Elle est la deuxième Malgache à remporter les « Tusk Conservation Awards » pour la préservation de l’Afrique pour 2021, après Herizo Andrianandrasana en 2014. Julie Razafimanahaka, directrice exécutive de l’association Madagasikara Voakajy, a été récompensé pour son travail dans la création d’aires protégées.
Les « Tusk Conservation Awards » en quelques mots ?
C’est un prix adressé à une personne jugée comme un leader émergent de la conservation de la biodiversité en Afrique, en reconnaissance de son succès exceptionnel dans le domaine de son choix. Il se fait par nomination, la principale raison pour remporter le trophée est donc la reconnaissance et l’appui de ses amis et collaborateurs.
Cela récompense votre travail au sein de Madagasikara Voakajy …
J’ai pris la direction de cette association de défense de l'environnement en 2011 et je l’ai faite évoluer tant en taille qu’en renommée dans le domaine de la conservation de la biodiversité à Madagascar. Avec nos partenaires, nous avons mené à bien la création de sept nouvelles aires protégées dans la région Alaotra-Mangoro.
Pour assurer que ces aires protégées soient des oasis pour l’homme et la nature, nous ne cessons d’innover et améliorer nos approches et méthodes.
D’où vient cette passion pour l’environnement ?
Je suis ingénieur agronome de formation, option eaux et forêts. C’est par l’envie de découvrir le parc national des Tsingy de Bemaraha que j’ai rejoint l’équipe de l’association Lamin’Asa Fiarovana Ramanavy en août 2003, afin de mener des travaux de recherche sur les chauves-souris de Madagascar. Cette recherche m’a fait découvrir le monde ignoré de ces étonnants mammifères et j’ai eu à en parler avec tous les curieux qui se demandaient pourquoi nous menions ces études. En 2005, Lamin’Asa Fiarovana Ramanavy est devenu Madagasikara Voakajy. Au sein de cette organisation, j’ai évolué du statut d’étudiante à assistante, leader, manager et directrice.
Quelles sont les missions de Madagasikara Voakajy ?
Cette organisation a pour mission de sauver les espèces endémiques de Madagascar de l’extinction. Nous promouvons la conservation et l’utilisation durable de ces espèces menacées dans leurs habitats naturels, en atténuant les principales menaces par des recherches appliquées et des actions ciblées, pour le bénéfice de l’homme et de la nature. Nous intervenons au niveau de six régions : Diana, Sava, Sofia, Alaotra-Mangoro, Menabe et Amoron’i Mania. Sur chaque site, nous valorisons la collaboration avec toutes les parties prenantes, en particulier les communautés vivant autour des habitats et utilisant les espèces ciblées.
Quelles sont les menaces qui pèsent sur la biodiversité malgache ?
Nous sommes tous menacés par l’augmentation de la température, le tarissement des ressources en eau et la pollution de l’air. Ces menaces sont aggravées par les feux de forêt, l’exploitation irrationnelle des ressources, l’excès de déchets et la pauvreté de la population. C’est devenu une spirale de dégradation et le défi est de renverser cette spirale par tous les moyens.
La solution ne peut-être que collective…
Il faut l’intervention de tous les acteurs, pas seulement des militants. Il est primordial que la conservation de la biodiversité soit au centre de toutes les décisions politiques, économiques et sociales à Madagascar. La nature fait notre unicité. La nature pourra nous sauver. À notre niveau à Madagasikara Voakajy, nous misons sur la création et la gestion durable d’aires protégées avec les populations locales, mais aussi sur la formation des jeunes, avec l’implication de tous les acteurs, incluant le gouvernement et le secteur privé.
Propos recueillis par Aina Zo Raberanto