Power trio labellisé indie pop, The Revery est bien décidé à produire une oeuvre frappée du sceau de la qualité, voire de l’exigence. Inutile de préciser que quand il parle d’amour et de petits zoziaux, ce n’est pas pour ressortir une énième fois les conneries ambiantes propagées par les médias mainstrean !
Ils se décrivent comme des amoureux de l’amour e ardents défenseurs de l’environnement. Des mutants néo-babas ? Les descendants tropicaux du Flower Power ? Peut-être pas, car The Revery - nommément Hasina Ratsimbazafy (guitare, chant), Antonio Andrianaritiana (batterie,chœurs) et Riccardo Andrianantenaina (basse, chant) - ne se cantonnent pas au « peace and love », à « Gaïa Mama » et autres exhalaisons vertes à la Greta Thunberg. Le groupe privilégie aussi des thématiques plus existentielles placées sous le signe de l’introspection : « Nos chansons sont le fruit de notre vécu. Sombres ou dansantes, elles expriment des états d’âmes bien réels que nous nous efforçons de transcrire avec nos mots et mélodies ». Un titre comme «Very Fanahy » (Âme perdue) illustre parfaitement ce choix esthétique : « Le morceau évoque toutes les luttes qui se produisent en nous de façon souterraine, l’angoisse, la peur ». Optimiste malgré tout, le trio explore par ailleurs les possibilités de bonheur dans un monde matériellement et spirituellement dévasté (« World’s Fear »), sans négliger la capacité libératrice de l’amour (« Zazavavy » (Jeune fille).
« Alin’ny Nofy » (Rêve de nuit) est le titre donné à leur premier EP (normalement en vente, à l’heure où paraît cet article). « Pour nous, c’est la concrétisation de ce qu’on a tant espéré, de ce groupe qui est notre refuge, là où nos rêveries prennent vie ». C’est sur les bancs de la faculté d’économie que leurs routes se croisent. The Revery naît en 2015 des cendres d’une formation originellement ancrée dans le métal. Désireux d’adopter dès le départ une direction musicale différente, le trio se forge petit à petit une réputation de « puriste » sur la scène underground.
Fans de Franz Ferdinand, Kristel, Hippo Campus et Two Door Cinema Club, ils revendiquent un certain éclectisme formel, inspiré autant de la pop que de la soul, du tsapiky, du jazz. Leurs titres résultent à la fois d’une écriture mûrement réfléchie et de longues séances d’improvisation, où chacun compose et écrit. Le trio a déjà fait ses preuves sur scène, notamment à l’interlive du groupe Shiny Happy People en 2017, au Roxicomania de 2018 et surtout, pour leur première têted’affiche au Kudeta en 2019. Le 16 janvier dernier, c’est à l’Institut français de Madagascar qu’ils se sont produits. Rêveries du rockeur solitaire ?
Propos recueillis par Eva Rasamison