Izazabe : Créateur low-tech
3 avril 2022 // Arts Plastiques // 4203 vues // Nc : 147

Xavier Fischer dit le « Bébé géant » (Izazabe), mise sur la liberté de création. Il réalise des objets à partir de matériaux recyclés comme l’aluminium ou le laiton en se spécialisant dans la fonte traditionnelle.

En 2019, Xavier Fischer crée son atelier Izazabé du côté d’Ivato, une société familiale qu’il gère avec son épouse, Nirintsoa. « J’ai donné ce nom à l’atelier car il y a quelques années, j’ai écrit un livre de jeunesse Le Bébé géant qui parlait d’un enfant différent des autres. Comme j’ai commencé à faire des ateliers à Tana autour du livre, les enfants m’ont appelé i zaza be. » Dans son atelier, il réalise des objets s’inscrivant dans une démarche low-tech. « C’est le cœur de mon travail. Prenons un exemple concret, le fatapera (réchaud à charbon de bois traditionnel). Il est fabriqué avec du métal recyclé et avec un outillage simple. Au final, l’objet est accessible financièrement, écologique et durable. C’est ça le low-tech, l’intelligence populaire. Avec peu, on fait beaucoup. Les artisans malgaches sont les champions du monde du low-tech. » Mais Xavier Fischer peut passer du statut d’artisan à artiste.

Depuis qu’il a découvert Madagascar en 2008 grâce à la styliste Mialy Seheno, il n’a cessé de collaborer avec des peintres, des tisseurs, des danseurs et des ferronniers. « Je peux répondre à des commandes de dessin comme le baobab de Ravinala Airports que j’ai dessiné pour Dieudonné Razafinjatovo. Je conçois également des pièces en métal pour des sociétés dont j’aime le travail. Notre singularité est d’associer l’art et l’artisanat. »

Dans son parcours professionnel, Xavier Fischer a côtoyé de nombreux poètes. À travers ses objets et son art, il essaye de retranscrire une part de poésie. « Charlie Chaplin disait que la poésie est une lettre d’amour adressée au monde. C’est ce que j’essaye de faire. Par exemple, le dessin de couverture de ce numéro s’appelle Le zébu et le feu. C’est une déclaration d’amour pour la forêt malgache qu’il faut absolument sauver. » Xavier est le lauréat du projet Mondes nouveaux lancé par le ministère de la Culture en France parmi 200 projets d’artistes pour imaginer le monde de l’après-covid. « J’ai proposé ce projet en collaboration avec l’architecte Shama Boudhabhay pour mettre en lumière l’artisanat d’Ambatolampy. Nous allons sculpter et fabriquer des tablettes en aluminium recyclé. Elles seront exposées à La Réunion et peut-être à Paris et Antananarivo. » Artisan au grand cœur, il s’engage auprès des plus démunis. « Grâce à la vente d’un décapsuleur, par exemple, nous offrons des bougies dans les quartiers qui n’ont pas accès à l’électricité, des stylos ou des cahiers aux enfants. C’est notre façon de faire notre part en tant que citoyen. » Pour cette année, il mise encore sur un projet solidaire. « Je suis en train de développer un bougeoir en aluminium recyclé qui résistera au vent et à la pluie. Grâce à des mécènes et des ONG, j’espère pouvoir en distribuer gratuitement dans les quartiers populaires pour apporter plus de confort et de sécurité aux habitants. »


Aina Zo Raberanto

Le cœur de l’océan Indien
(Ravinal Airports)
Bronze
Le décapsuleur / Baobab
Aluminium
Tablette pour Mondes Nouveaux
Aluminium
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Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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