Yona Rasolonjatovo : « Ouvrir ma musique à un maximum de personnes »
5 août 2024 // Musique // 11484 vues // Nc : 175

Pianiste, compositrice et développeur à Madagascar, Yona Rasolonjatovo est passionnée de musique et de création depuis petite. Professionnelle depuis 2012, la musicienne est à une vingtaine de titres composés pour les chœurs, les instrumentalistes, et bien plus. Avec son piano, elle fait découvrir son moyen d’expression favorite, sa musique.


Un amour pour la composition ?
La musique a toujours été ma passion. J’ai commencé à composer quand j’étais toute petite. À l’époque, je ne connaissais même pas ce qu’était une note : j’avais juste une radiocassette avec un petit micro, où j’enregistrais. J’ai commencé mes études de musique officiellement en 2003, vers mes 10 ans, au Cercle Germano-Malagasy, quand il y avait encore une section musique. Puis en 2012, j’ai changé d’école pour aller à l’Anglican Music Institute, où j’ai commencé mes cours des compositions, et j’ai aussi suivi des études en éducation musicale à l’Académie d’Enseignement Musical (AEM). La composition m’est toujours venue naturellement : j’ai parlé de radiocassette, mais bien avant l’histoire d’enregistrer, j’aimais juste créer. Je chantais et j’inventais, plus tard, ça a juste été retranscrit à l’écrit. Je dirais que c’est aussi de famille. J’ai beaucoup baigné dans la musique : j’ai un frère et une sœur qui ont été tous les deux très engagés dans la musique, et mon père… il est amoureux de la musique classique qui résonnait dans la maison.

Le romantisme et la spontanéité vous inspire ?
Le style qui m’a plus ou moins intéressé au début, c’est celui du compositeur sud-coréen Yiruma. Mais je suis aussi très époque romantique, donc tous les compositeurs de cette période, j’adore ! Et c’est le style qui se reflète beaucoup dans ce que j’écris. Mes compositions dépendent du type d’œuvre sur lequel je vais écrire. Pour un chœur, par exemple, cela va partir d’un texte : celui-ci a sa propre musique, et c’est cela qu’il faut savoir retranscrire. Pour la musique instrumentale, généralement, ce sont des mélodies qui sortent de ma tête, spontanément, sans préparation. Parfois, je suis inspirée par des choses réelles – comme un paysage : ça a l’air dingue dit comme ça, mais j’adore la musique à travers le paysage ! La difficulté, c’est de transcrire ce que j’entends pour que les autres l’entendent aussi à leur tour. Bien sûr, il y a du travail derrière, mais je dirais que le fil conducteur va être cela : une spontanéité.

Du classique, mais pas que…
Côté musique, je suis très éclectique, j’aime ce que les gens qualifieraient de contraires : le classique, mais aussi le rock, et l’électro. Contre toute attente, il y a un compositeur que j’admire : c’est Fat Rat. Je trouve que ce qu’il écrit est excellent : il mélange un peu le classique et l’électronique, et c’est impressionnant ! Ce n’est pas juste de l’électronique comme on a l’habitude d’entendre, c’est recherché. Et je pense que cela influence un peu mon style, le fait d’aimer plusieurs genres, et ne pas rester focus sur le classique. Encore une fois, il faut de la technique, mais c’est aussi important de revenir à la source, c’est-à-dire la raison pour laquelle on compose : c’est exprimer quelque chose qu’on a. Et c’est ce côté naturel qui doit toujours primer avant toute la théorie et toutes les contraintes, parce que c’est ce qui donne vie à la musique, sans cela, elle devient très triste.

Parlez-nous de vos réalisations ?
J’écris pour des chorales, des instrumentistes en solo, un ensemble, et du chant lyrique, pour ceux qui ont étudié l’opéra. S’il s’agit d’une commande spéciale d’une personne, il faudra que je prenne en considération son niveau et ses attentes. De mes réalisations, celui qui m’a le plus marqué est un morceau pour chœur qui s’appelle « A time for everything ». C’était pour ma sortie de promotion à l’époque, interprété par le chœur de l’Anglican Music Institute : le sentiment était vraiment incroyable, d’entendre mes camarades de classe chanter ce que j’avais écrit. Cela m’a vraiment marqué, et a renforcé mon amour pour la composition : ce passage où ça ne reste plus dans ma tête, ça va vers les autres, et c’est incroyable ! Je suis également développeur, et la musique, je le fais après le travail, en fin de journée, ou durant les weekends. J’ai constaté une très belle amélioration de la musique classique en général ces dix dernières années. Et en tant que compositrice, je pense que c’est un début et une occasion pour les gens d’en apprendre un peu plus, et de savoir qu’il y a autre chose derrière les interprétations.

Les projets ?
En ce moment, je commence à enregistrer les compositions que j’avais écrites jusqu’ici, afin de mieux les exposer au public à travers des concerts en partenariat avec plusieurs auditions. À terme, avoir mon propre concert, avec entièrement mes compositions. J’ai déjà commencé l’enregistrement par une vidéo sur ma page, First Letter. Sinon, je suis toujours ouverte, pour travailler avec tous les artistes : cela fait partie des efforts auxquels je travaille en ce moment, collaborer avec plus d’artistes à Madagascar. L’objectif est d’ouvrir ma musique à un maximum de personnes parce que, finalement, c’est là l’intérêt : j’écris cette musique pour qu’elle soit interprétée par le maximum de personnes.

Propos recueillis par Rova Andriantsileferintsoa

Facebook : Yona Rasolonjatovo
Numéro : 032 04 934 15

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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