Jean Fidèle Muhire Njara : Journal d’un créatif
11 mai 2024 // Cinéma // 4319 vues // Nc : 172

« La créativité est une habitude, et la meilleure créativité vient de bonnes habitudes de travail », disait la danseuse, chorégraphe, et auteure américaine Twyla Tharp. Mais comment se discipliner avec une âme aussi indomptable et touche-à-tout que celle d’un créatif ? Jean Fidèle Muhire Njara, un créatif qui travaille actuellement la photographie et la vidéo, s’est posé ces questions. Alors, depuis le 10 mars, son compte Instagram dark.ink.paper documente ses tentatives pour y arriver.

Un débutant qui s’aventure sur ce compte va se demander de quoi il s’agit : tutoriels sur la photographie et la vidéo ? documentation d’événements culturels ? voyages ou même cuisine ? Tout cela à la fois. En fait, il s’agit de montrer une version de la vie d’un créatif à Madagascar, loin de l’image idéalisée où on le perçoit comme cet être cloitré H24 dans un petit studio mal éclairé pour pondre une œuvre. « C’est pour documenter un jour dans la vie d’un créatif à Madagascar. Si je devais résumer une journée idéale, il y aurait un temps alloué pour travailler sur tes propres projets tous les jours, créer quelque chose tous les jours ; le deuxième ce sera un temps pour travailler, car il faut gagner de l’argent pour pouvoir créer quelque chose qui te plaît vraiment ; et un temps pour se sociabiliser, parce que ça t’ouvre à de nouveaux horizons, c’est vraiment prendre du temps, s’inspirer, sociabiliser, apprendre quelque chose. » Voilà qui explique donc ces photos et ces vidéos courtes, on y retrouve ces trois éléments.

Mais pourquoi se donner tant de mal à garder cet équilibre ? Peut-on même parler d’une sainte trinité pour créatifs ? « En tant que créatif, il y a des moments où tu peux être vraiment productif, d’autres où tu es face à une plage blanche, et d’autres encore où tu fais un burn out. J’observe des amis qui lancent des projets mais n’aboutissent pas à la finalité. La constance c’est pour éviter tout ça, choisir une chanson pour une vidéo c’est déjà avancer. C’est toi qui délimites tes résultats à atteindre. » Pour autant, il ne se positionne pas comme un donneur de leçons dont la méthode serait infaillible, bien au contraire, il est son propre sujet d’expérimentation, et ne sait pas encore jusqu’à quel épisode sa série de photos et de vidéos va continuer. Ce qui est sûr, c’est que les autres créatifs peuvent s’en inspirer pour trouver ce qui fonctionne pour eux. « Il y a des choses presque universelles : si je scrolle le matin, je n’arrive à rien en soirée. Après, chaque personne et chaque domaine est différent, j’ai un ami par exemple qui est plus productif entre minuit et trois heures du matin. »

En tout cas, Jean Fidèle reste fidèle à sa formule. Côté « business » comme il aime à appeler la vidéo, son agence Short Video ambitionne d’être le bras droit des entreprises dans la production de vidéos, vu qu’il est spécialisé dans le digital marketing. Quant à la photographie, il préfère la garder dans la sphère artistique, et continue à la mettre en avant dans la saison 1 de sa série sur son compte dark.ink.paper. Pour la suite, il se confie vouloir travailler avec un autre médium, un cahier à la main. « Pour le futur, je vais écrire, cela me permet de rendre compte de ce que moi je vis, de mieux structurer mes idées et de les transmettre. Il y a une plus grande liberté dans l’écriture, même en business. En tant qu’introverti j’ai du mal à m’exprimer oralement, écrire permet de me cadrer. »

Propos recueillis par  Mpihary Razafindrabezandrina
Contact : +261 34 42 223 31

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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Prise de vue : no comment® studio 
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Photos : Andriamparany Ranaivozanany

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