyé au pilon. Ensuite, du rhum et des glaçons. Mais en filtrant le breuvage avec soin pour éviter les morceaux de koba. Pour la décoration et être raccord avec mon thème, j’ai tout simplement représenté Madagascar avec une feuille de bananier. »

Et rien de plus logique que d’avoir baptisé sa création Koba Libre, clin d’œil au mythique Cuba Libre de La Havane. Sans cola ici, j’en vois au fond qui ne suivent pas !

Déjà bien remonté par son Koba Libre, le jury avait encore à expérimenter pour la finale son Ny aty aminay (Chez nous), plus malgache tu meurs d’autant qu’il est réalisé à base de toaka gasy, la gnôle artisanale. « Le toaka gasy est présent dans tous les événements malgaches. Au départ, je voulais utiliser des produits classiques comme la fraise et le basilic, mais j’avais envie des choses plus locales et j’ai pensé à un sirop de voatsiperifery (poivre) ! En ajoutant de la cardamome, de la cannelle et du girofle, j’en ai fait une infusion particulièrement aromatique. Ensuite le toaka gasy et l’infusion au verre à mélange pour bien faire ressortir les saveurs. »

Toujours attentive à la décoration, elle a choisi de le servir sur un sahafa, un plateau en fibres naturelles traditionnellement utilisé pour le vannage du riz, qu’elle a décoré avec des épis de blés, de la vanille, le breuvage reposant lui dans un verre à whisky avec un fumage à base de cannelle et de girofle. « Cette compétition était un vrai défi pour moi, surtout avec la présence de grands experts internationaux comme Michael Gulotta, chef cuisinier, Shannon Tebay, mixologue, Yiun Yiun Zu, experte en goût, ou encore Elizabeth Falkner, chef cuisinière. J’appréhendait beaucoup leurs réactions car c’est la première fois qu’ils découvraient le toaka gasy ! »

Surprise et fière d’avoir remporté la compétition, elle s’honore maintenant d’être une authentique mixologue, reconnue par ses pairs. Un bel aboutissement pour cette jeune femme qui découvre le milieu des cocktails en 2019 après avoir fait la rencontre de K-Mëc, un des grands barmans de Madagascar, au Comptoir des artistes à Ampasanimalo. « C’est mon mentor. Il m’a inculqué les bases et quelques mois plus tard, il m’a embarqué dans son projet de bar mobile. Mon baptême du feu, ç’a été pour un mariage de 500 personnes où j’étais en charge de trois cocktails différents. J’ai loupé les premiers à cause du stress mais après, tout s’est bien passé, la preuve, je suis là ! »

Être une femme dans un milieu considéré comme masculin éveille quelques préjugés, mais là aussi K-Meuf a du répondant. « On me qualifie parfois de toaka vavy (fille alcoolique) et autres gracieusetés, mais je pense avoir démontré par cette compétition qu’être derrière un bar c’est un métier et un art. J’ai réellement trouvé ma vocation. » Si elle continue d’approfondir la mixologie, elle compte s’intéresser à d’autres spécialités comme les liqueurs maisons, ou la création de cocktails signatures avec pourquoi pas ? des collaborations. Quant au Koba Libre et au Ny aty aminay, promis, ils seront sur la carte du Comptoir dès l’année prochaine. Toujours avec modération, bande d’assoiffés !


Aina Zo Raberanto

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Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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