Viva Magenta, c’est le titre de l’œuvre en couverture du no comment® de ce mois de juin. Réalisée par l’artiste peintre, Mahefa Rasamuel, elle fait partie de la dernière collection « La continuité et le renouveau. »
Ses tableaux racontent toujours des histoires personnelles. Des traces indélébiles pour marquer une rupture, la perte d’un être cher, les peines, les chagrins, mais aussi pour célébrer la vie, la passion et l’amour. D’ailleurs, Mahefa a renoué avec une de ses passions, la danse, qui en quelque sorte a été le fil conducteur de sa collection « Ambiversion » présentée à la Fondation H l’année dernière. « J'ai fait ma première exposition à la Boussole en 2003 avec des tableaux représentant des personnages filiformes en écho à la danse. Presque 20 ans après, ces personnages sont ressortis dans « Ambiversion » composée de douze tableaux où se mêlent le bleu, le noir, le blanc et l’or. Pendant l’exposition, nous n’avons pris ni un curateur ni un commissaire d’exposition, mais un chorégraphe pour raconter l’histoire. »
Tel un chorégraphe, ses toiles se construisent à travers des mouvements précis, parfois aléatoires, mais toujours dans la recherche d’équilibre et d’ancrage. « Je fais des recherches techniques où je combine des peintures qui ne se mélangent pas forcément. Je verse les peintures, je joue avec le hasard, avec la toile… J’utilise l’encre de Chine, des peintures plus fluides, de l’huile de silicone. Ces techniques me permettent d’avancer, d’évoluer et d’aller dans une démarche pour découvrir et me découvrir. J’aime faire mes propres expériences. » Et des expériences, il en a eu pendant 25 ans de pratique. Ses expressions évoluent avec le temps, il arrive à mettre des mots sur ces œuvres. Mais ces histoires personnelles ne sont jamais loin.
En ce moment, le peintre a réalisé sa dernière collection « La continuité et le renouveau », un moment de réveil en quelque sorte. Pour quelles raisons ? D’abord, à cause de la mort de son père et la rencontre avec l’amour. « Mon père est décédé l’année dernière. C’est une période difficile, mais il faut savoir se relever. Et en même temps, je rencontre quelqu’un dont je suis tombé amoureux. Il m’a donné un coup de boost pour reprendre la peinture. Je voulais m’éclater avec des couleurs que je n’ai pas l’habitude d’utiliser comme le vert ou le violet. » Il commence par Viva Magenta, ensuite par Je suis bleu de toi. « C’est un tableau qui ne m’a convaincu au départ. Je le trouvais un peu noir, un lien avec la mort qui était assez dérangeant. Je l’ai retravaillé et maintenant il me plaît. » Des œuvres abstraites où des formes apparaissent et dont l’interprétation dépend du regard. « Le travail sur toile me procure une sensation de flexibilité, de douceur et de force en même temps. Les tableaux sont signés au dos et se tournent au gré des envies. »
Propos recueillis par Aina Zo Raberanto