Entre rage et douceur, elle se dévoile. Dix ans la séparent de ses débuts : de « Tsis Tsis Koz » à « Alamako », Joyce Mena a gagné en maturité, et elle en parle dans son album Nenga, dès ce mois de mars. De ses rêves à la réalité, Annie Sarah Joyce Rakotondrainibe se dévoile sur 11 titres dont la plupart racontent ses années silencieuses.
Débuts fracassants : 2014, « Tsis Tsis Koz » est alors à la bouche de toutes les jeunes filles de l’Île. Du rap comme on en a peu l’habitude d’entendre, la carrière de Joyce Mena Makoa se propulse, en l’espace d’un tube. Tout s’enchaîne, tout le monde la connaît, tout le monde veut la voir, alors qu’elle commence, encore jeune. Les années passent, Joyce Mena Makoa devient Joyce Mena, 25 titres au compteur, et plus de ressources. Elle revient avec l’album Nenga, ses peurs et son passé dévoilés à ses plus grands fans. « Nenga est un mot en Betsimisaraka qui signifie « le passé » : l’album raconte mon parcours de l’adolescence à aujourd’hui, et s’inspire énormément de mon histoire personnelle, même s’il y a également un peu de fiction. » De « Hilefa » à « Alamako », Joyce Mena livre sa rage et son amour à travers le rap et bien plus, de là tire-t-elle sa « double personnalité ». « J’ai cette sorte de double personnalité : il y a la Joyce rageuse, et celle un peu plus soft, qui demande aussi à s’affirmer, d’où mes chansons Hilefa ou Sitrany za mandeha Tamatave ». Elle n’est pas que des mots, oui elle aime chanter, mais aussi, par un parcours drapé de maturité.
Maturité qui lui vient après un moment d’arrêt. Si quelques années ont marqué un silence de la chanteuse, les leçons qu’elle en tire sont devenues sa nouvelle force. De son premier titre à succès à aujourd’hui, la direction qu’a prise l’artiste a connu son revirement : « Je trouve que je n’ai pas encore su gérer les conséquences de ce que j’ai vécu à l’époque, et j’ai dû passer par des moments difficiles qui m’ont mené vers une toute nouvelle direction au niveau créatif et par le sens artistique. Je suis plus mature maintenant, car je sais où je veux aller. » C’est avec cette histoire, ses hauts et bas, qu’elle porte son nouvel album, au lancement qu’elle a prévu depuis plusieurs années, et qui se voit concrétisé cette année. « Je voudrais sortir cet album dans les normes, avec une tournée partout à Madagascar, et cela, j’y tiens particulièrement. » À bien lutter, Joyce Mena a su croire et continuer, au gré du contexte culturel du pays, une vie d’artiste qui a connu ses revers, mais à laquelle elle s’est tenue. Elle revient en force, aujourd’hui, pour livrer ses combats et inspirer.
Elle marque son retour avec « Alamako. » Une vidéo tournée dans les rues d’Analakely, avec une chanson qui inspire le clap malgache. « Même en pause, le processus ne s’arrête pas. Je me souviens que j’étais à la maison, et qu’il y avait du chirac instrumental qui passait – c’était assez célèbre aux States en 2017 – je l’ai entendu, et je me disais qu’il donnait un sens d’Alamako. Le refrain en est ressorti, puis je l’ai emmené chez Denise et nous l’avons travaillé ensemble. » De ce côté rageur, Joyce Mena a su faire un retour digne d’une star. Portée dans sa carrière par Shyn et Denise à ses débuts, et forgée à la partie beat par Tida Kenny, elle monte en force, en toute grâce et toute furie. « À tous les artistes, j’espère qu’on ne va pas se laisser faire : on peut changer l’environnement et les trucs négatifs en quelque chose de beau. » Inébranlable et déterminée, elle laisse son empreinte avec la force de mots « Tsisy resy tsy miady », à celui qui combat vient la victoire !
Propos recueillis par Rova Andriantsileferintsoa
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