Avec son spectacle « Victime », en rodage jusqu’au 29 mars au Théâtre Le Lieu (Paris 9ème), Julien Rabefiraisana se fait un nom dans le milieu du stand-up en France. Quand on parle de thématiques importantes en s’inspirant parfois des techniques de punchlines publicitaires, cela donne son univers, à découvrir dans cette interview.
Pourquoi le stand-up ?
Ce sont les mots qui m’ont mené à l’humour. De la primaire au lycée, j’adorais aller au tableau pour présenter des écritures d’invention, souvent traitées avec un angle humoristique. J’ai toujours voulu écrire des choses qui avaient pour finalité de faire rire et d’exister devant un auditoire. Mais je n’ai jamais eu le courage de faire du théâtre ou de me lancer dans le stand-up, qui était encore à ses débuts en France, et je ne pensais pas être légitime. Alors j’ai écrit pour vivre : pour la publicité, des émissions de radio et télé, des cérémonies de récompense et médias internet. Puis, j’ai commencé à me sentir un peu frustré de devoir adapter ma plume à des besoins et des envies qui n’étaient pas les miens. J’avais surtout envie de dire mes propres mots et d’avoir un retour immédiat, le rire de vrais êtres humains. J’ai fait de l’impro à Paris pour m’habituer à jouer devant les gens.
Après des cours pendant un an, nous avons monté un spectacle d’improvisation avec des comédiens, on a joué pendant un an au Théâtre Le Bout à Paris. Je me suis lancé dans le stand-up mi-2019, j’ai eu un premier spectacle au Théâtre Le Lieu (Paris) en septembre 2019, après deux ans de pause suite au COVID et des problèmes personnels, je suis remonté sur scène à l’hiver 2023.
À quoi s’attendre dans vos spectacles ?
On me reconnaît par mon écriture et les thématiques que j’explore. J’aime autant écrire qu’être sur scène et j’applique la même discipline aux deux, je passe des heures, des jours sur une seule phrase si je ne suis pas satisfait. Tout est ciselé, chaque mot est pesé et non choisi au hasard. Pour les thématiques, il faut qu’elles soient importantes pour moi et qu’elles aient du sens, en général ce sont des choses que j’ai vécues et qui ont été compliquées pour moi. J’évoque des sujets comme les hommes et les émotions, le harcèlement scolaire, le racisme, l’amitié homme-femme, le métissage, être enfant d’immigrés, consulter un psychologue quand on est issu de l’immigration et quand on est un homme, le manque de confiance en soi…Que des sujets compliqués mais que j’essaie d’amener avec un peu de légèreté pour que ce soit digeste et que tout le monde passe un bon moment. Pour moi, rire du pire est le meilleur moyen pour amener le public à se poser des questions sur des sujets actuels et importants. Je parle aussi de mes origines, mon père est malgache et ma mère portugaise, et je suis né en France. Les gens rigolent souvent face aux noms de famille malgaches, je raconte un peu ce que j’ai vécu, du regard que les gens portent sur les métisses, comment on se construit quand on baigne dans plusieurs cultures et qu’on a un physique qui sort un peu des codes classiques.
Et pour la suite ?
Mon spectacle « Victime », en rodage jusqu’au 29 mars au Théâtre Le Lieu, Paris 9ème. Un spectacle qui me tient vraiment à cœur et dans lequel j’évoque les thèmes cités plus haut. Il est bientôt abouti en termes d’écriture et de jeu. On verra ce qui va se passer ensuite. J’aimerais beaucoup venir jouer à Madagascar un jour. Je pense que ça se fera. Il faut d’abord que je me fasse un nom en France, mais c’est vrai que venir jouer sur la terre de mes ancêtres me tient particulièrement à cœur.
Propos recueillis par Mpihary Razafindrabezandrina
Facebook : Julien Rabefiraisana
Instagram : rabefiraisarnaque